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III

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Or, cette idée est des plus naturelles aujourd’hui; elle est presque un système.

Prudhomme, que nous avons vu jadis flétrir les excès d’une soldatesque effrénée et tracer en rougissant une peinture énergique de la licence des camps, Prudhomme est complètement revenu de ses injustes préventions.

Pour lui, l’armée n’est plus qu’un lycée correctionnel, fondé à la seule fin de tirer de peine les papas embarrassés de leurs mauvais sujets de fils, un gymnase orthopédique moral qui se charge gratis du redressement des caractères vicieux et des instincts mauvais. C’est pour quoi il y envoie bravement ses héritiers manger de la vache enragée.

C’est un pis-aller honorable, commode, et surtout fort économique; où trouver mieux?

L’armée, à ce système, doit chaque année quelques centaines de chenapans et de cerveaux brûlés qui viennent d’un air décidé essayer l’uniforme, et qui huit jours après donneraient tout au monde pour s’en aller.

Les sept dixièmes tournent mal; et si les familles ne se hâtent de les faire remplacer—ce qui coûte de l’argent—bon nombre vont en Afrique prendre l’air des compagnies de discipline, ou, pour parler comme au régiment, rouler la brouette à biribi.

Croyez, excellent monsieur Prudhomme, qu’il m’en coûte de vous arracher une de vos dernières illusions, mais cependant retenez bien ceci:

1º Le régiment ne corrige rien du tout, et votre fils, au bout de deux ans, vous reviendra exactement le même, sinon pire.

2º Au régiment—en temps de paix—on n’adore pas les engagés volontaires. Oh! mais là, pas du tout.

Je sais des colonels qui les ont en horreur. Il en est un—je l’ai connu particulièrement—qui toutes les fois que, selon l’usage, on lui présentait un engagé volontaire nouvellement arrivé au corps, lui adressait la phrase sacramentelle que voici:

—Vous êtes engagé?

—Oui, mon colonel.

—Ah! très-bien. Mais, dites-moi, vous n’aviez donc aucun moyen d’aller vous faire pendre ailleurs?

L’accueil n’est pas encourageant, c’est un fait, mais les colonels ne sont pas des marchands de soupe, et la conscription donne tous les ans à l’armée assez de sujets pour la dispenser de recourir au fils de famille.

M. Veuillot, il est vrai, assure quelque part que «l’épée est un moyen de moralisation.» Mais parole de M. Veuillot n’est pas parole d’Évangile, et peut-être prétend-il parler des zouaves du saint-père.

Je sais bien, monsieur Prudhomme, que vous avez dans votre sac une foule d’exemples à me citer, vous allez me conter l’histoire de ce général qui...

De grâce, arrêtez, vos exemples ne sont que des exceptions. Il y en a. Bon nombre d’engagés volontaires arrivent, mais ceux-là ont un bien autre courage que monsieur votre fils et que tous ces étourneaux qui s’engagent pour faire pièce à leur famille ou parce qu’ils ont été séduits par la pompe de l’uniforme et par les éclats de la musique.

Avec un peu de courage vous pouviez faire de votre fils un médiocre parfait-notaire ou un très-honnête commerçant, vous en avez fait un mauvais soldat; et encore, il vous reviendra, soyez-en sûr, avant dix-huit mois et sans avoir, à l’exception de la charge en douze temps, appris «sous les drapeaux» autre chose qu’à jurer et à boire militairement la goutte.

Le 13e Hussards, types, profils, esquisses et croquis militaires... á pied et á cheval

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