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CHAPITRE II

Table des matières

La région des Vosges.


I. — Climatologie générale de la région.

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La région des Vosges jouit d’un climat continental qui est surtout sous la dépendance des vents de l’Est et du Nord-Est venus de la Russie et même de la Sibérie par-dessus les plaines de l’Allemagne septentrionale. Comme nous l’avons déjà dit, la moyenne de la température est de + 9° dans les villes. La différence moyenne entre l’hiver et l’été est de + 18°. Le nombre des jours de gelée est de 70, la quantité moyenne de pluie de 669 millimètres et le nombre des jours de pluie de 137, d’après Martins.

La neige tombe en abondance pendant l’hiver. Epinal, Nancy, Mézières, Rocroi ont, pendant l’hiver, des jours de soleil sur la candeur vierge des neiges. «La glace, dit O. Reclus, les flocons tombant d’un ciel blafard, les rayons éclatants qui égaient la neige et ne la fondent pas, la pluie qui la troue, qui la déchire et qui l’emporte, elle si blanche, en noirâtres ruisseaux; de nouveaux flocons, de nouvelles glaces, un nouveau givre, de nouvelles pluies, gel et dégel, ainsi se passe l’hiver. C’est ce qu’on est convenu d’appeler de «beaux froids.»

Le printemps vient très vite et imprime à la végétation une puissance singulière. Le dernier dégel a à peine séché ses dernières fanges que «les arbres ont leurs fleurs et les champs leurs promesses».

Les étés sont en général superbes, les automnes fort beaux et le ciel presque toujours clair, sans brumes ni brouillards.

Le pays est sain en général et les massifs de granit, de schiste et de grès rouge des Vosges sont presque partout revêtus d’une livrée sylvestre où dominent les sapins, les pins, les épicéas, les mélèzes, les hêtres, les chênes et les châtaigniers. Si les hauts sommets sont dépouillés de grande végétation, au moins ils sont revêtus d’un fin gazon émaillé de gentianes, d’euphraises, d’anémones dont les fleurs, au printemps, jettent un manteau de neige rose sur les points culminants, les hauts chaumes.

A l’Ouest, vers Luxeuil, au milieu des collines qui rejoignent les Vosges aux Faucilles, des vasques, où s’enchâssent les anciens glaciers, renferment des lacs minuscules, gracieusement entourés de gazons ou assombris par le reflet des noirs sapins qui s’y mirent. Les lacs de Gérardmer et de Retournemer sont les plus grandes de ces coupes d’azur et ils contribuent à faire de cette région l’une des plus aimables des Vosges.

A l’Est, la «sombre et formidable Ardenne» a perdu en grande partie ses forêts que peuplaient autrefois les sangliers et les bêtes fauves. Si les paysans conquièrent lentement le sol des vallées, le plateau proprement dit est encore presque entièrement inhabité. Avec ses coupes schisteuses où stagnent les eaux aux reflets noirâtres, il a l’aspect le plus mélancolique.

II. — La Meuse.

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Après cette vue d’ensemble, reprenons un peu chaque région en particulier en suivant dans une certaine mesure la délimitation des départements.

Le département de la Meuse, presque tout entier assis sur un sol de craies et de grès verts, ne présente que des variations de climat insignifiantes, malgré qu’on y distingue l’Argonne ou montagne de la Woëvre ou plaine. En effet, la différence d’altitude entre l’une et l’autre n’est guère que de trois cents et quelques mètres. De grands bois couvrent encore les crêtes, notamment dans les deux Argonnes, qui bordent à droite et à gauche la vallée de la Meuse descendue du plateau de Langres.

A Bar-le-Duc, à Verdun, la moyenne annuelle de la température est à peu près celle de Paris (soit + 10°,6 à + 10°,8), mais à Commercy elle n’est plus que de 9°. En général les étés sont plus chauds et les hivers plus rudes que dans la région séquanienne. Il gèle une cinquantaine de jours par an.

Les vallées sont souvent enveloppées de brouillards, les plateaux balayés par des courants d’air vifs, très froids en hiver.

Si les médecins envoient peu leurs malades dans la Meuse qui est pourtant une région fort saine, c’est le pays d’où nous viennent les «délicatesses de bouche», une foule de gourmandises très appréciées des estomacs délicats: les confitures de groseilles blanches et de framboises de Bar-le-Duc, les madeleines de Commercy, les dragées et les liqueurs de Verdun, les biscuits et les macarons de Stenay. Tout cela vaut bien une source minérale ou thermale.

III. — L’Ardenne.

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Sur les plateaux schisteux et froids de l’Ardenne, les différences de climat ne sont pas non plus bien sensibles, malgré ses trois régions disparates: au sud, les plaines champenoises reposant sur un terrain crétacé ; au centre, les hauteurs jurassiques de l’Argonne qui se replient en demi-cercle jusque dans le haut bassin de l’Oise; au nord, les plateaux de schiste de l’Ardenne qui domine la gorge de la Meuse. Mais, du point le plus haut du territoire au point le plus bas, il n’y a que 446 mètres de différence de niveau.

En 1879 le thermomètre est descendu à – 28° à Charleville et à – 32° à Poix.

IV. — Les Vosges.

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Recouvert de forêts dans plus du quart de son étendue, le département des Vosges est un pays froid, même dans les basses vallées. La différence d’altitude étant de plus de 1.100 mètres, le climat subit des variations considérables suivant les régions. Si l’air est tempéré dans les vallées profondes, l’hiver est rude et souvent neigeux sur les plateaux et les dômes.

