Читать книгу La cornue vivante et ses mystères - Auguste 1802-1890 Debay - Страница 14

LE CHYLE (du grec khilos, suc)

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Le chyle, dernière transformation des aliments, est un fluide très-complexe, ainsi que nous le verrons-plus bas. Il revêt la couleur blanche ou rosée, selon le genre de nourriture animale ou végétale; il est onctueux et d’une saveur légèrement sucrée. Après la digestion complète des aliments, il devient d’un blanc laiteux; cette couleur est due à la graisse émulsionnée par les sels de potasse et de soude qu’il contient.

Examiné au microscope, le chyle présente deux sortes de globules sphériques, en suspension dans un liquide séreux; les uns sont de simples corpuscules graisseux; les autres sont les vrais globules du chyle de nature albumineuse.

Le chyle, extrait de ses vaisseaux et abandonné à lui-même, se sépare en trois parties: l’une liquide, l’autre solide, la troisième forme une couche mince-qui surnage, c’est la matière grasse.

Pendant son trajet dans les vaisseaux où il circule, le chyle subit diverses transformations: il devient plus épais; la fibrine y puise ses éléments; une matière rougeâtre, composée de carbone, d’hydrogène, d’oxygène et d’un peu de fer, y prend naissance; c’est la matière qui formera bientôt l’hématosine du sang.

La composition chimique du chyle doit nécessairement participer de celle des aliments digérés; c’est, en effet, ce qui a lieu. — Le chyle provenant de la digestion des viandes est plus azoté que celui que fournissent les fécules et les légumes herbacés. — Le chyle provenant de ces derniers aliments est plus hydro-carboné que le chyle fourni par les viandes et leurs similaires. C’est ce que plusieurs analyses chimiques ont constaté dans les chyles des carnivores et des herbivores. — Le chyle de l’homme tient le milieu entre ces deux sortes de chyle, en voici l’analyse:


Ainsi qu’on le voit par ce tableau, le chyle est composé de sels divers, de sucre qui n’est pas encore en graisse; d’acides lactique et butyrique en dissolution; de graisses saponifiées, divisées en molécules très-tenues; et, enfin de fibrine et d’albumine solubles.

§ 14

Vaisseaux chylifères

(ou absorbant les sucs nutritifs)

Le chyme oubouillie alimentaire qui baigne la surface intérieure du canal digestif, chemine lentement de l’estomac aux intestins, sollicité par un mouvement de haut en bas, nommé mouvement péristaltique. — Dans l’épaisseur de la membrane muqueuse qui tapisse les voies digestives, courent une infinité de petits vaisseaux, peu visibles à l’œil nu, vrais suçoirs, chargés de pomper les sucs nutritifs contenus dans le chyme. Ces petits vaisseaux sont les chylifères proprement dits; mais ils ne sont point les seuls à remplir cette fonction, les radicules veineuses des intestins et les vaisseaux lymphatiques absorbent aussi les sucs nutritifs pour les porter directement dans le torrent de la circulation. — Lorsque la digestion est sur le point de finir, si l’on ouvre les vaisseaux chylifères, on les trouve gonflés d’un liquide laiteux. La couleur blanchâtre du chyle est due à l’émulsionnement de matières grasses contenues dans les aliments; car le chyle revêt une couleur opaline, quand la nourriture s’est trouvée complètement privée de graisse.

§ 15

Direction des vaisseaux chylifères

Ces vaisseaux, d’une ténuité microscopique à leur naissance dans les parois de l’intestin, se réunissent, peu à peu, en branches plus visibles; puis, à certains endroits, ils s’élargissent, s’enroulent les uns autour des autres, et, au moyen d’un mucus agglutinatif, forment des espèces de grumeaux de variables grosseurs, auxquels l’éminent physiologiste MOLESCHOTT a donné, à tort, le nom de glandes mésentériques. En effet, ces glandes se composent d’un entrelacement de vaisseaux chylifères dont le volume augmente par le seul fait de la réunion de plusieurs en un seul. Lorsque les petits vaisseaux chylifères ont, par leur réunion, formé des troncs plus gros, ils se résolvent tous en un tronc unique, se dirigeant de droite à gauche, vers la onzième vertèbre dorsale, pour atteindre le réservoir du canal thoracique. Mais, avant de s’ouvrir dans ce canal, le gros tronc chylifère reçoit deux petits vaisseaux remplis d’un liquide transparent (la lymphe) provenant de diverses parties du corps; de telle sorte que le dernier tronc chylifère verse dans le canal thoracique un fluide composé de chyle et de lymphe.

§ 16

Direction du canal thoracique

Ce canal commence dans le bas ventre; à peu de distance de ce point il se dilate et forme comme une ampoule, nommée réservoir de Pecquet. De là il monte dans la poitrine en traversant le diaphragme, s’appuie sur les vertèbres dorsales, à côté de l’aorte, glisse derrière l’œsophage et s’ouvre dans la veine sous-clavière gauche. Pendant son trajet, le canal thoracique reçoit successivement les vaisseaux lymphatiques du ventre, de la poitrine et de la tête, qui lui apportent leur produit.

Les vaisseaux chylifères proprement dits versent le chyle dans la veine cave supérieure et de là dans la veine sous-clavière gauche. Une partie des vaisseaux lymphatiques et des veines intestinales pompent aussi les sucs nutritifs et les versent dans la veine Porte qui les transmet au foie; après une nouvelle élaboration, le foie les transmet à la veine cave supérieure et inférieure, de telle sorte que les deux veines caves supérieure et inférieure chargées des sucs épurés de la digestion, les déversent dans les cavités droites du cœur. Lesang, encore impur, passe du cœur dans les poumons où son carbone est brûlé par l’oxygène de l’air respiré, et, aussitôt, de noir qu’il était, il devient rouge-vermeil (sang artériel). Des poumons le sang est versé, par les veines pulmonaires, dans le côté gauche du cœur, et de là, dans la grosse artère AORTE qui se distribue dans l’organisme entier. — Telle est, en résumé :

1° La marche que suit le chyle pour arriver à la veine sous-clavière gauche dans laquelle il se jette;

2° L’oxygénation du sang qui sort du poumon débarrassé de son carbone;

3° La distribution à tous les organes du corps des. molécules nutritives que charrie le sang artériel.

La cornue vivante et ses mystères

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