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Deux innovations tactiques et opératives pour rétablir le mouvement

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Deux nouvelles méthodes apparurent en 1917/18 : elles transformèrent définitivement la nature de la conduite des opérations. Tout d’abord la méthode de pénétration tactique allemande : on contournerait les points de résistance pour les dépasser et les isoler, avec très peu de préparation d’artillerie, pour ne pas avertir l’ennemi et pour ne pas bouleverser le terrain, grâce à des armements très mobiles et puissants (Minenwerfer) et à des troupes d’élite (cela aboutit aux victoires allemandes de Riga contre les Russes en septembre 1917, et de Caporetto contre les Italiens en novembre 1917, et, en France, aux offensives de mars à juillet 1918). Mais ces offensives, en tout cas celles de 1918, furent menées à une échelle géographique telle que cette tactique se situait en fait au niveau opératif.

La deuxième méthode fut la méthode mécanique (chars-camionsavions) des Alliés, à partir de la bataille de Cambrai, le 20 novembre 1917 : les chars anglais attaquèrent en masse (400 appareils) et percèrent sur neuf kilomètres. Malheureusement, on ne put pas exploiter cette percée, et trop d’engins furent détruits. Mais J. F. C. Fuller, chef d’état-major du Tank Corps, mit au point une première doctrine d’emploi des chars29. Cependant celle-ci n’intégrait pas encore tous les moyens mécaniques : cela restait encore trop strictement une percée de chars, sans liaisons organiques avec l’infanterie portée et l’artillerie.


Erich Ludendorff, général d’infanterie, premier quartier maître général (Erster Generalquartiermeister) et adjoint de Hindenburg au sein du troisième OHL (Oberste Heeresleitung ou Commandement suprême de l’armée de terre). (Library of Congress)

Ce fut surtout en juillet 1918 que l’emploi des chars se montra décisif : on poussa droit devant, trop vite pour que l’ennemi pût se ressaisir, et l’aviation gêna l’arrivée des renforts allemands30. Foch avait bien compris cette révolution. Il expliqua que l’artillerie ne pouvait détruire que la première position de l’adversaire : elle devait remonter son dispositif pour frapper la deuxième position, pendant que l’ennemi préparerait une troisième position, et utiliserait les entonnoirs provoqués par l’artillerie pour y dissimuler des mitrailleuses. La solution serait « une attaque par tanks, la mitrailleuse blindée, et par avions mitrailleurs, la mitrailleuse volante »31.

Cette nouvelle méthode permit de rétablir une stratégie mobile, avec l’emploi combiné des chars (les FT-17 Renault, plus légers et manœuvrables que les Mark IV britanniques), des camions, des avions.

Notons néanmoins que la contre-attaque alliée, fin juillet, dans la région de Reims, alla trois fois plus lentement que l’offensive allemande de mai dans l’autre sens … Donc l’armement mécanique n’était pas encore l’alpha et l’oméga. Cependant on progressait : au printemps 1918, Fuller rédigea un « Plan 19 », qui était un projet de grande offensive blindée et motorisée pour le printemps 1919, projet qui annonçait vraiment la Deuxième Guerre mondiale et prolongeait les réflexions de Foch, auquel l’officier britannique soumit d’ailleurs son plan32. Et lors de la bataille d’Amiens, le 8 août 1918 (« Jour noir » de l’armée allemande !), l’armée britannique engagea avec grand succès douze bataillons de tanks (environ 400 machines)33.


Lieutenant-colonel Paul von Lettow-Vorbeck, commandant de la Schutztruppe (forces coloniales allemandes de tirailleurs) de l’Afrique orientale allemande. (Bundesarchiv Deutschland/Wikipedia Commons)

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