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II

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Des campagnes fraîches et fertiles traversées au soleil du matin, d’un beau matin d’automne. Tout est extrêmement cultivé et encore vert: champs de maïs, champs de riz, champs d’ignames avec ces grandes feuilles ornementales très connues sur nos squares. Dans ces champs, beaucoup de monde qui travaille. C’est en plaine toujours, seulement on longe des chaînes de hautes montagnes boisées; en fermant un peu les yeux, on dirait l’Europe, le Dauphiné, par exemple, avec les Alpes à l’horizon.

Il y a dans le vert des prairies une profusion de fleurs rouges, espèce de liliacées de marais aux pétales minces et frisés ressemblant à des panaches d’autruches. Dans toutes les petites rigoles qui entourent en carré les champs de riz, ces fleurs abondent, formant partout, comme d’élégantes bordures de plumes.

Petites stations à noms bizarres; à côté des bâtisses du chemin de fer, à côté des tuyaux et des machines apparaissent, très surprenants, des vieux temples à toit courbe, avec leurs arbres sacrés, leurs pylônes de granit, leurs monstres.

Il est disparate, hétérogène, invraisemblable, ce Japon, avec son immobilité de quinze ou vingt siècles et, tout à coup, son engouement pour les choses modernes qui l’a pris comme un vertige.

La première grande ville sur la route, c’est Oasaka, où l’on s’arrête. Ville marchande; peu de temples, des milliers de petites rues tracées d’équerre, des canaux comme a Venise, des bazars de bronze et de porcelaine; une fourmilière en mouvement.

D’Oasaka à Kioto, mêmes campagnes vertes, mêmes cultures plantureuses, mêmes chaînes de montagnes boisées. C’est monotone et le sommeil me vient.

A l’avant-dernière des stations, monte dans mon compartiment, avec de gracieuses révérences, une vieille dame du monde comme il faut, qui semble échappée d’un écran à personnages. Dents laquées de noir, sourcils rasés soigneusement; robe de soie brune avec des cigognes brochées; grandes épingles d’écaillé piquées dans les cheveux rares. Quelques mots aimables s’échangent entre nous en langue japonaise, et puis je m’endors.

Japoneries d'automne

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