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CHAPITRE III

Table des matières

La région du Jura et le bassin de la Saône.


I. — Climatologie générale de la région.

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«Le Nord et le Midi, dit E. Reclus, contrastent l’un avec l’autre dans cette contrée où les deux moitiés de la France entremêlent leurs climats et leurs aspects: tel paysage du Jura, assombri par la noire verdure des sapins, est d’un caractère tout septentrional, et précisément en face, les roches blanchâtres de la Côte-d’Or font songer aux coteaux avancés des Cévennes et des Basses-Alpes. Les bords de la Saône, frais comme ceux de la France occidentale, éclairés par une lumière presque aussi franche que celle du Midi, unissent harmonieusement les traits divers de ces deux natures.»

Pourtant presque toute cette région appartient au climat rhodanien où la température moyenne annuelle oscille entre 11° et 12°. Si les étés y sont chauds, les hivers y sont parfois très rigoureux, surtout lorsqu’on s’élève sur les pentes du Jura. A Lyon, la moyenne de la température est de 11°,8; la moyenne de l’hiver est de 2°,3 et celle de l’été de 21°, 11. On y compte annuellement 120 jours de pluie.

Si le Jura est moins boisé que les Vosges, la forêt de Chaux est pourtant encore l’une des plus considérables de la France. Sur les hauteurs et les croupes, le vert sombre des sapins, des chênes et des hêtres alterne avec le vert tendre des pelouses. Des eaux froides et limpides glissent dans les ravins.

Les plateaux calcaires du Jura sont salubres pour les indigènes puisqu’on y voit des hommes robustes et de haute stature; mais ils sont trop froids pour les étrangers non acclimatés qui ont à y redouter les affections inflammatoires des organes de la respiration.

Les plaines de la Dombes et de la Bresse étaient autrefois parsemées de marais et d’eaux dormantes, au-dessus desquels s’élevaient des brouillards qui portaient la fièvre malarienne avec leur haleine humide. La moyenne de la vie était de moins d’un quart de siècle. Mais, depuis une cinquantaine d’années, le pays s’est assaini; on a curé les ruisseaux, desséché les marais, habillé de bois et de prairies ces plaines spongieuses imbibées d’eau croupie et sillonnées d’indolents ruisseaux. «Le sang du pêcheur d’étang charriait la faiblesse, la mort avant l’âge; celui du laboureur roulera l’ardeur et la force.»

Cette région comprend sept départements, plus l’arrondissement de Belfort.

II. — Ain.

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Le département de l’Ain peut être divisé en deux régions distinctes: les hauteurs où le Jura étage ses croupes parallèles et les plaines où autrefois miroitaient les lacs, la Dombes et la Bresse où bien des étangs encore laissent croupir leurs eaux saumâtres. La cime supérieure de tous les monts du Jura, le Creit de la neige s’élève à 1,723 mètres, alors que dans les gorges du Rhône l’altitude n’est plus que de 166 mètres. Il en résulte une différence de climat fort sensible. Si la température est douce et le ciel clément sur les bords de la Saône, il est âpre et froid sur les hauts plateaux du Jura.

Ainsi, Trévoux, assis à un détour de la Saône qui l’expose au midi, jouit d’hivers moins rigoureux que le reste de la Dombes et de la Bresse, et le printemps y est bien plus hâtif. En général, les brouillards sont fréquents dans la Bresse et surtout dans la Dombes, à cause de la grande surface occupée par les étangs; là, on peut dire que la véritable caractéristique du climat c’est la permanence de l’humidité.

Près d’un tiers des jours de l’année sont pluvieux dans la partie basse du département, et, de plus, ils se partagent plus également entre les diverses saisons que dans la partie élevée. Dans celle-ci, par contre, la précipitation atmosphérique est de beaucoup plus forte en hiver; les jours de pluie ou de neige appartiennent en majeure partie à cette saison; l’automne vient ensuite; le printemps et l’été forment une véritable saison sèche et l’année se divise ainsi en deux parties opposées. En somme, à l’Est, un long hivernage, et, sans transition, un été que va tout d’une venue aux premières neiges; à l’Ouest une humidité, répandue sur les quatre saisons, laisse subsister leur gradation sans leur permettre de s’écarter beaucoup de la température moyenne.

Tout au nord du département, sur la route de Nyon, dans une plaine élevée au-dessus du lac Léman, sur un vaste gradin qui s’adosse aux premières pentes du Jura, est le village de Divonne. Quatre sources y versent une eau froide et diurétique. Son climat est tempéré, rafraîchi à l’aurore et au crépuscule par les brises venues des proches montagnes. Tout près est le bleu Léman, «avec ses golfes et ses promontoires, les villes grises et blanches de ses bords, la verdure des plaines et des coteaux, l’éclat des grandes neiges resplendissant à l’horizon, et les ombres des nuées cheminant sur les campagnes» (E. Reclus).

Toutefois le paludisme existe toujours à l’état latent en Dombes. Le Dr F. Penet, dans un hameau de cinq maisons, situé entre deux étangs, a trouvé deux personnes seulement n’ayant jamais eu la fièvre sur vingt-huit, et c’étaient deux étrangers fixés là depuis peu d’années.

III. — Jura.

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Le département du Jura comprend les chaînes calcaires du Jura avec leurs mornes et froids plateaux, des collines peu élevées où croissent les vignes, un peu de la marécageuse Bresse, région d’étangs qu’on appelle le Finage.

