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IV

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Pour voir de haut se déployer cet ensemble, le matin au gai soleil de neuf heures, je monte sur une tour, comme jadis madame Marlborough;– c’est la tour d’Yasaka;–elle ressemble à ces pagodes à étapes multiples comme on en voit sur le dos des éléphants de bronze où les Chinois brûlent de l’encens. A l’étage inférieur, au rez-de-chaussée, c’est arrangé en temple: de grands bouddhas dorés, perdus de vétusté et de poussière, des lanternes, des vases sacrés avec des bouquets de lotus.

Deux vieilles femmes, les gardiennes, me réclament un sou d’entrée, un sou nippon naturellement, marqué d’un chrysanthème et d’un monstre. Ensuite, avec un geste aimable:

–Tu peux monter, disent-elles, sans être accompagné, nous avons confiance, voici le trou par où l’on passe.

Et je commence à grimper, enchanté d’être seul, par des séries d’échelles droites ayant pour rampes des bambous que les mains humaines ont longuement polis. La tour est en bois, comme toutes les constructions japonaises; les poutres antiques sont littéralement couvertes, du bas jusqu’en haut, d’inscriptions à l’encre de Chine: les réflexions des visiteurs, sans doute, mais je ne sais pas les lire et c’est dommage, il doit y en avoir de si précieuses!

A l’étage supérieur, une armoire-à-bouddha, dans un coin. Je l’ouvre, pour regarder le dieu qui l’habite: il paraît très âgé et caduc, affaissé dans son lotus, avec un sourire mystérieux sous une couche de poussière.

De cette galerie d’en haut, on voit, comme en planant, la ville immense, étendue en fourmilière sur la plaine unie, avec son enceinte de hautes montagnes où les bois de pins et de bambous jettent une admirable teinte verte. Au premier coup d’œil on dirait presque une ville d’Europe; des millions de petits toits avec des tuiles d’un gris sombre, qui jouent les ardoises de nos villes du Nord; çà et là des rues droites, faisant des lignes claires au milieu de cette couche de choses noirâtres. On cherche malgré soi des églises, des clochers; mais non, rien de tout cela; au contraire, une note étrange et lointaine donnée par ces hautes toitures monumentales, trop grandes, trop bizarrement contournées, qui surgissent au milieu des maisonnettes basses, et qui sont des palais ou des pagodes. Aucun bruit ne monte jusqu’à moi, de la vieille capitale religieuse; de si haut, on la dirait tout à fait morte. Un beau soleil tranquille l’éclaire, et on voit flotter dessus, comme un voile, la brume légère des matins d’automne.

Japoneries d'automne

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