Читать книгу Les chasseurs de girafes - Thomas Mayne Reid - Страница 10

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CHAPITRE VII

Table des matières

LE CHASSEUR PERDU

Quand Arend eut rejoint le cheval qui s’était enfui du camp, l’animal se trouvait sur la lisière d’un grand fourré, et était apparemment déterminé à aller plus loin. A la vue de l’homme, il s’élança à travers les arbres, prenant une voie frayée par les animaux sauvages. Arend le suivit dans ce chemin trop étroit pour lui permettre de prendre la tête. Le jeune homme continua, dans l’espérance d’arriver à une plus large voie, où il pourrait alors dépasser le fuyard et le tourner vers le camp. Cet espoir parut sur le point de se réaliser, lorsque le cheval échappé, émergeant du fourré, entra dans une plaine recouverte d’une bruyère basse (l’erica vestila), chargée de fleurs blanches.

Le chasseur n’était plus obligé de se tenir sur les talons de l’animal, et, éperonnant sa monture, il essaya de dépasser la bête qu’il poursuivait.

Mais celle-ci, peut-être stimulée par le souvenir des bagages qu’elle avait eu à porter, prit le galop. Arend continua sa chasse, en redoublant de vitesse. Quand elle fut presque arrivée à moitié de la plaine, la bête tourna soudain à angle droit, abandonnant la ligne qu’elle avait jusqu’alors tenue. Arend, d’abord extrêmement surpris, comprit la cause de ce revirement, lorsqu’il vit apparaître un énorme rhinocéros, un borelé, qui arrivait droit, à travers la plaine, comme s’il se rendait à la rivière.

Le cavalier se fût bien trouvé d’avoir imité la prudence du cheval. Mais Arend van Wyk, chasseur et officier du cap Militia, à la vue du rhinocéros, ne put résister à la tentation de tirer dessus. Il éperonna donc son cheval, assez rétif à la vue du danger, et fit feu.

Ce fait amena un résultat que ni le cavalier ni sa monture n’avaient prévu.

Le borelé poussa un rugissement terrible et arriva droit sur celui qui l’attaquait.

Arend fut obligé de chercher sa sûreté dans la fuite, tandis que le rhinocéros le poursuivait d’une manière qui indiquait qu’il avait été blessé, mais pas assez grièvement pour l’empêcher de chercher à se venger.

Au début de la chasse, une très-petite distance séparait le poursuivant et le poursuivi; et au lieu de tourner brusquement hors du tracé, afin de laisser le rhinocéros passer à côté de lui, par suite du défaut de vision naturel à cet animal, le jeune chasseur eut le tort de continuer en ligne droite, occupé tout le temps à recharger son rifle.

Son erreur ne fut nullement causée par l’ignorance ou le défaut de présence d’esprit, mais seulement par une trop grande confiance en lui-même et un trop grand dédain pour la ruse du borelé.

Tout à coup il trouva sa course arrêtée par le buisson épineux et touffu, connu en Amérique sous le nom de «whit a bits», et le borelé arriva rapidement sur ses talons.

Il n’avait plus le temps, maintenant, de tourner à droite ou à gauche.

Le rifle se trouvait enfin rechargé ; mais il y avait peu de bonnes chances de tuer l’animal avec un seul coup; surtout étant si mal posé pour le viser. Arend ne vit d’autre ressource que de se jeter à bas de sa selle.

Il avait un double but en agissant ainsi: d’abord celui de tirer plus sûrement, et puis le borelé pouvait se mettre à la poursuite du cheval, oubliant son cavalier et le laissant spectateur de la chasse.

L’œil du rhinocéros ne peut embrasser qu’une très-petite étendue. Malheureusement pour le chasseur, ce fut lui, et non son cheval, qui se trouva dans le centre limité de la vision du borelé.

Levant vivement son rifle, il fit feu sur l’ennemi, puis s’enfuit vers un bouquet d’arbres qui s’élevait heureusement près de là.

Il entendait le lourd galop du rhinocéros qui le suivait. Plus près, et toujours plus près, la bête s’avançait à tel point que l’homme n’osait plus regarder derrière lui. Il sentait le souffle du monstre derrière son épaule!

Une seule chance lui restait; il la tenta en tournant brusquement à droite. Et alors il put voir qu’il avait tout juste échappé au danger d’être enlevé sur les cornes de l’animal!

Cette manœuvre lui permit de gagner un peu d’espace; mais cela ne dura pas longtemps, car le borelé recommença bientôt sa furieuse poursuite, sans montrer aucun signe de fatigue; tandis que le jeune homme, éprouvé par ses efforts, était incapable de continuer encore longtemps sa course.

Il lui restait à peine assez de force pour éviter une rencontre immédiate en faisant encore un tour, quand, heureusement, il vit devant lui le tronc d’un énorme baobab (pain de singe), couché par terre, abattu sans doute par quelque terrible orage, et posé sur ses racines de manière à laisser un espace de deux pieds entre son bois et la terre.

Arend se glissa vivement sous l’arbre, juste à temps pour éviter la longue corne dont la pointe menaçait encore ses reins.

Le chasseur pouvait maintenant respirer; il reprit confiance. Il vit que l’arbre le protégerait, même si le rhinocéros venait de l’autre côté : il n’aurait qu’à tourner encore pour se placer hors de l’atteinte de la terrible corne.

En rampant en avant et en arrière, il pouvait toujours se maintenir en sûreté. Et ce fut justement ce qu’il dut faire, car le monstre enragé, en le voyant de l’autre côté, se mit immédiatement à courir autour des racines et à renouveler l’attaque.

Cette tactique fut répétée plusieurs fois avant que le jeune chasseur eût eu le temps de la réflexion. Il espérait que la brute se fatiguerait de sa manœuvre et s’en irait. Il fut désappointé. L’animal, exaspéré par les blessures qu’il avait reçues, fut implacable, et pendant plus d’une heure, il tourna autour de l’arbre, essayant vainement de frapper son ennemi.

Arend, ayant peu de peine pour éviter l’animal, put donc réfléchir à sa situation. Il songea d’abord à faire usage de son rifle. L’arme était à sa portée sous l’arbre, mais quand il voulut la recharger, il s’aperçut que la crosse manquait.

L’attaque du borelé avait été si soudaine la dernière fois qu’il s’était servi de son arme, que la crosse n’avait pas été remise à sa place, mais laissée derrière lui sur la plaine.

C’était une malheureuse circonstance, et pendant longtemps le jeune chasseur ne trouva rien de mieux que de tourner d’un côté à un autre pour éviter l’assiégeant.

Le borelé sembla enfin se lasser de ses inutiles manœuvres.

Mais le désir de la vengeance n’était nullement éteint en lui, car, restant en faction, il ne fit aucun mouvement pour s’éloigner.

Au contraire, il s’accroupit devant le baobab de façon à ne perdre de vue aucun des côtés du gros tronc, évidemment déterminé à rester là et à attendre la première chance qui se présenterait pour atteindre sa victime.

Se voyant ainsi guetté, le jeune chasseur fit des réflexions assez désagréables, tout en cherchant comment il pourrait se libérer de ce siège obstiné.

Les chasseurs de girafes

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