Читать книгу Histoire naturelle racontée à la jeunesse - Aglaé de Bouconville - Страница 3
INTRODUCTION.
ОглавлениеL’étude de l’histoire naturelle offre l’intérêt le plus puissant. Cette science, qui se dévoile peu à peu aux yeux de l’observateur, révèle des vérités incontestables, et tout ce qu’elle enseigne est prouvé. Les grands secrets de la nature, où sont renfermés les principes de toutes choses, restent à jamais cachés à l’homme; mais l’étude de l’histoire naturelle en fait connaître et apprécier les résultats. L’intelligence, après avoir approfondi, peut comprendre, et l’imagination, dans cette sage étude, ne se trouvant pas exposée à s’égarer comme dans l’étude des arts, est forcée de ne pas dépasser un but dont la vérité a fixé les limites.
Quoique resserrée dans le cercle de la raison, cette étude peut toutefois s’étendre à l’infini; car les détails qui composent la nature sont innombrables autant que sublimes, et la science qui nous permet de découvrir ces détails promet autant de jouissances qu’elle offre de difficultés. C’est ainsi que l’esprit exercé à ce travail devient grave, profond et philosophique; c’est ainsi que l’homme qui en fait son ambition méprise les futilités mondaines et se prépare de véritables jouissances; son savoir n’ayant rien de factice, il est de tous les temps comme de tous les pays. Les observations du naturaliste ayant pour but de comprendre et d’enseigner des vérités, le caprice et la mode n’ont aucun droit d’appauvrir son travail. C’est à la nature qu’il demande conseil; c’est l’œuvre de Dieu qui l’inspire; c’est ainsi qu’il developpe dans son esprit des pensées dont la justesse est incontestable, qu’il agrandit son âme par la contemplation réfléchie des chefs-d’œuvre qui frappent ses yeux, et qu’il enrichit sa pensée de tous les secrets que la science lui dévoile.
La science de l’histoire naturelle comprend la description de tous les êtres qui couvrent le globe, animés ou inanimés, pensants, instinctifs ou inertes. Depuis l’homme qui occupe à une si grande distance le premier degré de l’échelle des êtres, jusqu’au polype, espèce d’animal-plante, tout dans la nature est empreint d’une puissance divine. Si le germe de la plus petite des productions se perdait, toute l’intelligence de l’homme ne pourrait lui donner le moyen de réparer cette perte; tous les efforts de son imagination seraient impuissants à reconstruire le plus minime des êtres qu’il foule aux pieds avec dédain. Là où il faut créer, l’homme finit, et Dieu commence. A Dieu seul les grands secrets qui régissent le monde, mais aussi à l’homme seul la faculté d’étudier et de contempler les travaux du Créateur. Il est vrai que la vie de l’homme est trop courte et sa vue trop bornée pour qu’il puisse embrasser cette infinie variété d’êtres divers que la magnificence céleste a répandus sur la terre; un seul produit de cette divine industrie suffirait pour occuper toute la vie d’un naturaliste.
Chez les Grecs, chez les Latins, et chez tous les peuples civilisés, on a placé les savants qui se sont livrés à l’étude de l’histoire naturelle au premier rang des hommes utiles. Dans le siècle dernier surtout, les sciences naturelles ont fait de rapides progrès. Sous des mains habiles, elles se sont dégagées de fausses notions pour s’enrichir de précieuses découvertes, et l’on est heureux aujourd’hui d’aller pénétrer, à la suite des Buffon, des Lacépède et des Cuvier les secrets que ces hommes illustres ont découverts par de studieuses et d’immortelles veilles.
Qu’on cesse donc de craindre une étude qui ne peut qu’agrandir l’esprit et l’âme, qu’affermir dans l’idée d’un Dieu créateur de toutes choses, en ouvrant les yeux sur des vérités qui attestent son existence et son pouvoir. Aider à admirer davantage les œuvres de la nature, c’est faire mieux comprendre le Créateur aux hommes mêmes qu’une sainte foi embrase, et c’est le révéler à ceux qui voudraient douter encore.
Comment ne pas voir Dieu partout où l’on étudie la nature? La plus simple de ses productions est empreinte d’une sagesse immuable. Un rien pourrait détruire l’organisation des êtres, et Dieu les maintient dans un équilibre si parfait que la mort même, en éteignant la vie, est forcée de laisser sur la terre des traces de sa victime. La plante morte reste plante aussi bien que chaque animal anéanti demeure ce qu’il était vivant, et ce reste tel quel, qui n’a de nom dans aucune langue, conserve sa désignation dans le langage scientifique. Voyez ces galeries monumentales frappées du sceau du génie de Cuvier, voyez ces pierres animées du souvenir des êtres indentifiés à elles: ces animaux fossiles ont été reconnus, nommés et classés. Les volcans, les révolutions, les siècles entassés sur leur sépulture n’ont pu détruire leur organisation au point de forcer le savant à confondre leurs espèces.
Au moment où l’esprit se développe, à l’instant où le maître ose prononcer à son élève le nom du Créateur, accueillir pour lui l’étude de l’histoire naturelle, c’est offrir à l’enfant le moyen le plus simple et le plus vrai d’adorer son Dieu en l’admirant dans ses œuvres?
Est-il besoin d’ajouter que l’ouvrage d’histoire naturelle que nous offrons aujourd’hui, composé et écrit par une femme, peut être mis entre les mains des jeunes personnes sans qu’on s’expose à blesser la délicatesse d’un sentiment qui est l’apanage exclusif de leur sexe.