Читать книгу Les chasseurs de girafes - Thomas Mayne Reid - Страница 13

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CHAPITRE X

Table des matières

MACARA

Il y avait dans les manières de l’Africain une certaine hauteur qui n’avait pas échappé à l’attention de ses auditeurs. Ceci leur fut expliqué. C’était un chef du nom de Macara. Sa tribu appartenait à la grande nation des Makalab, habitant à part dans un «kraal». Il était un chef indépendant.

Le village n’était pas à une grande distance du camp des chasseurs. Le jour précédent le chef était venu à la rivière dans un canot, accompagné de trois de ses sujets, pour se procurer une plante qui croît en cet endroit, et de laquelle on extrait le poison pour les flèches et les lances.

En passant près d’un renfoncement de la rivière, ils avaient essayé de tuer un hippopotame qu’ils apercevaient marchant dans le fond de l’eau, comme un buffle broutant dans la plaine.

Se levant soudain à la surface de l’eau, le monstre culbuta le canot, et Macara se trouva obligé de nager vers le rivage, ayant perdu son fusil, qui lui avait coûté huit défenses d’éléphants.

Il ne savait plus rien de ses compagnons depuis leur naufrage.

En atteignant le rivage, et à quelques yards de la rive, il rencontra un troupeau de buffles mères avec leurs petits, qui se rendait à la rivière. Les animaux se détournèrent brusquement pour l’éviter, mais un petit buffle fut malheureusement attaqué par un de ses compagnons plus âgé, et si sérieusement blessé qu’il ne put suivre les autres dans leur fuite.

La mère, voyant son petit en arrière, revint vers lui, et choisit Macara pour l’objet de son ressentiment. Le chef, chaudement poursuivi par l’animal, qui voulait venger le mal fait à sa progéniture, fit retraite vers l’arbre le plus proche.

Le petit buffle eut beaucoup de peine à gagner l’arbre avec sa mère, et ils n’en bougèrent plus. Cette faction de deux sentinelles fort entêtées obligea Macara de grimper dans les branches supérieures du pandanus et d’y rester prisonnier. Malgré plusieurs tentatives pour quitter ce poste incommode, il avait toujours trouvé le buffle occupé à le guetter et prêt à le recevoir sur ses terribles cornes. Il souffrait, et depuis longtemps, de la soif, quand il entendit le premier coup de fusil tiré par Groot Willem, et comprit que le secours enfin approchait.

Le chef termina en invitant les chasseurs à l’accompagner le lendemain matin à son kraal, où il leur promit de leur offrir toute l’hospitalité qui serait en son pouvoir, en échange du service signalé que Willem venait de lui rendre.

L’invitation fut aussi cordialement acceptée qu’elle avait été cordialement offerte.

«Notre nouvel ami nous a dit une chose qui me plaît beaucoup, remarqua Willem. Nous savons par lui qu’il y a eu, ou qu’il y a des hippopotames dans ces environs, et peut-être ne serons-nous pas longtemps avant de commencer notre guerre contre eux.

— Questionnez-le sur les vaches marines, Congo, dit Hendrick; assurez-vous s’il y en a beaucoup dans ces parages.»

En réponse aux questions du Cafre, le chef répondit qu’on ne voyait pas souvent des hippopotames de ce côté de la rivière, mais qu’à une journée de marche, en aval, se trouvait une grande lagune, à travers laquelle courait le ruisseau; là, les vaches marines étaient aussi nombreuses que les étoiles du ciel.

«Bravo! dit Willem, et maintenant, Congo, questionnez-le sur les girafes.»

Macara ne put leur donner que peu d’espoir d’en rencontrer.

Il avait entendu parler d’un ou deux de ces animaux qui s’étaient montrés parfois, mais encore venaient-ils de loin.

«Demandez-lui s’il sait dans quelle contrée on rencontre ces animaux,» demanda Willem, qui semblait plus intéressé que ses compagnons par ce sujet.

Macara ne put pas, ou ne voulut pas répondre à cette question sans avoir pris son temps.

Il raconta que son véritable pays, celui de sa tribu, était plus éloigné, vers le nord et l’ouest, qu’ils en avaient été chassés par la tyrannie du grand roi Zula Mazelekatse, qui levait des impôts sur tous les petits chefs qui l’entouraient.

Macara ajouta que, ayant perdu aussi l’amitié de Keletu et des autres grands chefs du Makalolo, qui ne se souciaient plus de le protéger contre son formidable ennemi, lui et sa tribu avaient été forcés de quitter leurs maisons et d’émigrer où ils habitaient maintenant.

«Votre récit est plein d’intérêt, mais ce n’est pas tout ce que je voudrais savoir,» dit Groot Willem, qui se souciait assez peu des affaires des autres.

Ainsi ramené à la question, Macara dit qu’il avait tenu à leur donner des preuves de sa compétence à l’égard des girafes, car nulle part elles n’étaient plus abondantes que dans le pays d’où il avait été exilé par la tyrannie du grand roi Zula.

Swartboy interrompit ici la conversation en annonçant une bonne nouvelle: il y avait assez de viande cuite pour le repas, et environ dix livres de côtelettes de buffle furent placées devant les chasseurs et leurs invités.

Macara, qui avait paru attendre patiemment pendant la cuisson des côtelettes, commença à manger avec une certaine timidité, mais l’appétit finissant par l’emporter, toute gêne disparut bientôt, et il fit honneur au festin avec un tel entrain qu’il consomma plus à lui seul que ses quatre compagnons, donnant pour excuse que, depuis deux jours, il était complètement à jeun. L’excuse était valable; un jeûne de quarante-huit heures est certes fait pour allonger les dents du moins vorace des hommes.

Le souper achevé, tous s’étendirent autour du feu et s’endormirent.

La nuit se passa sans que les chasseurs fussent troublés dans leur repos, et, dès l’aube, ils se levèrent; mais ce ne fut pas sans surprise que, cherchant leur convive de la veille, ils constatèrent qu’il avait disparu.

«Ici, vous Swart et Congo,! cria Arend, quand il se fut aperçu de la disparition du chef. — Voyez s’il ne manque point de cheval, car il serait bien possible que nous ayons été volés.

— Par qui? demanda Groot Willem.

— Par votre ami, le Makalab; il s’est dérobé lui-même, s’il n’a dérobé rien autre.

— Je parierais ma vie, s’écria Willem d’un ton positif, que cet homme esthonnête. Bien que je ne puisse expliquer son absence, je crois qu’il nous a dit vrai.

— Que ses assertions soient vraies ou fausses, dit ironiquement Hendrick, il est certain que sa disparition est louche.»

Hans, ne sachant qu’en penser, ne se prononça pas, et Swartboy, après s’être assuré qu’il ne manquait rien, exprima l’opinion que jamais fait ne lui avait paru plus bizarre que le départ clandestin de leur nouvelle connaissance.

Après avoir laissé à leurs chevaux une heure pour pâturer, pendant qu’eux-mêmes déjeunaient des restes du buffle, nos aventuriers prirent le parti de quitter leur bivouac, et continuèrent leur marche vers le bas de la rivière.

Les chasseurs de girafes

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