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VIII

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La nuit tombée, il y a, dans un quartier spécial, l’Exposition des femmes, qui est une chose amusante.

Rien de cet air triste, honteux, que prend la prostitution dans nos pays d’Occident. Ici cela se passe avec une impudeur inconsciente, une bonhomie enfantine et drôle. Les jeunes personnes exposées sont alignées en devanture, derrière de petites barrières en bois; assises, très parées, très éclairées par des lampes; blanches comme du linge blanc, à force de poudre de riz mise à paquets sur les joues; les yeux agrandis de noir, et ayant, sous la lèvre d’en bas, un rond de peinture rouge qui leur fait comme l’exagération de ce qu’on appelle chez nous «la bouche en cœur».

La tranquillité des exposées est une des choses qui frappent le plus. Elles ne s’occupent jamais des clients qui les regardent; elles se tiennent dignes, indifférentes et immobiles, comme des idoles.

A moins cependant que ne passe quelque groupe de femmes appartenant au monde honnête, dans lequel elles retrouvent une parente ou une amie; alors le sourire vient, et la conversation s’engage. Ce quartier est, le soir, la promenade aimée des jeunes filles, qui ont toujours, derrière les petites barrières ajourées, quelque connaissance, une cousine ou une sœur. C’est aussi le rendez-vous des familles: on y vient tous ensemble, avec les grands parents et les petits-enfants.

Japoneries d'automne

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