Читать книгу La cornue vivante et ses mystères - Auguste 1802-1890 Debay - Страница 4
ОглавлениеEXPLICATION AU LECTEUR
Comparer l’estomac à une cornue, paraîtra étrange à plus d’un lecteur, et pourtant cette comparaison est précise; en voici la preuve.
La cornue reçoit les matières diverses qu’y introduit le chimiste. — L’estomac reçoit, de même, les divers aliments qu’on lui donne. — Dans la cornue, les matières, soumises aux lois d’affinité, réagissent les unes sur les autres, se décomposent et se transforment en de nouveaux corps. — Dans l’estomac, les mêmes phénomènes se passent à l’égard des aliments et des boissons. Donc, la comparaison est exacte.
COUP D’ŒIL RAPIDE SUR LA DIGESTION ET LA NUTRITION
Les aliments, broyés sous les dents et imprégnés de salive, forment une pâte grossière que la langue retourne en tous sens. Cette pâte, poussée par les mouvements de la langue et les contractions du pharynx (le gosier), s’engage dans l’œsophage (conduit faisant suite au pharynx) et descend dans l’estomac. Arrivée dans ce viscère, cette pâte est aussitôt pénétrée par le suc gastrique; de douceâtre, de légèrement alcaline qu’elle était, elle devient franchement acide et prend alors le nom de chyme. Telle est la première transformation des substances alimentaires dans l’estomac.
Sous l’action combinée des mouvements triturateurs de l’estomac et des réactions opérées par le suc gastrique, le chyme est bientôt transformé en bouillie homogène, grisâtre, visqueuse et acide. — Au bout d’un temps variable, selon l’énergie des forces digestives, cette bouillie franchit l’ouverture pylorique et descend dans le premier intestin (le duodénum) ou second estomac. Là, de nouvelles réactions et transformations chimiques s’opèrent au contact de la bile et du fluide pancréatique sécrété par la glande pancréas. (Voyez sa description, page 27, section 3, § 12). — Dans les sucs ou fluides nécessaires à la digestion, se trouvent trois dissolvants spéciaux:
1° La pepsine qui désagrége et liquéfie les viandes et toutes les matières azotées;
2° La diastasine qui liquéfie l’amidon et toutes les substances amylacées;
3° Le suc pancréatique dont la fonction est d’émulsionner toutes les matières grasses contenues dans les aliments.
Le chyme, émulsionné et devenu plus liquide, quitte le duodénum pour descendre lentement dans les autres intestins grêles. Pendant ce trajet, les vaisseaux chylifères et les veines de la membrane muqueuse intestinale puisent, dans la bouillie chymeuse, un fluide lactescent, quelquefois rosé ou jaunâtre, nommé CHYLE. — Les vaisseaux chylifères et une partie des vaisseaux lymphatiques du tronc se dirigent vers un petit canal appelé thoracique. Ce canal prend naissance dans le bas-ventre, où il se dilate pour former un renflement dit canal de Péquet; puis il se retrécit et monte intérieurement le long de la colonne vertébrale. Dans son trajet il reçoit tous les vaisseaux chylifères, et une grande partie des vaisseaux lymphatiques lui apportent leur tribut. Arrivé au niveau de la première côte, le canal thoracique se glisse derrière l’œsophage et va s’ouvrir dans la veine sous-clavière gauche, logée sous la clavicule et munie d’une valvule pour s’opposer au retour du chyle.
Les vaisseaux lymphatiques du bras droit, de la moitié droite de la poitrine, du cou et de la tête se réunissent, de distance en distance, pour former un canal appelé grande veine lymphatique droite, qui monte dans la poitrine du côté opposé au canal thoracique et va déverser sa lymphe dans la veine sous-clavière gauche. — C’est ainsi que le sang se renouvelle incessamment dans le cours de la vie. Les matières non assimilables de la bouillie alimentaire, s’écoulent par le gros intestin et sont rejetées au dehors.
Telles sont, en abrégé, les réactions chimiques et les transformations des aliments qui s’opèrent dans l’estomac, vraie cornue vivante, ayant les intestins et les vaisseaux chylifères pour tubes et la veine sous-clavière pour récipient du chyle, dernière transformation des sucs alimentaires.
Ici, finissent les phénomènes de la digestion; mais le sang veineux où circulent les produits multiples représentés par le chyle et la lymphe, n’est point le sang qui doit porter la vie dans tous les organes du corps; il va subir une dernière transformation dans un autre genre de cornue: les POUMONS, et voici comment: — Le sang veineux, charriant le chyle et la lymphe, arrive dans le côté droit du cœur, d’où il est aussitôt chassé dans les poumons. Là, au contact de l’oxygène de l’air qu’on a respiré, de noir qu’il était, le sang veineux passe au rouge vermeil, descend dans le côté gauche du cœur et devient sang artériel. — Du ventricule gauche du cœur, il est lancé dans tous les organes, dans tous les tissus du corps, où il va porter la chaleur et la vie.
Ce rapide exposé de la digestion et des phénomènes qui l’accompagnent, ne donne qu’une idée très-incomplète de cette importante fonction. C’est dans les chapitres suivants que le lecteur trouvera la description de toutes les pièces qui composent l’appareil digestif, et qu’il acquerra la connaissance complète du mécanisme qui opère la transformation des aliments en sucs nutritifs.