Читать книгу Le mentor vertueux, moraliste et bienfaisant - Laurent-Pierre Bérenger - Страница 27
LES DEUX AMIS ANGLAIS.
ОглавлениеLES deux classes de l’école de Westminster ne sont séparées que par un rideau, qu’un écolier déchira un jour par hasard. Comme cet enfant était d’un naturel doux et timide, il tremblait de la tête aux pieds, dans la crainte du châtiment qui lui serait infligé par un maître connu pour être rigide. Un de ses camarades le tranquillisa, en lui promettant de se charger de la faute et de subir la punition: ce que réellement il fit. Les deux amis, qui étaient devenus hommes, lorsque la guerre civile d’Angleterre éclata, embrassèrent des intérêts opposés: l’un suivit le parti du parlement, et l’autre le parti du roi, avec cette différence, que celui qui avait déchiré le rideau tâcha de s’avancer dans les emplois civils, et celui qui en avait subi la peine, dans les emplois militaires.
Après des succès études malheurs variés, les républicains remportèrent un avantage décisif dans le nord de l’Angleterre, firent prisonniers tous les officiers considérables de l’armée de Charles, et nommèrent peu après des juges pour faire le procès à ces rebelles, ainsi qu’on les appelait alors. L’écolier timide, qui est un de ces magistrats, entend prononcer parmi les noms des criminels celui de son généreux ami, qu’il n’a pas vu depuis le collége; il le considère avec toute l’attention possible, croit le reconnaître, s’assure par des questions sages qu’il ne se trompe pas, et, sans se découvrir lui-même, prend avec un grand empressement le chemin de Londres. Il y employa si heureusement son crédit auprès de Cromwell, qu’il préserva son ami du triste sort qu’éprouvèrent ses infortunés complices.