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IX

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Catherine de Saint-Amant à Denyse Feuquières.

A Paris, le 4 mai 1694.

Je m’en vais te mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie; une chose qui fera crier miséricorde à tout le monde; une chose qui se fera cet hiver où tous ceux qui la verront croiront avoir la berlue; une chose qui se fera cet hiver et qui ne sera peut-être pas faite au printemps prochain.

Je ne me puis résoudre à te la dire; devine-la: je te le donne en trois. Jettes-tu ta langue aux chiens?

Eh bien, il faut donc te le dire: Margot épousera cet hiver, en Provence... devine qui?... Je te le donne en quatre, je te le donne en dix, je te le donne en cent!

Tu dis: «Voilà qui est bien difficile à deviner: c’est M. La Touanne — Point du tout, ma chère.

— C’est donc M. Plénœuf. — Point du tout, tu es bien provinciale. — Vraiment, je suis bien bête, dis-tu, c’est M. de Pécoil. — Encore moins. —C’est assurément le chevalier de Louville. —Tu n’y es pas... Il faut donc à la fin te le dire: Margot épouse le Marquis, le Marquis de... le Marquis,... devine le nom. Elle épouse le Marquis, ma foi! ma foi jurée! le Marquis, très haut et très puissant seigneur, Messire Louis-Adhémar de Monteil, chevalier Marquis de Grignan, colonel du régiment de Grignan-Cavalerie; le Marquis, fils de très haut et très puissant seigneur Messire François-Adhémar de Monteil, Duc de Termes, Comte de Grignan et de Campobasso, Marquis d’Entrecasteaux et autres lieux, chevalier des Ordres du Roi, Lieutenant général et commandant pour Sa Majesté en Provence.

Voilà un beau sujet de discourir. Si tu cries, si tu es hors de toi-même, si tu dis que j’ai menti, que cela est faux, que je me moque de toi, que voilà une belle raillerie, que cela est bien fade à imaginer; si, enfin, tu me dis des injures, je trouverai que tu as raison, et cela ne m’empêchera pas d’être la plus heureuse Catho du monde, et de baiser tendrement les belles joues de ma Nysette.

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