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RACE ROUGE.

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Table des matières

Cette race, que l’on nomme Indiens d’Amérique, peut, sous quelques rapports, se comparer avec la race jaune; leur peau va du jaune au rouge cuivré. Cette race est formée par toutes les tribus qui occupent le Mississipi, la Californie, le Mexique; les Péruviens, les Brésiliens, les insulaires des Antilles, les habitants de la Guyane, de la Terre-de-Feu, etc., tous vont errants dans les forêts, ne vivent que de chasse et de pêche. Ils sont vindicatifs et cruels, insouciants de l’avenir, oublieux du passé, passionnés pour la guerre et pourtant généreux et hospitaliers.

La race rouge est partagée en deux rameaux, le septentrional et le méridional.

RAMEAU SEPTENTRIONAL.

Le rameau septentrional comprend 500,000 individus. — C’est dans ce rameau que les caractères de la race rouge sont les mieux prononcés. Ils peignent leur corps en rouge. Ces peuples sont les restes d’une population considérable, qui s’étendait des côtes de l’océan Atlantique à celles de l’océan Pacifique.

Il se partage en trois familles.

La famille lennape, comprenant 150,000 individus. — Étendue sur le sud-ouest de la Nouvelle-Bretagne et le nord-ouest de la Washingtonie.

La famille iroquoise, comprenant 100,000 individus. — Réduite à quelques petites tribus, dont font partie les Hurons.

La famille floridienne, comprenant 250,000 individus. — Mœurs douces; dispositions à la civilisation.

Les hommes du rameau septentrional sont grands et robustes, le teint cuivré, les sens très développés; ils ont de la patience et du courage et savent supporter les privations et les souffrances. La famille lennape est une des plus célèbres des nombreuses tribus entre lesquelles se partage ce rameau. Ces peuples sont toujours en guerre contre les Sioux, qu’ils savent vaincre souvent à cause de leurs fusils, dont ils se servent très habilement.

Les Iroquois, dont la tribu la plus celèbre est celle des Hurons. Cette tribu, puissante autrefois, est réduite aujourd’hui à de petits groupes. Habitant à l’est du lac Huron, elle ne compte pas 1,600 individus, tous agriculteurs et catholiques, de mœurs simples et douces. Les Osages appartiennent à cette division.

Enfin la famille floridienne comprend six nations principales et indépendantes. Nous citerons entre autres les Crecks, les Natchès, les Chactas. Chateaubriand a immortalisé ces tribus, autrefois très puissantes, ayant un gouvernement monarchique absolu dans leur chef. Ces peuples adoraient le soleil. La famille des Chérokées a conservé son indépendance et embrassé le christianisme. Ce peuple a fait de rapides progrès dans la civilisation.

Près le détroit de Behring, sont les Koliouges et d’autres tribus, ennemis implacables des blancs.

RAMEAU MÉRIDIONAL.

Le rameau méridional comprend 4,500,000 individus. — Il s’étend depuis le milieu du Mexique jusqu’au cap Horn. Les caractères des peuples de ce rameau sont plus variables que dans les Indiens du Nord; c’est parmi eux que se trouvent les nations les plus propres à la civilisation.

Il se partage en huit familles.

La famille astèque, comprenant 2,500,000 individus. — Reste des fondateurs de l’ancien empire du Mexique; elle s’étend jusqu’au Guatimala.

Ses peuples sont les Salivas.

La famille quichuenne, comprenant 1,315,400 individus. — Teint foncé, formes massives, traits prononcés, physionomie sérieuse.

Ses peuples sont les Quichuas, les Aymaras, les Atacamas et les Changos.

Indien éowah (rameau septentrional).


La famille antisienne, comprenant 145,000 individus. — Teint plus clair, formes moins massives, traits plus efféminés.

Saliva (rameau méridional).


Ses peuples sont les Yuracarès, les Mocéténès, les Tacanas, les Maropas et les Apolistas.

La famille araucanienne, comprenant 34,000 individus. — Habite dans les Andes, vers les confins du Chili et de la Patagonie; c’est un peuple belliqueux.

Araucano (rameau méridional ).


Charruas (rameau méridional).


Ses peuples sont les Aucas et les Fuégiens.

La famille pampéenne, comprenant 32,500 individus. — Elle s’étend depuis le détroit de Magellan jusqu’au nord de Picolmayo. Teint brun marron; taille très grande; nez court, épaté ; traits prononcés: physionomie froide, souvent féroce.

Ses peuples sont les Patagons, les Puelches, les Charruas, les Mocobis, les Mataguayos, les Abipones et les Lenguas.

La famille chiquitéenne, comprenant 19,300 individus. Elle habite le sud-est de la Bolivie. Teint brun clair; formes peu robustes; taille moyenne; figure enjouée et vive; pommettes non saillantes; bouche moyenne; lèvres minces.

Ses peuples sont les Samucus, les Chiquitos, les Saravécas, les Otukés, les Curuminacas, les Covarécas, les Curavès, les Tapiis, les Curucanécas, les Paionécas et les Corabécas.

La famille moxéenne, comprenant 27,200 individus. Elle habite vers les confins de la Bolivie, du Pérou et du Brésil. Teint brun olivâtre, peu foncé ; nez court, peu large; lèvres et pommettes peu saillantes. Physionomie douce, un peu enjouée.

Ses peuples sont les Moxos, les Chacapuras, les Itonomas, les Canichanas, les Movimas, les Cayuvavas, les Pacaguaras et les Iténès.

