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CHAPITRE III

Table des matières

UNE DOUBLE TRAPPE

Peu de temps après le départ de Groot Willem et de ses compagnons, Arend aperçut au milieu d’un fourré, à environ un demi-mille de la rivière, un petit troupeau d’antilopes broutant tranquillement les arbustes et les herbes de la prairie. Immédiatement, il monta à cheval avec l’intention d’en tuer une pour leur dîner.

Ayant galopé sous le vent du troupeau, et s’en étant approché, il vit qu’il appartenait à une espèce appelée «plongeurs».

Près d’eux était un bouquet de nerium olander, un arbrisseau d’environ douze pieds de haut, chargé de fleurs magnifiques.

A l’abri de ces buissons, il s’approcha assez près des antilopes, et visant une des plus grosses, il fit feu.

Les animaux, à l’exception d’un seul, se précipitèrent vers la lisière du hallier, firent un grand saut, et disparurent à la vue par-dessus les sommets des buissons, montrant ainsi qu’ils méritaient leur surnom de «plongeurs».

Galopant vers celui qui était resté en arrière, et sur lequel il avait tiré, le jeune chasseur s’assura qu’il était mort.

Il s’en retourna alors au camp, et dépêcha Congo et le bushman pour le rapporter.

Ceux-ci revinrent bientôt avec le gibier, qu’ils se préparaient à dépecer pour le faire rôtir.

Tandis qu’ils étaient ainsi occupés, Swartboy parut remarquer quelque chose dans la plaine.

«Regardez là-bas, baas Arend, dit-il.

— Bien! qu’est-ce que c’est, Swart?

— Vous voyez ce cheval qui pâture? Il est trop loin du camp.»

Arend se tourna dans la direction indiquée par le bushman. Un des chevaux s’était éloigné de ses compagnons, il se trouvait maintenant à plus d’un mille et continuait à courir en avant.

«Soyez tranquille! Swart, continuez votre cuisine. Je vais courir après la bête moi-même, et la faire rentrer.»

Arend, remontant à cheval, se mit à trotter dans la direction qu’avait prise l’animal.

Congo et Swartboy virent la nécessité, pour cuire l’antilope; de se procurer un peu d’eau, et chacun prenant un seau à cette intention, ils se dirigèrent vers le gué, qui se trouvait le point le plus à portée pour leur dessein.

Ils suivaient la rivière, mais au moment d’atteindre la place où ils pouvaient descendre dans l’eau, Congo, qui marchait en avant, disparut tout à coup.

Il était tombé dans une fosse soigneusement construite en vue de prendre des hippopotames ou des éléphants.

La trappe avait environ neuf pieds de profondeur, et lorsque le Cafre, revenu de son étonnement, voulut reconnaître les lieux, il se trouva presque aveuglé par le sable, la poussière et les autres matériaux qui avaient formé la couverture de la fosse.

Congo, au fait des ruses des chasseurs du sud de l’Afrique pour tuer du gros gibier, ne fut aucunement déconcerté par ce qui lui arrivait. Après s’être assuré qu’il ne s’était point blessé dans sa chute, il leva les yeux, espérant que son compagnon lui viendrait en aide.

Le bushman, surpris d’abord par l’incident dont son rival venait d’être victime, eut l’idée bientôt de s’en amuser un peu.

Poussant un éclat de rire sauvage, imitation assez exacte du cri d’une hyène, Swartboy, dans sa joie, se mit à danser et à sauter sur le bord du trou.

Jamais son petit esprit n’avait été si agréablement diverti, mais les manifestations de son plaisir furent aussi vite terminées que commencées; car, lui aussi, il disparut tout à coup, comme s’il venait d’être englouti par un tremblement de terre.

Un malheur semblable à celui de son compagnon lui était arrivé.

C’est l’habitude, dans le sud de l’Afrique, d’établir deux trappes l’une près de l’autre, les animaux qui viennent d’en éviter une pouvant, dans leur hâte et leur effroi, tomber dans l’autre.

La cavité dans laquelle Congo s’était le premier trouvé emprisonné contenait environ deux pieds de boue; les parois en étaient perpendiculaires, et d’une espèce d’argile savonneuse; aussi ses efforts pour grimper et en sortir furent-ils inutiles, au grand chagrin de ce peu philosophique esprit.

Plusieurs minutes qui semblèrent des heures à Congo s’écoulèrent, et cependant point de nouvelles de son compagnon. Swartboy était-il retourné au camp? Mais alors, comment Arend, ayant été averti, ne s’était-il pas empressé d’accourir au secours de son fidèle compagnon?

Pour ajouter aux charmes de l’endroit, la fosse contenait des reptiles et des insectes qui, comme lui, ne pouvaient plus en sortir. Les grenouilles et les crapauds qui la peuplaient (sans compter les grosses fourmis appelées «soldats») n’étaient point une compagnie pour faire passer le temps.

En vain Congo appelait «Swartboy» et «baas Arend», personne ne venait.

L’esprit vindicatif de sa race fut bientôt excité au plus haut point, et il ne désira plus recouvrer sa liberté que dans un seul but, celui de se venger de l’homme qui, au lieu de le délivrer, n’avait songé qu’à se réjouir de son accident.

Quant au bushman Swartboy, il n’avait nullement souffert de sa chute.

Sa première pensée fut de sortir de sa prison sans recourir au compagnon aux dépens duquel il venait de se réjouir. Son orgueil eût été grandement mortifié si le Cafre, parvenu à sortir avant lui de sa fosse, l’eût trouvé pris à son tour dans une autre. C’eût été une revanche trop humiliante.

Il écouta donc en silence les appels «au secours» de Congo, s’efforçant de tout son pouvoir de se dégager seul. Il se mit en conséquence à essayer d’utiliser un pieu aigu qui avait été placé là par les chasseurs, dans le but d’empaler et de tuer les hippopotames ou les éléphants qui tomberaient dans la trappe. Le projet du bushman était de s’aider de ce pieu pour sortir du trou; mais, au milieu de sa tâche, son esprit se tourna vers d’autres idées.

Swartboy fit comme bien des gens: au lieu de s’en prendre à lui-même de ce qui lui arrivait, il accusa son compagnon. N’était-ce pas le malheur du Cafre qui avait attiré le sien? Cependant il prit son mal plus en patience que Congo, parce qu’il avait un espoir de délivrance qui manquait à son camarade.

Il savait qu’Arend allait bientôt revenir au camp arec le cheval égaré, et qu’il s’inquiéterait d’eux; de plus, Arend s’apercevrait de l’absence du seau et se dirigerait vers le gué, la seule place où l’eau pût être puisée, et il passerait nécessairement en vue des fosses.

Les chasseurs de girafes

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