A la limite nord du département, dans une vallée étroite qu’encadrent des coteaux élevés et où coule le torrent bien nommé La Furieuse, sous un ciel tempéré dont les nuits sont rafraîchies par les brises venues des gorges du Jura et surtout par le vent du nord-est, le Joran, Salins distille par le «Puits à mire» des eaux limpides, inodores, froides, toniques, chlorurées, sodiques, que viennent boire les scrofuleux, les lymphatiques, les rachitiques et surtout les chlorotiques des grandes villes, frêles lys que la leucorrhée pâlit et que la puberté décolore.

IV. — Doubs.

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Le département du Doubs dont les différences d’altitude dépassent 1.200 mètres, est un de nos départements les plus froids. Les hauts plateaux sont en effet nombreux; aussi, dans une bonne partie de la région, l’hiver est précoce, long et rigoureux. La température moyenne de l’hiver est de + 2°, celle de l’été de + 20°.

L’automne et l’été sont les deux plus belles saisons.

V. — Belfort.

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Le territoire de Belfort est une toute petite contrée que domine le ballon d’Alsace, mais en raison de la nature variée du sol et des altitudes, le climat n’est pas uniforme. Toute la région Nord est caractérisée par un hiver long et rigoureux, de brusques variations de température et une grande humidité. On a vu le thermomètre descendre en hiver à – 26° et monter en été à + 32°. La région Sud a un climat plus doux qui participe du climat rhodanien: il est caractérisé par la beauté de l’automne.

VI. — Haute-Saône.

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Le département de la Haute-Saône peut se diviser en deux parties: une région faite de collines sinueuses, de petits lacs solitaires entourés de bois; une région plus basse où les rivières coulent au milieu des prairies. De là résulte le contraste des végétations et des climats. En raison de l’éloignement de la mer et de la proximité des Vosges, le climat est surtout continental, avec excès de froid et de chaleur. A Vesoul et dans les environs, à Gray aussi, il est un peu moins rude que dans le reste de la région.

Au nord de la région, dans l’arrondissement de Lure, Luxeuil, au pied des derniers contreforts des Vosges, non loin de grandes forêts, a des eaux thermales simples et des eaux ferrugineuses qui attirent les rhumatisants, les dyspeptiques et les gastralgiques, les névropathes et les constipés, les anémiques et les chlorotiques. En outre de ses eaux bienfaisantes, Luxeuil a un climat tempéré, abritée qu’elle est au nord par les montagnes, des collines vêtues de sapins, des sites gracieux et un musée d’antiquités gallo-romaines recueillies dans ses anciens thermes. Tout près est le grand village de Fougerolles entouré d’une magnifique ceinture de cerisiers.

VII. — Côte-d’Or.

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Le département de la Côte-d’Or comprend «les coteaux qui donnent aux Bourguignons leurs vins aussi précieux que l’or liquide». Le climat est plutôt sec qu’humide; l’air est vif et pur, très sain, et il ne souffle dans la région aucun vent dangereux. La température varie beaucoup avec le relief du sol: sur les hauteurs de la Côte-d’Or elle est plutôt froide, ainsi que sur les collines du plateau de Langres, de l’Auxois et du Châtillonais, et surtout sur les hauteurs du Morvan, tantôt déboisées, tantôt humides à cause des étangs. La température, au contraire, est assez douce dans les vallées abritées du vent et dans les plaines de la Saône, au bord de l’eau. Dijon, sa capitale, où la température moyenne annuelle est d’environ + 11°, vante sa moutarde, son pain d’épices, son cassis et ses confitures bien autrement célèbres que les eaux chlorurées sodiques lithinées du village de Santenay où viennent pourtant s’abreuver de mai à octobre quelques goutteux.

VIII. — Saône-et-Loire.

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Le département de Saône-et-Loire, qui lui aussi produit des vins clairs et joyeux, est froid sur les hauteurs du Morvan et dans les pâturages du Charolais, un peu plus tempéré, mais peu salubre dans les plaines de la Bresse, à l’est de la Saône, au pied du Jura. A Mâcon, la température moyenne de l’année est de 11°,3, presque un degré de plus que la moyenne de Paris, avec des froids plus intenses et des chaleurs plus fortes, le climat y étant plus nettement continental.

Au nord, dans le Charolais, dans le voisinage de la Loire, Bourbon-Lancy est une ville de bains. Située à l’est de Moulins, sur le flanc oriental d’une colline, au pied de hauts rochers granitiques, la petite ville regarde au midi une plaine qui s’étend jusqu’à la Loire, alors qu’au nord-est s’élèvent les premiers contreforts des monts du Morvan. Le climat y est doux et tempéré, uniforme; la chaleur n’y est pas excessive. Ses eaux chlorurées sodiques chaudes que versent cinq sources abondantes sont appréciées des rhumatisants, des lymphatiques, des scrofuleux, des débilités et des névropathes.

IX. — Rhône.

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Enfin, le département du Rhône est à la limite des deux climats auvergnat et rhodanien. Lyon, «le cœur de la Gaule», au confluent de deux grands fleuves, voit entremêler à ses portes deux zones de climats et de végétation. La moyenne annuelle de la température y est de +11°,8. Le thermomètre peut y descendre à – 20°,2, et monter à + 38°. Si la ville est saine en général, on voit souvent encore de lourds et épais brouillards peser sur les nouveaux quartiers de Perrache bâtis sur les îles basses et les fonds marécageux qui formaient autrefois le confluent des deux fleuves.

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