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CHAPITRE XI

Table des matières

LE KRAAL DE MACARA

Ayant marché environ trois heures, les jeunes chasseurs arrivèrent à un endroit qui portait des signes évidents qu’il avait dû être habité : de petits palmiers avaient été abattus, les troncs enlevés et les sommets seuls laissés sur la terre.

A un mille de là, on pouvait voir des champs cultivés.

«Attention! s’écria Arend, en s’avançant, voici une grande troupe d’hommes qui vient au devant de nous.»

Tous regardèrent dans la direction indiquée, et aperçurent environ une cinquantaine d’hommes, franchissant d’un bon pas le sommet d’une montagne du côté du nord et se dirigeant de leur côté.

«S’ils ont de mauvaises intentions, quel parti prendre? dit l’un des chasseurs.

— Marchons au-devant d’eux; s’ils viennent en ennemis, ce n’est pas notre faute, nous ne leur avons rien fait,» répondit Willem.

Lorsque les étrangers se trouvèrent plus rapprochés, les chasseurs reconnurent,, avec une surprise mêlée d’inquiétude, leur convive de la veille, monté sur un bœuf. Macara tenait la tête de la troupe.

Son salut, adressé à Groot Willem, fut interprété par Congo.

«Je vous avais invités à venir à mon kraal, élisait-il, et à amener vos amis avec vous; je vous ai quittés de bonne heure ce matin, et je suis allé à mon village pour veiller à ce que les préparatifs nécessaires fussent faits pour recevoir dignement ceux qui ont bien accueilli Macara. Les meilleurs, les plus braves de mes compagnons, sont venus vous saluer.»

Rassurés par la cordialité de ce discours, les jeunes chasseurs se remirent en marche pour le village. de leurs nouveaux amis, qui était à une très-faible distance de là.

Lorsqu’ils y arrivèrent, cent cinquante femmes environ les reçurent avec un chant traînant semblable aux accents monotones et doux par lesquels une mère berce son enfant.

.Les maisons, construites au moyen de hautes perches sur lesquelles s’entrelaçaient de longues racines et du gazon, étaient recouvertes de boue, de terre, de chaume. Les chasseurs furent conduits sous un long hangar où on débarrassa leurs cheveux de leurs selles, pour les laisser paître en liberté.

Bien que les sujets de Macara n’eussent eu que trois heures devant eux pour se préparer à recevoir leurs visiteurs, ils leur offrirent un splendide banquet.

Les jeunes chasseurs s’assirent devant un rôti d’antilope — un étouffé d’hippopotame et de buffle — des poissons cuits au four, des épis de maïs rôtis, puis du miel naturel, des melons, des fumpkins et de l’excellent lait.

Les jeunes chasseurs et leurs serviteurs furent servis avec la plus grande courtoisie; leurs chiens même furent choyés, et Swartboy et Congo traités avec une considération qui les flatta beaucoup.

Dans l’après-midi, Macara apprit à ses invités qu’il voulait leur offrir un divertissement, et, afin qu’ils pussent bien jouir du spectacle, le chef leur expliqua les circonstances dans lesquelles il était exécuté.

Il paraît que les compagnons de Macara, lorsqu’il fut coulé bas avec son canot par l’hippopotame, étaient parvenus à regagne leur village, apportant avec eux la nouvelle de la disparition du chef.

La tribu n’étant point parvenue, après deux jours d’exploration, à un résultat satisfaisant dans ses recherches, on avait conclu que le chef avait été noyé ou tué par la vache marine, et un autre guerrier important, nommé Sindo, s’était fait élire chef à sa place.

Macara, de retour dans sa tribu, avait appris l’élection de Sindo. Ce dernier était encore dans sa hutte, et, avant qu’il eût été averti de la réapparition de son prédécesseur, il était son prisonnier.

Sindo, lié et garrotté, attendait maintenant son exécution, et tel était le spectacle que nos chasseurs étaient appelés à contempler.

Comme on le pense, aucun. ne se souciait d’y assister; mais, cédant aux importunités de leur hôte, ils consentirent cependant à l’accompagner. L’endroit choisi pour l’exécution se trouvait sur la lisière du village, où le prisonnier avait été solidement attaché à un arbre.

Presque tous les habitants du kraal s’étaient rassemblés pour voir fusiller l’usurpateur; — c’est de cette manière que Sindo devait périr.

Le prisonnier, un homme de bonne apparence, ayant environ trente-cinq ans, attendait avec calme sa dernière heure.

Nos héros ne purent s’empêcher de penser qu’il n’était coupable, comme beaucoup d’autres, que d’une ambition un peu trop empressée.

«Si vous pouviez le sauver de ce mauvais pas? dit Hans, en s’adressant à Groot Willem. — Je crois que vous avez quelque influence sur le chef.

— J’y pensais, et je vais essayer,» répondit le jeune homme.

Déjà les projets de vengeance du chef allaient recevoir leur exécution, quand Willem, s’approchant de Macara, intercéda pour le prisonnier.

Il représenta au chef légitime que Sindo n’avait point voulu le dépouiller de son autorité ; mais que, le croyant mort, il avait dû se croire autorisé à se faire élire pour lui succéder.

Les prières de Groot Willem, assaisonnées de raisonnements d’un bon sens évident, furent encore appuyées par l’offre d’un fusil, pour remplacer celui que Macara avait perdu dans la rivière.

Ce dernier resta pendant quelque temps silencieux, et répliqua enfin que jamais il ne se sentirait en sûreté, si l’usurpateur restait dans la tribu.

Groot Willem objecta qu’on pourrait le bannir du kraal.

Macara hésita encore; mais se rappelant qu’il avait promis de se rendre à toute demande que lui adresserait son sauveur, il céda, à la condition que Sindo s’expatrierait.

En accordant ce pardon, le chef désira faire comprendre à tous qu’il n’était déterminé que par sa gratitude pour son ami, le grand chasseur blanc, et non par le désir du cadeau promis.

Tous les sujets de Macara, y compris le condamné lui-même, parurent grandement étonnés d’une décision si contraire aux habitudes de leur nation.

La clémence du chef et le refus qu’il fit du fusil prouvèrent aux chasseurs qu’il y avait en lui les éléments d’une noble nature.

Sindo, relativement satisfait d’un dénoûment qui aurait pu être pire, remercia avec beaucoup d’effusion Groot Willem de son intervention, et ayant rassemblé sa famille, il quitta immédiatement le village, pour se mettre à la recherche d’un autre établissement dans une nouvelle tribu.

Pendant la soirée, Macara offrit à ses hôtes un divertissement de danses et de chants; puis tous se retirèrent pour dormir, après qu’il eut été convenu que le lendemain nos héros seraient conduits à un endroit où les hippopotames foisonnaient.

Les chasseurs de girafes

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