Читать книгу Histoire naturelle racontée à la jeunesse - Aglaé de Bouconville - Страница 14
RACE JAUNE OU MONGOLIQUE.
ОглавлениеLa race jaune ou mongolique est plus nombreuse en individus que les autres races; on en a conclu qu’elle est plus ancienne. Elle comprend les peuples qui habitent entre les quarantième et soixantième parallèles: en Europe, les Hongrois; en Asie, les Siamois, les Chinois, les Cochinchinois, les Péguans, les Tonquinois, les Coréens, les Japonais, les peuples du Napoul, les Tibétains, les Mongols, les Mandchous, les Kalkas, les Kalmouks, les Bachkirs, les Tyaches, les Tangutiques, les Éleuths, etc. A l’exception de leurs pieds et de leurs mains, on peut les dire fort laids. Leur face est élargie comme un disque. Ils ont une singulière allure pour nos yeux délicats familiarisés avec les formes attestées belles par les artistes. Cette race jaune a le visage aplati, des pommettes saillantes, les dents verticales, les yeux écartés, les paupières bridées et peu ouvertes, un nez aplati et de grandes oreilles. Voilà un détail qui n’enchanterait pas un Européen ou une Européenne, s’ils devaient choisir un époux ou une épouse d’après l’image représentant ces traits jaunis; car il faut ajouter que leur peau a la couleur d’une écorce d’orange desséchée. Eh bien, entre eux, ces peuples se regardent certainement comme très beaux, aussi beaux que se trouvent les Européens, si tiers et si vaniteux de leur peau blanche et de leurs traits réguliers.
La race jaune ou mongolique se partage en trois rameaux: le sinique, le mongol et l’hyperboréen.
RAMEAU SINIQUE.
Le rameau sinique comprend 216,000,000 d’individus. Ce rameau, dont le nom rappelle le mot Sinæ, donné par les Romains aux peuples qui sont aujourd’hui les Chinois ou les Siamois, se rencontre dans la partie centrale et méridionale de l’Asie et dans les îles qui en avoisinent les côtes. Les peuples qui en font partie sont allés assez loin dans les arts mécaniques et chimiques. Ils ont un goût particulier pour l’étiquette, sont serviles et gouvernés despotiquement; leur antique civilisation reste stationnaire.
Le rameau sinique est partagé en cinq familles:
La famille chinoise, comprenant 160,000,000 d’individus. — Teint clair; yeux fendus en amande et relevés obliquement.
La famille coréenne, comprenant 8,000,000 d’individus. — Lèvres grosses et pâles; peau olivâtre.
La famille japonaise, comprenant 25,000,000 d’individus. — Sourcils minces et arqués.
La famille indo-chinoise, comprenant 21,000,000 d’individus. — Teint plus clair que les Indous, mais plus foncé que les Chinois. Taille petite. Civilisation moins avancée.
Ses peuples sont les Birmans, les Péguans, les Siamois et les Annamites.
Famille tibétaine, comprenant 2,000,000 d’individus. — Mêmes caractères que les autres familles. Limitée à l’Himalaya.
La famille chinoise est la plus civilisée des peuples de l’Asie orientale. Les Chinois ont formé de nombreux établissements dans les contrées de Pékin, dans l’île de Formose, dans les îles de la Sonde, dans le royaume de Siam, la presqu’île de Malaca et l’île de Ceylan.
La famille coréenne forme une race distincte. Ces peuples sont confinés dans la péninsule de Corée.
La famille japonaise parle une langue particulière; leur civilisation ressemble à la civilisation chinoise; les habitants des îles de Liéou, Khiéou, sont de la même souche.
La famille indo-chinoise comprend les nations qui habitent au delà du Gange; elles parlent une langue cultivée bien distincte des autres dialectes, et répandue dans les îles de l’océan Pacifique.
La famille tibétaine a ses tribus dispersées sur les plateaux de l’Asie orientale; elles sont peu connues; divisées en branches qui se donnent le nom de Bhots, elles s’étendent à l’ouest, à l’est et au nord-est des monts Himalaya.
RAMEAU MONGOL.
Le rameau mongol comprend 2,280,000 individus. — Probablement aborigène du mont Altaï, il s’est étendu des mont Bélur aux mers du Japon en suivant le cours du fleuve Amour, et vers le nord en suivant le cours du Iiénisséi et de l’Oby. On partage ce rameau en deux familles.
