Читать книгу Les Gloires de la Savoie - Jules Philippe - Страница 17
IX
ОглавлениеParmi les simples prêtres ou religieux, j’aurais à citer un grand nombre d’hommes remarquables sortis de la Savoie; mais je les rencontrerai plus tard dans les chaires de la science ou de l’Eglise, et je leur paierai pour mon pays un juste tribut de reconnaissance. Cependant, il y a un nom qu’il ne m’est pas possible de placer ailleurs qu’ici, et qui est une de nos plus grandes gloires religieuses: SAINT BERNARD DE MENTHON. La Savoie a donné au monde catholique le modèle du prêtre, elle a enfanté François de Sales; mais bien longtemps auparavant elle avait eu le privilège de fournir à l’humanité entière le modèle du dévouement et de la charité, dans la personne de Bernard de Menthon» le fondateur de l’hospice du Saint-Bernard, auquel tant de malheureux voyageurs ont dû d’être sauvés d’une mort certaine.
Il n’est personne en Europe qui ne connaisse de nom l’hospice du Saint-Bernard, et c’est à qui couvrira d’éloges cet établissement d’une utilité si grande. Mais, il faut le dire, on s’est plus appliqué à grossir la réputation des chiens qui aident les moines à chercher les voyageurs engloutis sous la neige, qu’à honorer d’une admiration constante le fondateur lui-même de l’hospice; les hommes sont ainsi faits, qu’ils abandonnent bien vite la cause pour ne se rattacher qu’à l’effet. Et puis, il y a loin de notre siècle à 970, année où saint Bernard quitta les bords du lac d’Annecy pour aller planter sa tente protectrice sur les neiges éternelles! L’oubli est un linceuil impitoyable qui couvre les plus illustres et les plus méritants.
Mais nous, qui sommes les compatriotes de Bernard de Menthon, nous ne devons pas partager l’indifférence dont il est la victime; notre devoir est de proclamer bien haut ce nom qui doit être vénéré des peuples, et de dire en relevant nos fronts: c’était encore un SAVOYARD!