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Dans l’époque moderne, la Savoie a encore fourni à l’Eglise un homme illustre à divers titres, le cardinal GERDIL. Je rappellerai ici ce qu’a été le prêtre, plus loin je dirai les travaux du savant.

Gerdil naquit en 1718, à Samoëns, dans le Faucigny. Après avoir fait ses premières études à Bonneville, à Thonon et à Annecy, chez les Barnabites, il alla étudier la théologie à Bologne, où il devint le protégé de l’archevêque Lambertini, qui devait bientôt occuper le siége pontifical. A l’âge de dix-neuf ans, il enseigna la théologie en Piémont, Puis il fut nommé provincial des Barnabites pour les provinces de Piémont et de Savoie, et le roi de Sardaigne lui confia l’éducation de son fils, Charles-Emmanuel IV.

Dans le consistoire du 26 avril 1773, sous le pontificat de Clément XIV, Gerdil fut désigné comme cardinal in petto, avec cette note élogieuse: Notus orbi, vix notus urbi; mais ce ne fut que sous Pie VI qu’il obtint le cardinalat. D’abord évêque de Dibon et consulteur du Saint-Office, il fut admis dans le sein du Sacré-Collége le 27 juin 1777, et le 15 décembre suivant, il reçut le titre de cardinal de Sainte-Cécile.

Tout en s’occupant beaucoup de science, Gerdil ne négligea pas les intérêts de la religion. Nommé préfet de la Propagande et protecteur des Maronites, il surveilla la correction des livres orientaux relatifs au culte. Il se montra toujours animé d’un esprit religieux sincère, en éloignant de lui ce luxe mondain qu’affectaient les cardinaux italiens, et toujours, dans ses écrits, il conserva cette dignité, ce calme qui conviennent aux ministres du Christ. C’est ainsi que J.-J. Rousseau, parlant d’une réfutation de l’Emile faite par notre compatriote, disait: «Parmi tant de bro-

«chures imprimées contre mes écrits et ma personne,

«il n’y a eu que celle du père Gerdil que j’aie eu la patience

«de lire jusqu’à la fin; il est fâcheux que cet auteur esti-

«mable ne m’ait pas compris.»

Lorsque Rome fut occupée par les Français, en 1798, Gerdil se réfugia dans l’abbaye de la Clusa, en Piémont, abbaye qui lui avait été donnée par le roi de Sardaigne; et là il vécut en solitaire jusqu’à la rentrée de Pie VII.

Je ne dois pas oublier de dire que dans le consistoire qui fut-tenu à Venise pour élire le successeur de Pie VI, Gerdil eût probablement été élevé à la dignité pontificale sans l’opposition d’une grande puissance, qui considérait cette nomination comme contraire à ses intérêts politiques.

Deux ans après son retour à Rome, notre cardinal fut atteint d’une maladie qui l’emporta au bout de vingt-cinq jours. Il était dans sa quatre-vingt-quatorzième année. Ses obsèques eurent lieu avec une pompe inaccoutumée; Pie VII fit lui-même la cérémonie de l’absoute, et le P. Fontana, général des Barnabites, prononça l’oraison funèbre du défunt. Le même religieux composa l’épitaphe suivante, qui fut gravée sur le mausolée érigé en l’honneur de Gerdil, dans l’église de Saint-Charles des Catinari, épitaphe qui vaut vingt pages d’éloges et que l’on cite comme un modèle:

Memoriæ et cineribus

Hyacinthi Sigismundi Gerdili

Allobrogis, Fossiniacensis...

qui metaphysicus sui temporis primus,

Physicus, philologus, theologus præstantissimus,

immortalem ingenii doctrinæque famam,

Plurimis invictis operibus

in omnigenos religionis hostes

latinè, gallicè, hetruscè editis,

sibi ubique gentium partam

modestiâ lenitate, comitate

abstinentiâ, beneficentiâ

omniumque virtutum splendore æquavit..

Decessit exitu sanctissimæ vitæ consentaneo

In quà magno sæpè usui ecclesiæ fuit...

Les Gloires de la Savoie

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