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— Vous savez qu’il va mal, dit le garçon, revoyant Prométhée quelques jours après.

— Qui?

— Damoelès — oh! très mal: — c’est en sortant de votre conférence qu'il a pris cela...

— Mais quoi, cela?

— Les médecins hésitent; — c’est une maladie si rare... ils parlent d’un rétrécissement de la colonne...

— De la colonne?

— De la colonne. — A moins d’un salut brusque et miraculeux, le mal ne peut que s’aggraver. Il est très bas, je vous assure, et vous devriez l’aller voir.

— Vous l’allez voir souvent?

— Moi? tous les jours. Il s’inquiète de Coclès; je lui porte de ses nouvelles.

— Que n’y va-t-il lui-même?

— Coclès? — Il est trop occupé. Votre discours, l’ignorez-vous? a fait sur lui un effet extraordinaire. Il ne parle plus que de se dévouer et passe tout son temps à chercher partout dans les rues une nouvelle gifle qui vaille quelque argent à un nouveau Damocle. Il tend en vain son autre joue.

— Prévenez le Millionnaire.

— Je le renseigne chaque jour. C’est même pour cela (pie je vais chaque jour voir Damocle.

— Que n’y va-t-il lui-même?

— C’est ce que je lui dis, mais il refuse. II ne veut pas être connu. Damoclès guérirait pourtant s’il connaissait son bienfaiteur: je le lui dis, mais it persiste, veut garder son incognito — et je comprends bien maintenant que c’est, non Damoclès, mais bien sa maladie qui l’intéresse.

— Vous parliez de me présenter...?

— Dès maintenant, si vous voulez.

Du même pas ils y allèrent.

Oeuvres complètes de André Gide: Romans

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