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Les châteaux de Beaumont

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Table des matières

Avant de poursuivre la chronologie d’événements intéressant Beaumont, nous aborderons la féodalité avec la présence de deux châteaux sur le territoire de notre commune, tous deux dépendant du bailliage de Ternier.

Sur l’emplacement de l’actuel hameau de Châtillon était un château ou maison-forte, dont nous ne connaissons ni la date de construction, ni celle de sa disparition qui a dû se produire avant le XVIe siècle. D’après Folliet, il appartenait aux seigneurs de Châtillon, issus d’une très ancienne famille qui aurait quitté le bailliage de Ternier vers le milieu du XIVe siècle.

Sur une éminence dominant le village de Beaumont se dressait un château ; d’après la mappe sarde, nous pouvons juger de son importance. Son emplacement, de forme polygonale, avait une longueur moyenne d’environ 40 mètres et 15 mètres environ de largeur moyenne. La propriété comprenait, outre le château, grange, four, etc, des terrains (bois, champs, prés) d’une superficie d’environ 122 hectares (en annexe relevé cadastral de ces biens). Ce château était propriété des seigneurs de Menthon.

Le dernier vestige du château de Beaumont.


D’après l’armoriai de Foras, Jean Ier, seigneur de Menthon et de Beaumont, avait fait, vers 1190, une donation importante à l’abbaye de Pomier. La famille de Menthon était donc, à une date antérieure à la fondation de la chartreuse de Pomier (1170), propriétaire du château de Beaumont. D’après Folliet, il est probable que la seigneurie de Beaumont fut inféodée par le comte de Genevois au seigneur de Menthon à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe.

Le château fut pillé et incendié en octobre 1590. Ce fut l’œuvre du capitaine genevois Jean Baudichon de la Maisonneuve et de ses hommes. Nous avons consulté le registre du Conseil de Genève. Ce dernier est avare de renseignements sur cet “exploit”, néanmoins nous en donnons ci-après un extrait:

Sur ce que le capitaine Jean Baudichon et ses gens demandent permission d’aller au chasteau de Boamont pour le brusler et amener ce qu’ilz y trouveront. A esté arresté qu’on le accorde.

Puis plus loin, ledit capitaine, ayant dû garder le butin:

Estant rapporté qu’il a retorné en sa mayson le butin du chasteau de Boamont qui fut pris et bruslé dimanche dernier par luy et ses gent assavoir ceux de sa compagnie, a esté arresté qu’on l’appelle céans pour l’en faire répondre et de ce qu’encor y fust commandé de la part de Messieurs de le laisser recevoir aux commis de la Seigneurie il ne le voulait permettre disant qu’estait bon pour en répondre pareillement aussy de ce qu’ilz ont laissé évader le fils du sieur de Villard Boyvin que estait dans le dit chasteau... a présumé qu’ilz en ont tué quelque chose.

La seigneurie de Beaumont prit fin en 1792. La propriété fut déclarée bien national et vendue comme tel. La famille de Menthon ne racheta pas ses anciens biens lorsque cela fut possible.

Nous devons ici faire état de la fondation, au début du XIIe siècle, de la chartreuse de Pomier. Quoiqu’étant située sur la commune voisine de Présilly, sa présence aura une importance certaine dans la vie de notre commune. Cette chartreuse était propriétaire sur Beaumont de deux domaines sur la montagne du Salève, celui de la Tuile et celui du Petit Pomier, ainsi que des moulins de Cutafort .

Notons une première particularité : le village de Beaumont et ses hameaux dépendaient de la seigneurie; la paroisse, au contraire, embrassait toute la commune de Beaumont. Or le curé ne prélevait la dîme que dans la seigneurie; au Châble et à Jussy, la dîme était perçue par les chartreux de Pomier.

Reprenons l’histoire de la Savoie. Le 5 août 1401 est une date importante; c’est celle de l’acquisition par le comte de Savoie, Amédée VIII, du comté de Genevois dont Beaumont dépend.

En 1416, l’empereur Sigismond érige le comté de Savoie en duché.

Le duc Amédée VIII donne en apanage, en 1440, le comté de Genevois à son fils Philippe. Beaumont est partagé : le village et ses hameaux sont rattachés au mandement (ou bailliage) de Ternier; Jussy et Le Châble restent au comté de Genevois. Puis, pendant une durée imprécise et à une date indéterminée, Jussy et Le Châble sont rattachés au bailliage de Ternier.

Extrait de la Mappe Sarde de 1730: Jussy (cliché A.D. H.S. 1990, O. Guillon).


BIENS DES RÉVÉRENDS SEIGNEURS DE LA CHARTREUSE DE POMMIERS D’APRÈS LA MAPPE SARDE DE 1730


Le duc Charles III inféoda en 1514 à son frère Philippe le comté de Genevois. Ce dernier, par son mariage en 1528 avec Charlotte d’Orléans-Longueville, devint duc de Nemours. De nouveau, Beaumont et Le Châble-Jussy sont séparés et le resteront jusqu’en 1665.

Au début de l’année 1536, les troupes bernoises, arrivant de Genève, envahissent le bailliage de Ternier. Le culte catholique est aboli et, souvent par la contrainte, les habitants embrassent la religion réformée. Les paroissiens de Beaumont et de ses hameaux sont convertis au protestantisme, tandis que ceux de Jussy, du Châble et de la chartreuse de Pomier, dépendant du comté de Genevois, restent catholiques. Cette situation dura pendant toute l’occupation bernoise qui prit fin en août 1567.

C’est au cours de l’imposante cérémonie dite des Quarante Heures de Thonon qui se déroula le 9 octobre 1598, que nombre d’habitants du bailliage de Ternier et autres, qui avaient embrassé la Réforme pendant l’occupation bernoise, se sont rendus dans cette ville pour abjurer le protestantisme entre les mains du cardinal de Médicis, de l’évêque de Genève et de saint François de Sales. Ils rentraient à nouveau dans le giron de l’Église catholique.

A Beaumont, les habitants suivants se seraient rendus à cette cérémonie: André Mouget , Pierre Mabut, Pernette Pralet fille de François, Pierre de Pralet, Etienne Mabut, Pernette Pralet fille de Jean, Antoine Pralet, Claude Mabut, Andréanne Pralet, Etienne des Pralets, Antoine Gruiet, Jacques Mabut, Andréanne fille de Claude Bosson , Aymon Grinet , Claudine veuve de Jacques Grinet, Claudine fille d’Etienne Cousta, Antoine Ponce, Jeanne fille d’Etienne Mogenant.

Avec la fin de l’occupation bernoise, le bailliage de Ternier retournait au duc Emmanuel-Philibert.

L’année 1665 verra le mariage, en secondes noces, du duc Charles-Emmanuel II avec Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours, qui apporte en dot trois territoires dont le comté de Genevois.

L’armée française occupe la Savoie en 1690, puis de 1706 à 1713.

Beaumont : Haute-Savoie : 1814-1940

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