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XV

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Enfin elle finit, cette première journée d’épreuves.

Depuis une demi-heure la retraite était sonnée. On avait fait l’appel du soir.

Les hommes causaient çà et là dans la chambre, éclairée par une mince chandelle, car on peut veiller jusqu’à l’extinction des feux, c’est-à-dire jusqu’à dix heures.

D’autres étaient couchés; Gédéon pensa qu’il pouvait faire comme eux, et avec mille précautions pour ne pas choir, il se glissa sous sa couverture.

Il allait s’endormir lorsque tout à coup on le découvrit brusquement.

Cinq ou six de ses nouveaux camarades, bizarrement costumés, étaient autour de son lit, armés de pinceaux à cirage et d’éponges à blanc.

Alors un vieux soldat, le plus ancien, lui expliqua que, conformément à l’usage, on allait le baptiser hussard, en noir ou en blanc à son choix.

Gédéon ne savait s’il devait rire ou se fâcher, lorsqu’un mot prononcé près de lui l’éclaira.

—Camarades, arrêtez! s’écria-t-il, je suis dans mon tort; je n’ai pas encore payé ma bienvenue, mais je veux réparer mon oubli.

Brosses et pinceaux se retirèrent.

—Je vous invite tous, poursuivit Gédéon, à me suivre à la cantine.

L’invitation fut acceptée, et, de mémoire de hussard, jamais réception n’avait été aussi belle: la dépense s’éleva à près de trente francs.

Au moment le plus brillant de la fête, une discussion extrêmement grave faillit troubler la gaieté générale. Deux vieux hussards se disputaient à qui serait le camarade de lit d’un bleu qui faisait si bien les choses.

Ce mot effraya Gédéon, il pensait à la largeur de la couchette.

Mais on lui expliqua que ce nom de camarade de lit, vrai dans toute son acception lorsque les soldats couchaient deux à deux, n’a plus aujourd’hui que la signification de copin. Les soldats, en effet, ont conservé l’habitude de s’associer deux par deux, et cette dualité offre des avantages réels.

Deux camarades de lit doivent être inséparables, presque solidaires; ils s’entr’aident, se prêtent la main, mettent tout en commun, répondent enfin l’un pour l’autre.

Autant que possible, à chaque conscrit, on donne pour camarade de lit un vieux soldat, qui devient, en quelque sorte, son répétiteur, et l’initie aux détails intimes du service.

Le plus vieux doit aide et protection au plus jeune. Le bleu doit obéissance et la goutte à son ancien.

Avoir un bon camarade de lit est pour un engagé volontaire un vrai quine à la loterie, une chance d’avancement. On raconta même à Gédéon des choses prodigieuses à ce sujet; comme, par exemple, que le général D*** a toujours pour brosseur son premier camarade de lit, et que jamais il n’a manqué de l’inviter, tous les matins, à boire avec lui un petit verre de vieille.

Cependant, les deux compétiteurs n’ayant pu s’entendre, sommèrent Gédéon de choisir entre eux. Il était dans le plus grand embarras, lorsque le brigadier intervint et désigna un vieux hussard maigre et tanné presque célèbre au 13e sous le nom de La Pinte.

Fort de cette décision, La Pinte déclara que le premier qui embêterait son bleu aurait affaire à lui, La Pinte, connu pour n’avoir pas froid aux yeux.

Le 13e Hussards, types, profils, esquisses et croquis militaires... á pied et á cheval

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