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§ II. Discordance d’action dans la vie organique.

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A côté des phénomènes de la vie externe, plaçons maintenant ceux de la vie organique; nous verrons que l’harmonie n’a sur eux aucune influence. Qu’un rein plus fort que l’autre sépare plus d’urine; qu’un poumon mieux développé admette, dans un temps donné, plus de sang veineux, et renvoie plus de sang artériel; que moins de force organique distingue les glandes salivaires gauches d’avec les droites; qu’importe? la fonction unique à laquelle concourt chaque paire d’organes, n’est pas moins régulièrement exercée. Qu’un engorgement léger occupe l’un des côtés du foie, de la rate, du pancréas; la portion saine supplée, et la fonction n’est pas troublée. La circulation reste la même au milieu des variétés fréquentes du système vasculaire des deux côtés du corps, soit que ces variétés existent naturellement, soit qu’elles tiennent à quelques oblitérations artificielles de gros vaisseaux, comme dans l’anévrisme.

De là ces nombreuses irrégularités de structure, ces vices de conformation qui, comme je l’ai dit; s’observent dans la vie organique, sans qu’il y arrive pour cela discordance des fonctions. De là cette succession presque continue de modifications qui, agrandissant et rétrécissant tour à tour le cercle de ces fonctions, ne les laisse presque jamais dans un état fixe. Les forces vitales et les excitans qui les mettent en jeu, sans cesse variables dans l’estomac, les reins, le foie, les poumons, le cœur, etc. y déterminent une instabilité constante dans les phénomènes. Mille causes peuvent à chaque instant doubler, tripler l’activité de la circulation et de la respiration, accroître ou diminuer la quantité de bile, d’urine, de salive secrétées, suspendre ou accélérer la nutrition d’une partie; la faim, les alimens, le sommeil, le mouvement, le repos, les passions, etc. impriment à ces fonctions une mobilité telle, qu’elles passent chaque jour par cent degrés divers de force ou de foiblesse.

Tout, au contraire, est constant, uniforme, régulier dans la vie animale. Les forces vitales des sens ne peuvent, de même que les forces intérieures, éprouver ces alternatives de modifications, ou du moins à un degré aussi marqué. En effet, un rapport habituel les unit aux forces physiques qui régissent les corps extérieurs: or, celles-ci restant les mêmes dans leurs variations, chacune de ces variations anéantiroit le rapport, et alors les fonctions cesseroient.

D’ailleurs si cette mobilité qui caractérise la vie organique, étoit aussi l’attribut des sensations, elle le seroit, par-là même, de la perception, de la memoire, de l’imagination, du jugement, et conséquemment, de la volonté. Alors que seroit l’homme? entraîné par mille mouvemens opposés, jouet perpétuel de tout ce qui l’entoureroit, il verroit son existence, tour à tour voisine de celle des corps bruts, ou supérieure à celle dont il jouit en effet, allier à ce que l’intelligence montre de plus grand, ce que la matière nous présente de plus vil.


Recherches physiologiques sur la vie et la mort

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