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Nous avons parlé un peu légèrement des figures qu’il mêla à ses paysages «classiques». Gardons-nous d’oublier que lorsqu’il a abordé l’étude de la forme vivante dans ses rapports avec le milieu atmosphérique où elle baigne, Corot s’est montré l’égal des plus grands maîtres. Son incomparable finesse d’œil, là encore, l’a admirablement servi. Il n’avait jamais négligé la figure. Dès son premier voyage en Italie, il avait copié plusieurs fragments, des fresques du Campo-Santo; Andrea del Sarto surtout, le grand Andrea de l’Annunziata, l’avait ensuite enthousiasmé, et il en avait fait de respectueuses copies. Pour son Agar au désert (1835) et son Saint Jérôme, il avait beaucoup travaillé d’après le modèle vivant; pour la décoration de la chapelle des fonts baptismaux, à Saint-Nicolas du Chardonnet (où il peignit un Baptême du Christ, aujourd’hui à peu près invisible grâce à la construction d’un mur, aggravée par la pose de vitraux aussi médiocres de dessin que faux de ton et vulgaires de couleur), il avait abordé la «grande nature». Il avait ambitionné alors de plus importants travaux de décoration murale, et des tableaux comme l’Eurydice blessée ou la Toilette montrent ce qu’il eût pu faire en ce genre. Si le détail anatomique de ses figures nues n’est pas toujours impeccable, les relations des carnations (admirablement dans l’air) avec l’enveloppe atmosphérique sont d’une justesse et d’une qualité si rares que l’œil en reste comblé de plaisir. Enfin, il ne cessa jamais, pour son intime satisfaction de peintre, de brosser, sans aucune pensée d’exposition ni de vente, diverses études de Liseuses, Jeunes filles à la mandoline, Intérieur d’atelier, etc., qui sont, pour la seconde partie de son œuvre et dans une note très différente, ce que les études d’Ilalie furent pour la première. Dans ces morceaux faits sous un jour d’atelier, il est plus franchement «coloriste» que dans ses paysages; il y laisse au ton local toute sa plénitude, recherche des harmonies plus étoffées et des sonorités plus soutenues, sans jamais compromettre d’ailleurs cette impression totale et cette rigoureuse discipline des détails qui résultent de l’observation constante et de la présence de l’air ambiant. On pourrait citer de cette série quelques pièces dignes des plus grands maîtres; sans les imiter directement, avec une palette et des procédés différents, elles évoquent la ressemblance, tantôt de Van der Meer de Delft, tantôt de Velasquez, tandis que quelques Intérieurs de cuisine n’auraient pas déplu à Pieter de Hooch... Et, sans doute, on peut demander autre chose encore à un tableau et les esthéticiens transcendants doivent être respectés; mais croyons-en Chardin, c’est bien bon de bonne peinture!

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