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III

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Messer Galeotto avait consacré toute son existence à la recherche de la pierre philosophale.

Après avoir achevé ses études à la Faculté de médecine de Bologne, il s'était fait admettre comme élève chez le célèbre adepte des sciences occultes, le comte Bernardo Trevisano. Puis il chercha pendant quinze ans les transformations du mercure dans toutes les substances, le sel de cuisine et le sel ammoniaque, dans différents métaux, dans le bismuth vierge et l'arsenic, le sang humain, la bile et les cheveux, les animaux et les plantes. Un héritage de six mille ducats s'était évaporé dans la fumée. Sa fortune dépensée, il s'attaqua à celle d'autrui. Ses créanciers le firent mettre en prison. Il s'échappa, et durant huit ans il fit des expériences sur les œufs, dont il détruisit plus de vingt mille. Ensuite il travailla avec le protonotaire du pape, maître Enrico, à la fabrication de vitriols, resta malade pendant quatorze mois des suites d'un empoisonnement causé par des émanations, fut abandonné de tous et faillit mourir.

Supportant la misère, les humiliations, les persécutions, il visita, manipulateur errant, l'Espagne, la France, l'Autriche, la Hollande, l'Afrique septentrionale, la Grèce, la Palestine et la Perse. En Hongrie, sur l'ordre du roi, on le soumit à la torture, dans l'espérance qu'il révélerait son secret. Enfin, vieux, fatigué, mais non encore désillusionné, il revint en Italie, sur l'invitation de Ludovic le More, et reçut le titre d'alchimiste de la cour.

Le centre du laboratoire était occupé par un four biscornu, en terre réfractaire, avec de nombreux compartiments, des portes, des creusets et des soufflets. Dans un coin traînaient, sous un amas de poussière, des scories, des mâchefers, semblables à de la lave refroidie.

La table de travail était encombrée d'appareils compliqués: des alambics, des masques, des récipients divers, des cornues, des entonnoirs, des mortiers, des cucurbites, des tubes serpentiformes, d'énormes bouteilles et de minuscules flacons. Une odeur violente se dégageait des sels vénéneux, des alcalis et des acides. Tout un monde mystérieux était enfermé dans les métaux—les sept dieux de l'Olympe, les sept planètes—dans l'or, le Soleil; dans l'argent la Lune; dans le cuivre, Vénus; dans le fer, Mars; dans le plomb, Saturne; dans l'étain, Jupiter; dans le vif argent, Mercure. Il y avait aussi des substances à noms barbares, qui effaraient les profanes, tels le cinabre lunaire, le lait de loup, l'airain d'Achille, l'astérite, l'androdame, l'anagallis, le rhaponticum, l'aristoloche, obtenues au prix de mille peines. Une précieuse goutte de sang de lion, qui guérit de tous les maux et donne l'éternelle jeunesse, brillait comme un rubis.

L'alchimiste était assis à sa table. Maigre, petit, ridé ainsi qu'un vieux champignon, mais toujours vif, alerte, messer Galeotto, la tête appuyée dans ses mains, observait avec attention une cornue qui doucement vibrait sur la flamme bleue de l'alcool. C'était de l'huile de Vénus, Oleum Veneris d'un vert transparent comme la smaragdite. La bougie qui brûlait à côté projetait un reflet émeraude sur le parchemin d'un manuscrit ouvert sur la table, une étude de l'alchimiste arabe Djabira Abdallah.

Entendant des pas dans l'escalier, Galeotto se leva, enveloppa d'un coup d'œil son laboratoire, fit un signe au domestique muet pour lui ordonner d'ajouter du charbon dans le four et alla au devant de ses invités.

Le Roman de Léonard de Vinci: La résurrection des Dieux

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