Читать книгу Mémoire sur les antiquités religieuses, civiles, politiques de Manigot - Jean Veyrat-Charvillon - Страница 12
ОглавлениеDébats entre la commune et le notaire Missilier.
N° 15 — Le notaire Missilier, comme on l’a dit ci-dessus, n’ayant consenti à cette vente que sur un ordre royal, n’en subissait les conséquences qu’avec regret et dépit. Bien plus, profitant de la faiblesse des habitants de Manigod, il porta l’audace jusqu’à se remettre en possession de ses anciens droits. De là, de grands et longs débats entre la commune et lui.
N° 16. — Au commencement de 1775, le conseil communal établit pour son procureur spécial Claudy Fillon-Robin susdit, aux fins de défendre la commune contre les prétentions et exigeances du notaire Missilier. Son premier soin fut de faire approuver l’acquisition de la dite seigneurie par messire Joachim Léger, commissaire des extentes de Sa Majesté en deçà des monts. Il fut secondé, auprès du commissaire royal, par le R. P. Josserand, originaire de Manigod et qui résidait alors à Chambéry .
N° 17. — On sait que les seigneurs avaient seuls le droit de chasse et de pêche dans la commune; mais lorsque le Conseil communal eût acquis tous les droits seigneuriaux , les habitants crurent avec raison pouvoir se mettre en possession du droit de chasse et de pêche, etc.
Par contre, le notaire Missilier porta la tyrannie, l’injustice jusqu’à ne vouloir rien céder de ses droits seigneuriaux sur Manigod: ce qui donna lieu à une anecdote fort remarquable, qui finit par avoir les suites les plus graves et dont la tradition populaire a conservé un souvenir confus jusqu’à ce jour. La voici:
N° 18. — Pendant le mois de septembre 1774, un individu des Pythières, nommé Claude Burgat, ayant tué un lièvre, le notaire Missilier lui fit infliger une amende de dix livres et lui fit subir frais sur frais pour obtenir le paiement de cette amende. Comme le dit Burgat ne pouvait payer ni l’amende, ni les frais, Missilier fit saisir judiciairement la seule vache qu’il possédait.
Un dimanche du mois de janvier, à l’issue de la messe paroissiale, le peuple trouva, au-dessous du cimetière, l’huissier Barchoud, qui tenait la vache et qui avait commission de la mettre à l’enchère .
Le châtelain, M. Aimé Golliet, notaire, qui relevait du seigneur, avait reçu de Missilier des ordres à ce sujet, qu’il voulait faire exécuter. De là une vive altercation entre le syndic Bernard-Bernardet et M. le châtelain, soutenu par ses fils, Aimé et Bernard Golliet; mais M. le châtelain et ses fils ne tardèrent pas à reconnaître les torts de Missilier.
N° 19. — Alors le conseiller François Veyrat de Joux, exacteur de la taille, dit à l’huissier de rendre la vache à Burgat et que lui, François Veyrat, se chargeait de payer l’amende; mais l’huissier ne cessait de crier: «Qui veut de la vache? qui veut de la vache?...» et tout le monde de répondre avec indignation: «Personne!... personne!... rendez-là à Burgat, ou remettez-là au syndic!»
Enfin, transporté d’une juste indignation, le syndic arracha la vache des mains de l’huissier et la remis à Burgat, en le faisant accompagner chez lui par deux hommes.
N° 20. — Lorsque le notaire Missilier eut été informé de ce qui venait de se passer, il fit envisager au sénat de Savoie la conduite de la commune comme une émeute populaire, comme un attroupement séditieux, défendu par les lois; enfin il voulut faire punir la commune dans ses représentants.