Читать книгу La cornue vivante et ses mystères - Auguste 1802-1890 Debay - Страница 6

DESCRIPTION SOMMAIRE DES Organes de la digestion

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En toutes choses il faut un commencement, surtout lorsque le commencement est la clef qui ouvre toutes les portes par lesquelles on doit entrer successivement dans le mystérieux laboratoire de la digestion.

Sans doute, la description des organes digestifs qui va suivre sera, pour la plupart des lecteurs, aride, ennuyeuse, peut-être; ils auront hâte de passer les feuillets hérissés de mots techniques et souvent bizarres. Cependant, cette lecture est de toute nécessité pour bien comprendre le sujet complexe que nous allons traiter. — Comment jouer d’un instrument si l’on en ignore la gamme? — Comment se rendre compte du mouvement d’une montre, si l’on n’en connaît point le mécanisme? — C’est logique; il n’y a pas à répliquer.

Certes, nous ne nions pas que les termes anatomiques soient peu agréables et souvent incompréhensibles pour beaucoup de personnes; c’est pour obvier à cet inconvénient que nous avons employé des mots usuels, toutes les fois qu’il a été possible; mais les mots techniques, qui n’ont pas de synonymes dans le vocabulaire ordinaire, nous avons été forcé de nous en servir, en mettant, toutefois, la signification à côté.

Or, nous adressant aux lecteurs qui n’auraient point la patience d’étudier ce second chapitre, nous les prions, lorsqu’ils seront arrêtés par quelques difficultés dans le courant de l’ouvrage, d’y avoir recours afin de les lever.

Une très-courte description du tube intestinal et de ses annexes est indispensable, afin que les lecteurs étrangers à la physiologie puissent facilement saisir le mécanisme des divers organes dont le concours est de toute nécessité à l’accomplissement de la digestion.

§ 1.

Le canal digestif, dans l’échelle animale, offre, selon les espèces, de nombreuses variétés de formes et de dimension. Chez les êtres placés au bas de l’échelle zoologique, le canal digestif est des plus simples; sa longueur égale à peine celle du corps de l’individu; tandis que chez les herbivores des échelons supérieurs, il mesure vingt à vingt-cinq fois la longueur de leur taille prisé de la tête à la naissance de la queue. — Les animaux carnassiers ne présentent que quatre fois cette longueur. — Chez l’homme, qui tient le milieu entre les herbivores et les carnivores, la longueur du tube digestif équivaut à cinq et six fois celle du corps. — L’étendue de ce tube, dans les diverses séries d’animaux, est parfaitement en rapport avec leur système dentaire et avec les aliments dont ils font usage. Le. canal digestif, à partir de la bouche jusqu’à l’anus, se compose de l’œsophage, de l’estomac et des intestins; ces derniers se subdivisent en intestins grêles et gros intestins. Les grêles sont le duodénum ou second estomac, — le jéjunum et l’iléon. Les gros intestins se nomment cœcum, côlon et rectum. Trois membranes entrent dans leur composition: la plus extérieure est de l’ordre des séreuses; — la moyenne est musculaire, et l’intérieure appartient aux muqueuses. C’est dans cette dernière membrane que sont logés les follicules ou petites glandes, les. vaisseaux exhalants et absorbants ou chylifères, sans lesquels la nutrition est impossible.

Les dépendances du canal digestif strictement nécessaires à la digestion, sont: — le foie, qui secrète la bile, et le pancréas, glande qui élabore le suc pancréatique. L’ensemble de ces divers organes constitue l’appareil digestif. Nous ferons observer ici que les mots canal ou tube digestif, très-souvent. employés métaphoriquement pour le mot appareil, ne doivent désigner que la bouche, — l’œsophage, — l’estomac et les intestins.

§ 2

La bouche

Tout le monde sait que la bouche est une cavité circonscrite par les joues, cachant deux mâchoires armées de dents, une langue et un gosier; mais ce que beaucoup ignorent, ce sont les dépendances de la bouche: — Les glandes salivaires, sublinguales et parotides; — une énorme quantité de petites glandes ou follicules mucipares; — la langue; — le voile du palais et le pharynx.

