Читать книгу Le 13e Hussards, types, profils, esquisses et croquis militaires... á pied et á cheval - Emile Gaboriau - Страница 9
VI
Оглавление—Comme tu feras la route en chemin de fer, dit M. Flambert à son fils au moment où ils sortaient de la mairie, tu as au moins huit jours devant toi; profites-en pour t’amuser.
Et généreusement il sortit quelques louis de sa poche.
Gédéon était trop bon fils pour ne pas obéir scrupuleusement. Il ne songea donc qu’à enterrer le plus joyeusement du monde sa vie de bourgeois. On but en l’honneur du nouveau héros beaucoup de punch et de vin chaud au Café militaire et à l’estaminet de la ville. Un vieux commandant du premier Empire, M. de Tamballery, dont tout Mortagne admira longtemps la tenue et les cols-carcan, crut devoir lui donner de précieuses instructions, mais il abusa de ses avantages pour lui raconter toutes ses campagnes et lui faire une description infinie de la bataille de Lutzen, où il avait été blessé.
Enfin, le moment de la séparation arriva.
—Souviens-toi, mon fils, dit M. Flambert à Gédéon, que tu as ton avenir entre les mains. Tu as tout ce qu’il faut pour parvenir. Conduis-toi bien, et «reviens-moi avec l’épaulette.»
—Je ne reviendrai qu’avec deux épaulettes, dit Gédéon.
Il partit.
Alors seulement M. Flambert eut quelques doutes sur l’excellence du parti qu’il venait de faire prendre à son fils. Ah! s’il n’eût dû lui en coûter qu’un billet de cinq cents francs, avec quel bonheur il eût dit à l’enfant prodigue:
—Reste, ne me quitte pas.
Mais, à moins de deux mille francs, on ne trouve guère de remplaçant.
Et encore, d’aucuns estiment que ce n’est pas cher.