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XIV

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Table des matières

Comme Gédéon venait de regagner, non sans peine, sa chambre, on le prévint qu’on allait lui donner un lit, et qu’il eût à venir le chercher.

Ce fut bientôt fait. Le lit du troupier, bien que suffisant, est des plus simples.

Soit: deux tréteaux de fer, trois planches, un matelas, une paillasse, un traversin, une couverture, et des draps.

Ce meuble primitif peut se déménager dix fois en une demi-heure.

Gédéon le trouva singulièrement étroit.—Si j’ai, se dit-il, le malheur de m’endormir, je ne songerai plus à me tenir en équilibre, et certainement je tomberai.

Si encore on dormait avec un balancier!

Le lit monté, il s’agissait de le faire; c’est à quoi s’escrimait Gédéon, lorsqu’un hussard, son voisin, lui expliqua qu’il s’y prenait on ne peut pas plus mal. Il le disposait en effet, ô simplicité! comme s’il eût dû se coucher dedans.

Mais au 13e hussards, on ne se couche pas le soir comme on fait son lit le matin, tant s’en faut.

Le matin on dispose son lit pour l’œil, pour l’apparat; le soir seulement on l’arrange pour la nuit. Un lit bien fait, pour une revue, doit être plat et carré comme une table. On obtient ce résultat en pliant les draps et la couverture d’une certaine façon, mais on n’y arrive pas du premier coup, ainsi que s’en aperçut le nouveau hussard.

Son lit terminé, tant bien que mal, avec l’aide d’un camarade, Gédéon se hasarda à demander au brigadier si on lui donnerait bientôt un uniforme.

—Vous pouvez être tranquille, june homme, lui fut-il répondu, on a écrit au tailleur, qui est à Paris, de venir vous prendre mesure; mais en attendant il faut vous mettre à l’ordonnance. Ohé, le bourreau!

Un hussard, les mains pleines de cirage, s’avança brandissant d’énormes ciseaux.

Gédéon comprit qu’il avait affaire au perruquier de l’escadron. Il trembla. Ses cheveux étaient soignés, il avait la faiblesse d’y tenir; il voulut dire quelques mots pour les défendre, mais le brigadier lui ordonna de se taire et de s’asseoir; il obéit.

—Au moins, dit-il au perruquier, vous devriez bien vous laver un peu les mains.

—Ah! tu m’insultes, méchant bleu, grogna l’artiste militaire, attends, attends, je vais te mettre à l’ordonnance.

Il fit plus, car l’ordonnance dit: cheveux en brosse, et Gédéon fut tondu comme un œuf.

—Subsidiairement qu’on le rase, dit le brigadier; qu’on le rase.

—Ah! par exemple! s’écria Gédéon exaspéré, ce serait assez difficile, je n’ai pas sur la figure un traître poil, et il montrait ses joues.

—Hein! déjà de l’insubordination!

Gédéon s’exécuta en soupirant.

Le perruquier ne put lui couper la barbe, et pour cause; mais il trouva moyen de lui faire deux ou trois balafres.

Tondu et rasé, Gédéon cherchait autour de la chambre une fontaine, un réservoir, un peu d’eau enfin, pour se tremper la tête, mais il ne voyait que la cruche de grès.

Alors on lui apprit à se servir du lavabo naturel en usage au 13e hussards.

On prend dans la bouche une gorgée d’eau aussi copieuse que possible; puis, se penchant en avant, on laisse tomber l’eau peu à peu, et avec les mains on s’en lave aisément le visage.

C’est aussi simple que cela.

Diogène eût cassé sa cuvette, Gédéon fut simplement saisi d’admiration.

Le 13e Hussards, types, profils, esquisses et croquis militaires... á pied et á cheval

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