Siamois (rameau sinique).
Chinois ( rameau sinique).
La famille mongole comprend 1,620,000 individus. — Tête grosse, visage plat, poitrine large, cou court, membres forts et trapus.
Ses peuples sont les Mongols, les Bouriats et les Kalmouks.
La famille toungouse comprend 660,000 individus. — Visage moins plat, traits réguliers, taille médiocre. Ses peuples sont les Mandchous et les Toungouses.
Les trois branches qui forment la famille mongole habitent le sud du désert de Gobi. Ces tribus sont chargées de défendre les frontières de l’empire chinois. Les tribus placées vers le Tibet sont des tribus pastorales, distribuées sous différentes bannières, mais dépendant presque toutes de la cour de Pékin. Un petit nombre est sous la domination des Russes, dans les contrées autour du lac Baïkal, qui sont habitées aussi par la famille mongole. La troisième division de cette grande famille, les Kalmouks, dispersée dans toutes les contrées situées entre le lac de Khoukhou-Noor et les rives du Volga, est subdivisée en quatre branches connues sous le nom de Kalmouks, qui leur fut donné par les Russes.
La famille toungouse est l’une des familles les plus considérables du Nord-Est de l’Asie. Ces peuples occupent tout le territoire qui se trouve à l’est des Samoyèdes septentrionaux de la mer Polaire.
Les Mandchous toungouses constituent la noblesse militaire dans toutes les provinces de l’empire chinois.
RAMEAU HYPERBORÉEN.
Ces tribus avoisinent les régions hyperborées dans les deux hémisphères; de là vient leur nom. Ces tribus nomades vivent de chasse et de pêche; ils sont très voraces, et pourtant, dans la disette, ils supportent avec courage une abstinence prolongée.
Le rameau hyperboréen, comprend 200,000 individus. — Ce rameau, répandu sur un espace immense, habite les régions voisines du cercle polaire boréal. Ses peuples, en général nomades, vivent de leur chasse et de leur pêche. — Caractère irritable; reculés en civilisation. Quoique soumis à des États chrétiens, ils sont en général idolâtres.
Le rameau hyperboréen se divise en huit familles:
La famille laponne, comprenant 16,000 individus. — Originaire des Samoyèdes, elle s’est profondément modifiée.
La famille samoyède, comprenant 30,000 individus. — Errante depuis le Mézin jusqu’à la Khatauya. — Ses peuples sont les Samoyèdes et les Soyotes.
La famille iénisséienne, comprenant 38,000 individus. — Nommée aussi ostiake du Iénisséi.
La famille kamtschadale, comprenant 9,000 individus. — Habite au milieu de la péninsule de ce nom.
La famille koriaque, comprenant 8,000 individus. — Errante dans le nord du Kamtschatka.
La famille jukagire, comprenant 3,000 individus. — Errante dans le nord-est de la Sibérie, vers l’Indigiska et la Kolyma.
La famille esquimale, comprenant 50,000 individus. — Taille petite, poitrine large, peau de couleur de cuivre; cheveux noirs et durs comme du crin.
Ses peuples sont les Tchouktches, les Tchoutgaches, les Aléoutes et les Esquimaux.
La famille kourilienne, comprenant 50,000 individus. — Teint olivâtre foncé, corps velu, physionomie agréable.
La famille laponne occupe la Laponie, au nord de la péninsule scandinave. Ses tribus vivent de la chair et du lait de leurs rennes, dont la peau leur sert de vêtement et couvre leurs demeures.
Le climat de la Laponie a obtenu une célébrité fabuleuse, parce que c’est la contrée la plus froide où parvenaient les voyageurs de l’Europe occidentale. Aucun pays cependant, à latitude égale, n’a une température moins rigoureuse, ainsi qu’on peut s’en convaincre en le comparant au pays des Samoyèdes et à tous les rivages de la Sibérie, qui, plus méridionaux de deux ou trois degrés, ne sont jamais complétement dégagés des glaces avant la fin de juillet, tandis que les ports de la Laponie sont libres à la fin de mai. La mer ouverte et toujours en mouvement qui procure cet avantage aux côtes septentrionales de la Laponie les enveloppe, il est vrai, dans des brouillards humides; et ce n’est que dans l’intérieur des golfes, à l’abri des vents maritimes, et jusqu’à sept ou huit cents pieds d’élévation, que réussit la culture des céréales, et qu’on éprouve toute la force de la chaleur accumulée pendant un jour de six semaines.
