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A MES JEUNES LECTRICES

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Au cours de mon Voyage au pays des Étoiles, ayant eu l’occasion de parler de la pression atmosphérique à la fillette dont j’étais le cicerone: «Ce n’est pas, lui dis-je, dans un voyage tel que celui-ci, c’est dans une promenade à travers un laboratoire que nous pourrions approfondir ces choses», et j’ajoutais: «Peut-être ferons-nous ensemble cette promenade un jour.»

Cette promesse, je l’avais oubliée. Plusieurs de mes lectrices ont bien voulu me la rappeler.

C’est alors que j’ai compris toute mon imprudence! Une promenade à travers un laboratoire! Mais savez-vous, mes chères lectrices, que c’est un cours de physique que vous me demandez là ? — De physique, soit. Le Voyage au pays des Étoiles était bien un cours d’astronomie! — Oui, mais la physique exige des appareils si délicats... — Eh bien, nous nous en passerons: nous nous sommes bien passées, pour le voyage aux étoiles, des lunettes des astronomes!

Tel fut, à peu près, le dialogue entre mes aimables correspondantes et moi.

J’ai dû m’exécuter, mais j’ai fait mes conditions. D’abord, ce ne sera pas au travers, mais autour d’un laboratoire que nous nous promènerons: — Point d’appareils... que ceux qui, à chaque pas, se présentent naturellement à qui sait les regarder. Puis, parmi les phénomènes dont notre promenade nous offrira le spectacle, j’ai fait un choix, et puisque c’est pendant le voyage aux étoiles qu’est née la première idée de ce nouveau petit livre, je ne leur en présenterai aucun dont elles n’aient déjà, au cours de ce voyage, fait un peu la connaissance.

Au pays des étoiles, elles ont vu l’attraction universelle précipiter à chaque instant la lune sur la terre et les planètes sur le soleil; — sur notre terre, je la leur montrerai, sous le nom de pesanteur, tantôt arrachant du pommier la pomme de Newton, tantôt obligeant l’eau des lacs à s’étaler en une surface horizontale, tantôt la forçant à suivre, dans les pompes, le piston qu’élève la main du pompier, etc.

Au pays des étoiles, elles ont rencontré la chaleur, terrible dans le Soleil, encore intolérable dans Mercure, à peine sensible dans Jupiter; — sur terre, je la leur montrerai devenant la source de la vie; je leur apprendrai comment on la mesure, comment on la produit dans nos cheminées, comment on la conserve au moyen des fourrures, etc.

Et quand notre promenade nous aura permis d’étudier, ou plutôt de regarder (car ce petit livre n’est pas un livre d’étude) les phénomènes par lesquels se manifestent aux terriens ces deux vieilles connaissances, la pesanteur et la chaleur; quand nous saurons sur ces deux agents ce que tout le monde en doit savoir (et ce que, hélas! presque personne ne sait), eh bien, la promenade sera finie, et nous nous reposerons.

Plus tard, mesdemoiselles, si je suis assez heureux pour que cette promenade vous ait intéressées, nous pourrons en entreprendre une autre.

Le son, la lumière, nous fourniront des sujets de causerie non moins curieux que ceux d’aujourd’hui; le magnétisme, l’électricité, nous feront voir.... Mais qu’ai-je besoin de vous l’annoncer si longtemps à l’avance?

On va s’imaginer que c’est une préface;

Moi qui n’en lis jamais!...

P. G.

Promenade d'une fillette autour d'un laboratoire

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