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LE MAURE ET L’ESPAGNOL.

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LA plupart des Maures qui font leur séjour dans les villes d’Afrique, tirent leur extraction des malheureux proscrits qui ont été chassés d’Espagne en divers temps, et c’est une opinion presque unanime parmi ces barbares, que le plus agréable sacrifice qu’on puisse faire à Dieu est de tuer un chrétien. Ali Pélégrini, un de leurs généraux, ayant un jour débarqué sur la côte quelques prisonniers espagnols après un sanglant combat, un Maure s’approcha de lui, et se jetant à ses pieds: «Seigneur, lui dit-il, vous êtes bien heureux d’avoir tué tant de chrétiens et de trouver l’occasion d’en tuer tous les jours; vous serez couvert de gloire dans le Paradis. Pour moi, je n’ai jamais eu cette satisfaction; mais il ne tiendrait qu’à vous de me la procurer en m’abandonnant un de ces misérables esclaves pour l’immoler à Dieu.» Ali parut consentir à cette demande, et montrant au Maure un Espagnol jeune et robuste, lui dit de se rendre dans le bois voisin où il lui enverrait sa proie. En même temps, il fit part à l’esclave des desseins du Maure, lui permettant de se défendre s’il était attaqué.

L’Espagnol, ayant pris un sabre et un fusil, entra hardiment dans le bois; mais son ennemi, le voyant armé, prit la fuite, et revint trouver le général, auquel il avoua que la crainte l’avait empêché d’exécuter son projet. Alors Ali lui dit d’un ton sévère: «Apprends, malheureux, que la mort d’un chrétien n’est agréable au Tout-Puissant et à son prophète, que lorsqu’on le tue avec bravoure, et qu’il n’y a aucun mérite devant Dieu à massacrer des gens qui sont dans l’impuissance de se défendre.» Le Maure se retira couvert de confusion, et tous les Turcs applaudirent aux sentimens généreux de leur chef.

Le mentor vertueux, moraliste et bienfaisant

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