Читать книгу Toutes les Oeuvres Majeures d'Aristote - Aristote - Страница 62
CHAPITRE II
ОглавлениеIdée générale du changement, d’après le sens étymologique du mot qui le désigne. Quatre espèces du changement ; réduction à trois ; la génération et la destruction des choses ne sont pas des mouvements. - Rapport du non-être au changement et au mouvement. - Il n’y a qu’une seule espèce de changement qui soit du mouvement.
Tout changement se faisant d’un certain état en un autre état, et le mot grec lui-même le prouve, puisqu’une partie de ce mot signifie qu’une chose a lien après une autre, et que par conséquent on distingue ici quelque chose d’antérieur et quelque chose de postérieur, on doit dire que ce qui change peut changer de quatre manières : d’abord d’un sujet dans nu sujet ; de ce qui n’est pas sujet dans ce qui n’est pas sujet non plus ; en troisième lieu, de ce qui n’est pas sujet dans ce qui est sujet ; et enfin de ce qui est sujet dans ce qui n’est pas sujet. J’entends d’ailleurs par sujet ce qui est indiqué par l’affirmation.
Une conséquence nécessaire de ceci, c’est qu’il n’y a réellement que trois changements possibles : d’un sujet dans un sujet ; d’un sujet dans ce qui n’est pas sujet ; et de ce qui n’est pas sujet dans ce qui est sujet ; car le mode de changement qui aurait lieu de ce qui n’est pas sujet dans ce qui n’est pas sujet, n’est pas vrai dire un changement, puisqu’il n’y a point là d’opposition véritable, et qu’il n’y a ni contraires, ni contradiction.
Le changement par contradiction de ce qui n’est point sujet dans un sujet, est la génération. La génération est absolue quand le changement a lieu absolument ; elle est spéciale et relative quand le changement est celui d’une certaine qualité spéciale. Ainsi, le changement de ce qui n’est pas blanc et devient blanc est la génération du blanc. Mais le changement de ce qui n’existant pas absolument vient à être, est la génération absolue, d’après laquelle on dit simplement et d’une manière absolue que la chose devient, sans dire qu’elle devient telle ou telle chose.
Le changement du sujet en non-sujet s’appelle destruction ; pris d’une manière absolue, c’est le changement de l’être au non-être ; pris d’une manière relative, c’est le passage à la négation opposée, ainsi que nous venons de le dire pour la génération.
Le non-être peut s’entendre d’ailleurs de plusieurs façons. Mais il ne peut y avoir de mouvement ni pour le non-être qui est exprimé par composition ou par division, ni pour ce qui est en simple puissance, c’est-à-dire l’opposé de l’être qui existe réellement et absolument en acte. Ainsi, le non-blanc ou le non-bon peut néanmoins avoir du mouvement indirectement ; car l’être qui n’est pas blanc, par exemple, peut fort bien être un homme. Mais ce qui absolument parlant n’est point telle ou telle chose réelle, ne peut du tout être en mouvement ; car il est impossible que ce qui n’est pas reçoive le mouvement. Par suite, et si cela est vrai, la génération ne peut être appelée un mouvement, puisque c’est le non-être qui est engendré et devient quelque chose.
Mais bien que le non-être, quand il devient, devienne le plus souvent de façon accidentelle, il est vrai de dire de l’être qui devient absolument qu’il existe comme non-être.
Il en est de même aussi pour le repos du non-être, et l’on trouve ici toutes les mêmes difficultés qui s’appliquaient à son mouvement.
Et si tout ce qui se meut doit nécessairement être dans un lieu, le non-être n’est pas dans un lieu ; car il faudrait alors qu’il existât quelque part.
La destruction ne peut pas être un mouvement non plus que la génération ; car c’est ou le mouvement ou le repos qui est contraire au mouvement, tandis que la destruction est contraire à la génération.
En résumé, comme tout mouvement est un changement d’une certaine espèce, et qu’il n’y a réellement que les trois espèces de changement que nous avons indiquées ; et comme les changements qui se rapportent à la génération et à la destruction des choses, ne sont pas des mouvements et ne sont que de simples oppositions contradictoires, il s’ensuit nécessairement qu’il n’y a que le changement d’un sujet dans un sujet qui puisse être pris pour un mouvement véritable.
Quant aux deux sujets, ils sont ou contraires ou intermédiaires ; car la privation doit être regardée comme un contraire ; et pour l’exprimer, on se sert aussi de l’affirmation, comme quand on dit, par exemple, le nu, le blanc et le noir.