Ces peuples, étrangers à notre civilisation, sont, dit-on, avares, défiants, perfides. Ils sont abrutis; on le conçoit, puisque les lumières ne pénètrent pas dans ces contrées presque abandonnées par les voyageurs. Ces pauvres peuples n’ont de relation avec les hommes que pour vendre leurs fourrures, leurs poissons, leurs fromages, que donnent leurs troupeaux de rennes, leur seule ressource pour les conduire, pour les nourrir de leur lait et les couvrir de leurs peaux. Les Lapons sont petits et faibles, et confinés dans un climat glacé, pendant neuf mois de l’année. Comment s’étonner de leur misère et de leur abrutissement? A-t-on fait quelques tentatives pour développer leur intelligence? Non; eh bien, ce sont des hommes pourtant, des hommes que l’on devrait appeler malheureux et non pas abrutis.
La famille samoyède habite les montagnes de Sayauck; les tribus de cette famille sont dispersées à l’ouest, le long de la mer Polaire, jusqu’à la partie septentrionale des monts Ourals, et en Europe jusqu’à la mer Blanche.
La famille iénisséienne forme une petite tribu isolée; elle fut souvent attaquée et forcée d’émigrer.
La famille kamtschadale occupe le Kamtschatka, grande péninsule de l’Asie. Ces peuples ont dix mois d’hiver rigoureux et triste. Les productions végétales du Kamtschatka sont peu variées. Le mélèze et le peuplier blanc y servent à la construction des habitations et des vaisseaux; le bouleau, qui forme des forêts assez étendues, est employé à faire des traîneaux; son écorce, verte, coupée en tranches minces et mêlée avec du caviar, procure un aliment, tandis que de sa séve on retire une boisson assez agréable. Les bois à brûler sont le saule et l’aune; les habitants mangent aussi l’écorce du premier; celle du second sert à teindre leurs cuirs. La racine du lis saranna remplace souvent le pain, et ils savent tirer d’une espèce d’ortie des fils qui suppléent le chanvre et le lin. On le voit, ces peuples sont bien pauvres et bien malheureux.
Nous passons à la famille esquimale, qui habite les bords de la mer Polaire. Ces peuples ne sont pas plus grands que les Lapons et ne sont pas plus beaux. Ils ont la tête énorme et la taille amaigrie, les lèvres épaisses, la bouche très grande, garnie de dents superbes. Les Esquimaux sont de bonne humeur, ce qui prouverait qu’ils sont moins malheureux que les Lapons; cependant ils ont eu à souffrir beaucoup de dévastations.
Ces malheureux Esquimaux, d’abord dépossédés de leurs terres, décimés ensuite par des guerres cruelles, n’auront bientôt plus d’asile dans ces forêts, où les tristes débris de leur race espéraient n’être jamais atteints par la civilisation. Tous se vêtissent à peu près de la même manière; ils se servent de fourrures ou de peaux, dont l’une descend de la ceinture jusqu’aux genoux, tandis qu’une autre fourrure est placée sur les épaules. Leurs bas et leurs souliers sont en cuir de daim, d’élan ou de buffle, attachés avec de petites courroies, et surchargés d’ornements de cuivre ou d’étain.
Esquimau ( rameau hyperboréen ).
Les tentes ou huttes sont composées de perches mises l’une près de l’autre, et aboutissent au sommet en forme de cône; elles sont couvertes quelquefois de peaux, d’écorces d’arbre ou de nattes de jonc; elles n’ont point de fenêtres et d’autre cheminée que leur extrémité supérieure, qui laisse passage à l’air; aussi, dans les temps pluvieux, les habitants sont-ils sans cesse exposés à être inondés ou à être suffoqués par la fumée. Les mêmes peaux sur lesquelles ils s’asseoient leur servent de lit pour la nuit; elles sont étendues autour du feu, qui brûle au milieu de la hutte.
On le voit, les peuples qui composent la race jaune ne sont pas dénués d’intelligence, puisqu’ils savent tirer parti des misérables produits des contrées qu’ils habitent, et qu’ils trouvent moyen de vivre en paix entre eux, malgré leur misère, leur climat, et le peu d’empressement que les peuples civilisés mettent à se réunir à eux pour travailler à les rendre plus instruits, plus éclairés, en un mot plus heureux.