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Quelques branches de pin à l’odeur résineuse entassées devant la porte; l’été une alouette chantant dans sa cage; l’hiver des grillons dans le foyer; les émanations du pain chaud, les flammes du four qui, la nuit, éclairent la rue, le mitron enfariné fumant sa pipe sur un tas de fagots, le va et vient des commères signalent de la façon la plus pittoresque la maison du boulanger dans les villes du Midi. C’est dans une de ces maisons joyeuses que naquirent à Nice Masséna et Garibaldi, deux héros de trempe bien différente, et qui sont venus au monde dans la même chambre.

L’enfance de Garihaldi n’offre qu’un trait qui montre déjà la hardiesse et la sensibilité de son caractère. Une vieille femme lavant son linge sur le bord de l’eau fait un faux pas et tombe dans la rivière! Garihaldi, qui joue près de là avec ses camarades, se précipite pour sauver la pauvre lavandière. Que pouvait un enfant de huit ans pour lutter contre le courant, et ramener un tel fardeau? Il fallut le sauver à son tour; on n’y parvint qu’à grand’peine. Plus tard, il fut plus heureux à Marseille, où il parvint à retirer du port un jeune collégien qu’il eût le bonheur de rendre à sa famille.

Le père de Garibaldi était marin, et de bonne heure le jeune Giuseppe ressentit pour la mer une passion qui lui venait de famille. Un beau jour il s’improvise capitaine: son navire est une barque amarrée au rivage; son équipage se compose de cinq ou six matelots de douze ans; ce que l’on donne à chaque enfant pour son goûter chez lui servira d’approvisionnement; la nuit venue on coupe l’amarre, et voilà l’expédition en pleine mer. Le capitaine a juré qu’il ne s’arrêterait pas avant d’avoir découvert une Amérique nouvelle. Malheureusement à la hauteur de Monaco, une felouque line voilière atteint les petits fugitifs et ramène chez leurs parents le nouveau Christophe Colomb et ses compagnons. Quelques-uns reçurent le fouet à leur retour; Giuseppe dut garder les arrêts pendant quinze jours, après quoi son père consentit à lui laisser faire un voyage véritable, non plus en qualité de capitaine, mais de simple matelot.

La Costanza était un des plus jolis brigantins du port de Nice; il faisait les traversées de ce port à Odessa. La première contrée étrangère que Giuseppe Caribaldi visita fut la Russie. Il fit ensuite une course à Rome sur la Santa Reporala, tartane commandée par son père; vinrent ensuite divers voyages à Cagliari et dans le Levant. Pendant une de ces traversées, il tomba malade à Constantinople. C’est en se rendant dans cette capitale qu’il rencontra sur la Clorinde l’expédition des Argonautes Saint-Simoniens, conduits par Émile Barrault à la conquête de la femme libre.

En 1832, Giuseppe Garibaldi accomplissait son temps de service sur les navires de l’État; marin consommé, apprécie de ses chefs par son sang-froid et sa bravoure dans les circonstances difficiles, Garibaldi était sur le point de recevoir l’épaulette, lorsqu’il se vit forcé de se réfugier en France à la suite d’une échauffourée politique dans laquelle il était compromis. A Marseille, il trouva un asile et une place de second sur le navire l’Unione. Plus d’un courtier de nolisement se souvient encore de ce jeune marin à l’air lier et doux qui se promenait pendant de longues heures sur les quais, et qui restait silencieux au milieu du cercle bruyant de capitaines qui remplissaient leurs bureaux, répondant a peine aux questions qu’on lui adressait, et paraissant absorbé dans une sorte de contemplation intérieure.

Un jour, un fléau terrible s’abat sur Marseille, le choléra; en quelques jours la ville est dépeuplée, riches et pauvres fuient à l’envi; les boutiques sont fermées, les rues désertes; on manque de gens pour soigner les malades. L’autorité fait un appel aux hommes de dévouement: des bureaux de secours s’organisent, on réunit tous les moyens pour combattre vigoureusement l’épidémie. En cherchant sur les registres d’inscription ouverts à la mairie à cette époque, on trouverait encore le nom de Joseph Pane. C’était celui que Caribaldi portait alors pour se dérober aux conséquences de la condamnat ion a mort qu’il avait encourue à la suite de l’échauffourée politique dont nous avons parlé.

Les célébrités du jour : 1860-61

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