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ОглавлениеParis, 10 avril.
LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN CORSE
Le directeur d’un journal ajaccien, M. Saint-Elme, vient de succomber aux suites d’une sanglante agression dont il a été victime en Corse. Nous n’avons d’abord ni à défendre sa personnalité, ni à juger ses actes; mais les circonstances tragiques qui enveloppent sa mort nous font un devoir de réclamer une enquête.
Il est trop évident que les querelles de parti sont mêlées à ce meurtre: M. Saint-Elme attaquait avec une extrême vivacité l’administration et la coterie qui s’est adjugé le gouvernement de l’île. Aussi une légitime émotion s’est emparée du pays quand l’adversaire politique de l’opportunisme fut frappé dans la rue. Cette émotion redouble depuis que le système fatal des représailles a supprimé le malheureux écrivain. L’humanité exige que la vérité soit connue et que justice soit faite.
Nous voulons croire que les autorités officielles d’Ajaccio ont déploré des scènes sauvages qui montrent sous un singulier jour les dangers de la liberté de la presse dans un département français.
En tout cas, il semble que M. André, préfet de la Corse, en villégiature depuis quatre mois, pourrait trouver à son poste des occupations suffisantes: les agents de M. Waldeck-Rousseau n’ont pas l’habitude de s’offrir tant de vacances et de loisirs peu justifiés.