La température moyenne annuelle est de + 9°,5 à Epinal et à Saint-Dié ; elle n’est plus que de + 7°,4 à Gérardmer et de + 4°,5 au col de la Schlucht. La plus basse température observée à Epinal a été de – 26°,6 en décembre 1879 et la plus haute en + 38°,3 en août 1875. A Epinal, le jour le plus froid est en moyenne le 18 janvier et le plus chaud le 18 juillet. Dans cette ville, l’hiver est de 7 degrés plus froid qu’à Paris, mais l’été n’est inférieur en chaleur à celui de la capitale que de 4 dixièmes de degré.

Tout au nord, presque à la limite du département de la Haute-Marne, sur un plateau abrité par des collines, Martigny verse par trois sources des eaux limpides, légèrement gazeuses, sulfatées, calciques, aux vieillards dont les voies urinaires sont détériorées ou irritées, aux apathiques que la gravelle ou la goutte tourmentent.

Pourtant le véritable rendez-vous des goutteux et des urinaires est un peu plus au sud, dans l’étroite vallée du Vair qui s’ouvre du sud au nord sur le flanc septentrional des monts Faucilles; c’est là qu’ils viennent éliminer leur excès d’acide urique en buvant les eaux bicarbonatées sulfatées de Contrexéville et de Vittel.

Le village de Contrexéville jouit d’un climat tempéré, mais assez variable en raison du voisinage des montagnes. L’air y est pur et fortifiant, et ceux qui y viennent pour y boire de l’eau après avoir souvent trop bu de vin, y trouvent des eaux limpides, fraîches, légèrement gazeuses ou acidulées, avec un faible goût de fer, eaux qui lavent leur muqueuse urinaire et vésicale, entraînent l’acide urique, le sable et les graviers, dans leur course diurétique à travers l’économie surchauffée.

A trois kilomètres plus loin, dans la même vallée du Vair, sur le même versant septentrional des monts Faucilles, Vittel dont le climat est pareillement tempéré et variable aussi, offre à ses malades des eaux limpides, sans odeur, d’une saveur légèrement atramentaire ou salée, et qui ont des propriétés thérapeutiques à peu près semblables à celles de Contrexéville.

En descendant au sud vers Remiremont, on rencontre dans un vallon boisé, sur le versant occidental des Vosges, la petite ville de Bains. Les rhumatisants, les névropathes, les paralytiques viennent se plonger dans ses eaux thermales dont la température varie de 30° à 50°.

Descendons encore au sud-est: voici la petite ville sous-préfectorale de Remiremont située en aval de la plaine verdoyante où s’unissent les hauts affluents de la Moselle. C’est, dit E. Reclus, «une des villes de France autour desquelles on peut faire des promenades charmantes: eaux rapides et claires, cascades veinées d’écume, prairies alternant avec les vergers et les bois, fraîches vallées, coteaux gracieux et abruptes, blocs glaciaires couverts de mousse, voilà ce que montrent tous les paysages des alentours. Les plus célèbres sont ceux de la vallée d’Hérival, çà et là noire de sapins, et du val d’Ajol, tout parsemé de hameaux».

Tout près est la petite ville de Gérardmer, dans un site charmant où les forêts alternent avec les prairies et les bruyères, au bord d’un lac qui ressemble à une coupe d’émeraude. On y envoie les surmenés, les fatigués et les énervés, les fourbus et les convalescents, les anémiques et les névropathes. Ils trouvent là, à une altitude moyenne, au voisinage des forêts, un climat tonique, une température régulière, un air d’une pureté exceptionnelle. La moyenne de la température est de 10°,5 en mai, de 13°,7 en juin, de 16°,6 en juillet, de 15°,1 en août et de 12°,4 en septembre.

Un peu plus bas, les eaux thermales de Plombières, qui s’étage sur les deux versants de l’étroite vallée de l’Argonne, attirent les rhumatisants et les névrosés, les gastriques et les gastralgiques, tous les déséquilibrés du ventre et du bas-ventre. Pourtant le climat est loin d’être parfait: il y pleut souvent et à des journées fort chaudes succèdent souvent des soirées très fraîches.

Enfin, tout à fait à la limite est du département, presque à la frontière, dans une vallée de la chaîne des Vosges, au pied de montagnes boisées, est Bussang où l’on respire un air pur, tonique, frais et sec, sans être trop excitant, et qui envoie ses eaux ferrugineuses bicarbonatées aux anémiques et aux chlorotiques des grandes villes.

V. — Meurthe-et-Moselle.

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Le département de la Meurthe-et-Moselle, malgré la cime des Vosges, jouit d’un climat assez égal. Comme je l’ai déjà dit, à Nancy le climat peut être excessif sur une année entière, mais non d’un jour à l’autre; la chaleur monte et décroît progressivement.

La température moyenne annuelle est d’environ + 9°, celle de l’hiver de + 1°,3, celle de l’été de + 17°,6, celle du printemps de + 9°, celle de l’automne de + 9°,5. La moyenne est inférieure de un degré à celle de Paris. C’est généralement en été et en automne qu’il pleut le plus. Le vent du Nord-Ouest ou vent des Ardennes est particulièrement dur en hiver.

Cette région est saine. Nancy, bâtie sur les terres marécageuses où périt Charles-le-Téméraire, s’est assainie à grands frais; ses rues larges et droites se coupent presque aussi régulièrement que celles des cités américaines.

Quant au goitre que l’on rencontrait autrefois assez fréquemment dans cette région, il en a presque totalement disparu surtout depuis qu’on a mis en exploitation les mines de sel gemme, principalement à Arth-sur-Meuse, à Varangéville, à Rosière-aux-Salines.

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