La bouche peut être considérée comme la première cavité, ou le commencement du tube digestif. Elle est tapissée d’une membrane muqueuse qui doit sa couleur rouge au réseau vasculaire sanguin qui l’inonde. Dans l’épaisseur de cette membrane naissent une foule de petites glandes appelées mucipares parce qu’elles sécrètent une humeur muqueuse. — En haut, le palais; sur les côtés, les arcades alvéolaires recouvertes par les gencives et dans lesquelles sont enchâssées les dents. — Au fond, le voile du palais, cloison mince, très-mobile, offrant un appendice conique, la luette. Le voile du palais forme une arcade à double cintre et se termine, de chaque côté, par deux faisceaux membraneux: les piliers du voile palatin.

§ 3

La langue, organe à usagés multiples, occupe une grande partie de la bouche; plusieurs muscles concourent à sa formation: le génio-glosse, l’hypo-glosse, le stylo-glosse, le glosso-pharyngien, les muscles linguaux. Les autres muscles à fibres transversales et longitudinales prennent leurs attaches sur le derme muqueux et sur la ligne médiane de la langue. Tous ces muscles, à leviers différents, permettent à la langue de se mouvoir en tous sens, de s’allonger, de se raccourcir, de gâcher et amalgamer les substances alimentaires.

La sensation des saveurs, la dégustation, la prononciation et l’articulation des mots; l’action de retourner les aliments broyés par les dents; l’action d’expulser les corps étrangers, de cracher, etc., sont dévolues à la langue. On lui distingue deux faces, les bords et la pointe. La face supérieure divisée par une ligne médiane en deux parties égales, est hérissée d’une multitude de petites éminences désignées sous le nom générique de papilles, et divisées en trois genres..

1° Les papilles coniques reconnues par les physiologistes expérimentateurs, comme étant le siége du goût, reçoivent leurs filets nerveux du nerf lingual;

2° Les papilles fongiformes dont les fonctions ne sont pas encore bien déterminées, mais qu’on suppose auxiliaires des papilles coniques;

3° Les papilles folliculeuses, disposées sur deux lignes en forme de V; on peut les apercevoir à l’œil nu en tirant la langue; leur fonction est de sécréter le mucus buccal; elles reçoivent leurs filets nerveux du nerf glosso-pharyngien.

La face inférieure de la langue est libre dans son tiers antérieur. Sa base, vulgairement nommée pomme d’Adam, tient à l’os hyoïde et à la mâchoire inférieure. Sa partie libre offre un repli formé par la membrane muqueuse nommé frein ou filet de la langue. — Chez les nouveau-nés il arrive, mais très-rarement, que la longueur du filet gêne la succion; une petite excision est alors nécessaire. Il faut, dans ce cas, faire bien attention de ne pas couper les deux veines ranines, placées de chaque côté, car une hémorrhagie s’ensuivrait.

Au-dessous de la base de la langue, à la partie antérieure du cou, est placé le larynx, conduit de la respiration, contigu aux organes de l’arrière-bouche.

§ 4

Les glandes salivaires

Ces glandes sont au nombre de trois paires: — les parotides, — les sous-maxillaires — et les sous-linguales.

Les parotides sont situées aux angles de la mâchoire inférieure, entre sa branche montante et le conduit auditif. Leur forme est presque pyramidale; elles sont composées des obules dont chacun d’eux possède un petit canal excréteur. La réunion de ces petits canaux forme le canal parotidien ou de Sténon, d’une ligne de diamètre, qui rampe sur la joue, traverse le muscle buccinateur et va s’ouvrir à la partie interne de la joue en face de la première grosse molaire.

