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DU CHOIX DES CHIENS DE MEUTE

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L’ancien usage tolérait de chasser à tir les louveteaux et les louvarts: l’usage actuel ne permet plus que de les forcer. Là existe une grande amélioration de goût, car l’art de la vénerie consiste à forcer; tout, dans la chasse du veneur, doit donc tendre à obtenir ce résultat. Le croisement du chien anglais avec nos races de Normandie, de Vendée, de Saintonge, du Poitou, est un grand perfectionnement, qui permet de forcer certains animaux, dont la vigueur soutenue était plus grande que celle de nos anciens chiens. Parmi ces animaux, je citerai un louvart de janvier qui peut être, comme les sangliers, bêtes rousses, bêtes de compagnie et ragots, forcé avec des bâtards d’un croisement avancé, ce qui était auparavant sinon impossible, du moins excessivement rare. Mais tout en connaissant, pour forcer, l’avantage d’avoir des chiens plus vites et de plus de fonds, je préférerais, pour la chasse des louveteaux et même des louvarts de novembre et de décembre, des bâtards ayant peu de sang anglais, parce que ce pied excessif et cette vitesse soutenue ne me paraissent pas indispensables pour prendre, et que plus le croisement est avancé, moins les chiens ont de gorge; moins bien on entend leur délicieuse harmonie, moins on jouit de la chasse, qu’on suit de moins près et dont on goûte moins les chances heureuses. Les défauts mêmes que l’on éviterait avec des chiens de plus grand pied ne sont-ils pas d’ailleurs nécessaires pour que le succès soit aussi émouvant, aussi agréable que possible, puisqu’ils procurent des contrariétés accidentelles qui viennent donner à la victoire plus de prix et de charme. Pour chasser le vieux loup, le chien anglais pur sang, ni même le bâtard de cinquième ou de quatrième croisement, ne me paraissent pas non plus devoir être choisis. Effectivement, si l’on n’a qu’un petit équipage, on ne peut raisonnablement prétendre qu’à faire tuer le vieux loup après quatre, cinq heures de pleine chasse; dès lors, il faut, au contraire, des chiens d’une vitesse moyenne, qui permettent de bien les suivre, même de les devancer, et voici pourquoi: Malgré l’opinion générale que le vieux loup ne se chasse qu’autant qu’on se décide à le suivre par monts et par vaux, d’aller passer la nuit avec lui et ses chiens à une vingtaine de lieues de l’attaque, on peut presque sûrement contraindre un vieux loup à ne pas quitter un bois d’une lieue carrée. Il faut, pour y parvenir, une meute parfaitement bien dans la voie, une attaque habile, et, pour suivre, quelques veneurs qui usent de la trompe avec réserve et entente pour empêcher le loup de débucher, et qui, pour cela, se partagent les différentes lisières de la forêt, puis ne sonnent qu’au moment où le loup est sur le point de prendre la plaine, ce que la voix des chiens indique par la proximité du loup de la meute quand il est bien chassé et seulement par quinze ou vingt chiens d’un croisement peu avancé. Si l’on avait, au contraire, suffisamment de chiens pour diviser son équipage en deux ou trois petites meutes, on pourrait, je crois, forcer les vieux loups d’après le mode que je viens d’indiquer. En admettant que l’on ne parvînt pas à faire rester le loup dans une étendue de bois aussi petite qu’une lieue carrée, il serait presque toujours possible de l’empêcher de s’éloigner beaucoup des chiens réservés pour les jours suivants. (J’ai sous les yeux cet ouvrage, annoté par le vieux Comte de Sarcus, son professeur ès-vénerie, qui dit: «Ici, je demande pardon à l’auteur, mais je trouve que cette manœuvre est beaucoup plus facile à effectuer dans son cabinet les pieds sur les chenets, près d’un bon petit feu, et après un beau rêve de chasse, qu’en forêt.») Une seule difficulté pourrait se présenter, ce serait de pouvoir le rembucher, car il pourrait ne pas être sorti du tout de la partie de forêt où on l’aurait laissé la veille, ou bien, s’il en était sorti, y être rentré trop tôt pour que le limier en eût connaissance. On devrait alors quêter avec quelques chiens les bois où l’on aurait cessé de le chasser, et l’on serait à peu près sûr de l’y retrouver; mais, autre inconvénient non moins grave, il pourrait alors se lever fort loin des chiens et sa voie pourrait devenir impossible à suivre autrement qu’à trait de limier. J’ai chassé quatre jours sur cinq les mêmes vieux loups, mais, comme il ne m’était pas encore venu à l’idée de faire chasser mes chiens alternativement, j’ai forcé ma meute au lieu de forcer les loups: j’ai perdu huit chiens sur vingt à la suite de cette chasse.

Un siècle de vénerie dans le nord de la France

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