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II

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Il n’y a pas de cela longues années, le jeune Gédéon Flambert jouissait en paix de la réputation du plus détestable garnement de la ville de Mortagne, une de ces agréables sous-préfectures de quinze mille âmes, où chacun a le droit incontestable et sacré de vivre tranquille comme Baptiste, heureux comme le poisson dans l’eau et libre comme l’air, à la seule et bien simple condition d’accepter sans révoltes ni murmures la surveillance et le contrôle de ses quatorze mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf concitoyens.

Les fredaines—à Mortagne, on disait les débordements—de Gédéon étaient un des aliments les plus piquants et les plus vifs de toutes les conversations de la ville, et certes on pouvait parler longtemps sans tarir.

A dix-huit ans qu’il avait à peine, ce déplorable sujet—la désolation de sa famille—avait déjà contracté des dettes au Café militaire, inséré des vers dans l’Écho Mortagnais, et écorné, à dire d’experts, la vertu et la réputation de trois ou quatre grisettes sentimentales et romanesques.

Sans compter qu’il avait déjà tous les instincts du spadassin.

Une nuit, au bal travesti que donne tous les ans le théâtre, pour la mi-carême, il s’était pris de querelle avec un jeune homme des environs, l’avait conduit presque de force sur le pré et là, avait échangé avec lui des explications qui s’étaient terminées par un dîner trop largement arrosé.

C’en était trop. Aussi, tous les gens sensés n’avaient qu’une voix pour flétrir une semblable conduite, et même un soir, au Cercle littéraire, M. Narrault, juge de paix, homme sévère mais juste, n’avait pas hésité à comparer Gédéon à Faublas pour les aventures scandaleuses, et à Lacenaire à cause de son goût pour la poésie.

On trouva généralement la comparaison exagérée, mais les pères de famille prudents n’en défendirent pas moins à leurs fils la fréquentation d’un si précoce mauvais sujet.

Gédéon, presque fier de cet interdit, se souciait infiniment peu des bavardages de Mortagne; malheureusement il en était pas de même de son père.

L’excellent M. Flambert, qui du matin au soir avait les oreilles ahuries de compliments de condoléance sur les frasques de l’héritier de son nom, croyait voir sa considération sérieusement menacée par l’inconduite de son fils. Déjà plusieurs fois il avait songé sérieusement à prendre le parti de mourir de chagrin, lorsque M. Narrault, le juge de paix, homme sévère mais juste, lui conseilla «de destiner son Gédéon à la carrière des armes,» ou, en d’autres termes, de le faire soldat bon gré mal gré.

Le 13e Hussards, types, profils, esquisses et croquis militaires... á pied et á cheval

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