Les sous-maxillaires, beaucoup moins volumineuses que les parotides, sont situées en bas et en dedans de la mâchoire inférieure. Leurs conduits excréteurs, arrivés aux côtés du frein de la langue, aboutissent à un orifice étroit, percé au sommet d’un petit tubercule qui embrasse le frein dudit organe; c’est de cet orifice minuscule que sort la salive sécrétée par les glandes sous-maxillaires.

Les sous-linguales sont cachées dans la membrane muqueuse du plancher de la bouche, derrière l’arcade dentaire inférieure. De même que les précédentes elles possèdent une foule de petits conduits excréteurs, mais qui s’ouvrent séparément à la surface de la muqueuse.

§ 5

La salive

La composition de la salive est très-complexe; on y trouve des matières organiques et beaucoup de sels,. dont voici la liste d’après les dernières analyses chimiques:

Oléate, margarate et lactate de soude.

Carbonates, phosphates de magnésie, de chaux.

Des chlorures de soude, des alcalis, du mucus.

Une graisse phosphorée, une matière albumineuse à laquelle on a donné le nom de ptialine (du grec ptuô, je crache).

Toutes les matières inorganiques du sang y sont représentées.

Enfin, l’eau s’y trouve dans la proportion de 95 pour 100.

La salive saine est généralement alcaline; néanmoins, et assez souvent, une réaction acide a lieu, sans qu’on ait encore pu en connaître la vraie cause. Quoi qu’il en soit, la salive est une des nécessités de la digestion; des individus atteints de fistules salivaires, devenues incurables, sont arrivés, par suite d’insuffisance de salive, à un état de maigreur extrême, et ont fini par succomber.

§ 6

Le pharynx, sac musculo-membraneux, occupant l’arrière-bouche et servant de vestibule à l’œsophage. Le pharynx est, de même que la bouche, tapissé d’une membrane muqueuse; il possède trois larges faisceaux de muscles qui, en raison de leur fonction, sont nommés constricteurs. C’est par l’action de ces muscles constricteurs que la pâte alimentaire, venant de la bouche, est saisie et poussée dans l’œsophage.

Nous mentionnerons ici, pour les gens du monde, le simple mais ingénieux mécanisme dont s’est servie la nature pour que la déglutition puisse s’effectuer sans danger: — Les aliments sortant de la bouche pour arriver au pharynx doivent forcément passer sur le larynx ou canal de la respiration; l’ouverture laryngienne (la glotte) est momentanément fermée par une soupape (l’épiglotte), au moment ou le bol alimentaire traverse l’isthme du gosier; — l’épiglotte ne se relève qu’après chaque bouchée avalée, pour permettre à l’air d’entrer dans le poumon. Il est impossible d’avaler et de respirer en même temps; le lecteur qui en douterait peut essayer... Nous le répétons, l’épiglotte, servant d’opercule, s’oppose à l’entrée de la plus petite parcelle liquide ou solide dans les voies aériennes; et, lorsque, par accident, une introduction a lieu, on est pris d’accès violent de toux et même de suffocation, jusqu’à ce que le corps étranger soit expulsé. L’histoire grecque nous a transmis le fait de la mort du poëte Anacréon, étouffé par un pépin de raisin qui s’était engagé dans le larynx.

§ 7

L’œsophage, de deux mots grecs dont la traduction est: — Je porte le manger. C’est un canal membraneux qui fait suite au pharynx: il descend appuyé sur la colonne vertébrale, derrière le larynx, glisse sur la crosse de l’aorte, accompagne à droite l’aorte descendante, franchit l’ouverture diaphragmatique et aboutit à l’estomac avec lequel il se confond à son orifice cardiaque. Son rôle est de transmettre à l’estomac la pâte alimentaire que lui a livrée le pharynx. — L’œsophage possède à un haut degré les deux mouvements péristaltique et anti-péristaltique. C’est au moyen du premier qu’il force les aliments à descendre dans l’estomac; c’est par le mouvement anti-péristaltique, qu’il provoque le vomissement et expulse violemment les matières que l’estomac refuse de garder.

La cornue vivante et ses mystères

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