La famille guaranienne, comprenant 557,000 individus. Elle s’étend depuis la mer des Antilles jusqu’au Rio de la Plata; composée de peuplades sauvages, converties par les missionnaires du dix-huitième siècle.

Ses peuples sont les Garanis et les Botocudis.

Les caractères de ce rameau sont, à peu de chose près, ceux de l’autre, mais on y trouve des variétés réelles dans la taille et les traits des différents types. Le type colombique a la taille élevée, le corps agile, le teint rouge cuivré, le nez bien fait, le front élevé. Ce portrait est celui des nations répandues dans le Canada, les États-Unis, le Mexique. Ces nations, essentiellement chasseresses, ne connaissent que la navigation des rivières.

Le type mexicain a la taille plus petite et trapue; son teint est rouge, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses. Cette race agricole est celle qu’on trouva la plus civilisée lors de la découverte du nouveau monde.

Le type caraïbe, autrefois puissant et maître du delta entre l’Orénoque et l’Amazone, est à moitié éteint; il était guerrier et commerçant, naviguant sur les mers et les rivières du continent.

Le type péruvien diffère peu du type mexicain, mais il tend à l’obésité. Cette race est agricole, répandue depuis l’équateur au 40° latitude sud, entre les Andes et le grand Océan. Sa civilisation y était celle du Mexique.

D’innombrables nations peuplent la Colombie, la Guyane, le Brésil, Bolima, les provinces de la république Argentine. Toutes ces nations ont des types assez identiques; ce sont elles qui composent la race américaine reconnue par Bory-Saint-Vincent et qu’il appelle proprement dite.

Les hommes de ces nations sont en général de taille moyenne; ils ont les membres arrondis et la tête grosse, les traits du visage assez réguliers; mais l’usage répandu chez ces peuples de se défigurer par des incisions, pour passer des ornements dans la chair de leur visage, empêche de bien juger leurs traits.

Quelques peuplades de ces familles nombreuses vivent errantes dans les forêts; ils passeraient ici pour des géants. On raconte, dans le voyage de Magellan en 1519, que le capitaine offrit à boire à un de ces hommes qui vinrent le visiter. Lorsqu’il eut satisfait sa soif et sa gourmandise, il jeta par hasard les yeux sur un miroir, et recula de frayeur à sa vue. Néanmoins cet homme prit du goût pour tout l’équipage, et plusieurs géants vinrent le visiter. Un jour on voulut faire plusieurs prisonniers; mais ils se révoltèrent, et, de doux et gais qu’ils avaient été jusque-là, ils devinrent cruels, rompirent leurs chaînes et s’enfuirent. Qui avait tort dans cette circonstance, de Magellan ou de ceux qu’il appelait les sauvages? Qui était la victime ou l’agresseur, de Magellan ou des Patagons?

On trouve dans la subdivision du rameau méridional la famille des Astèques, qui est représentée aujourd’hui par les Mexicains. Les Espagnols ont renversé l’empire de ces familles, dont la puissance a été réelle. On trouve dans la famille pampéenne la tribu des Charuas. Jamais ces peuples sauvages n’ont pu supporter le joug de la civilisation: ils ont été cruels pour les paisibles habitants des campagnes; le meurtre et l’incendie les suivaient partout; mais ces hommes d’un force athlétique ont été presque détruits par le général Ribeira, président de la république Orientale en 1832. Du reste, ils se sont battus avec courage, et on peut croire que, si, au lieu de les tuer comme on tue des bêtes féroces, on les avait amenés à l’obéissance par d’habiles moyens, on eût conservé une peuplade vigoureuse, qui, éclairée par la morale, eût formé des hommes braves et intelligents. Les Charuas ont le teint cuivre rouge, la tête ronde, les yeux vifs et brillants; la forme arquée de leurs jambes accuse l’habitude du cheval; leur menton est orné d’un bouquet pointu; leur physionomie est expressive, énergique, et cruelle si l’on contrarie leurs passions. Ils domptent les chevaux sauvages avec intrépidité, sans éperons, ni selle, ni mors: une tresse de cuir passée dans la bouche du cheval leur sert à le guider. La lance, les flèches, la fronde, le lacet et les boules sont leurs armes. Leur habillement consiste en un morceau de cuir ou de peau de bête fauve, quelquefois aussi d’un morceau de drap grossier, dont ils se ceignent les reins, et en une espèce de cape ou manteau fait des mêmes matières, avec lequel ils se couvrent les épaules, ayant soin de placer le poil en dessous. Le dessus de cette cape, qu’ils nomment quillapi, est ordinairement peint de couleurs tranchantes, qui forment des dessins assez réguliers, mais d’un goût fort bizarre. L’autre partie du vêtement s’appelle chilippa.

Les familles chiquitienne, moxéenne, guaranienne, ont aussi le teint cuivré ; mais la plupart sont doux et gais. Cette dernière famille s’étend de la mer des Antilles au Rio de la Plata; les Caraïbes, les Botocudos, appartiennent à cette famille. C’est parmi eux où l’on trouve encore quelques antropophages, mais aussi c’est chez ces peuples que de courageux missionnaires vont porter les paroles de l’Évangile et les sentiments de l’amour fraternel. Ces peuples ont pour habitude de fendre leurs lèvres pour les orner de prétendus ornements, quelquefois très volumineux: cela prouve qu’ils ont, comme tous les hommes, une sorte de coquetterie, mais peu de goût dans le choix de leur parure.

Histoire naturelle racontée à la jeunesse

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