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ROUTE DE BAR-LE-DUC A NANCY. — ARRIVÉE A NANCY.

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Le retour du Prince à la gare se fait au milieu des acclamations qui l’avaient accueilli à son arrivée.

Après avoir reçu les adieux des autorités, S. A. Impériale remonte en wagon, et le train s’élance.

Au delà de Bar-le-Duc, le chemin de fer traverse de nouveau le canal.

A la station de Mançois on quitte la vallée de l’Ornain, et l’on s’engage dans le vallon de Motteval pour arriver avec une rampe de huit millimètres par mètre au col de Lunéville, qui sépare le bassin de l’Ornain du bassin de la Meuse. La tranchée de Lunéville a vingt-deux mètres de profondeur; ses talus ont été consolidés avec une légère maçonnerie en pierres sèches disposées en ogive. C’est un mode nouveau de construction à la fois élégant et économique.

A Commercy, la station était tout émaillée de fleurs et d’arbustes.

A Foug, entre Commercy et Toul, M. de Sivry, préfet de la Meurthe, M. Baylin de Montbel, inspecteur général du ministère de la police, attendaient S. A. Impériale au milieu d’un concours immense de populations. Le général Marey-Monge, commandant la 5e division militaire à Metz, était venu à la rencontre du prince à Bar-le-Duc.

Les bâtiments de la station de Toul, décorés avec un goût parfait pour la fête, sont établis dans le genre des chalets suisses et d’un enlèvement facile. Les exigences militaires n’ont pas permis de les construire en maçonnerie.

Les 3e et 6e dragons, quatre compagnies du 73e de ligne, sont rangés en bataille et passés en revue par le Prince aux cris répétés de: Vive Napoléon!

A la station suivante, à Fontenay, le chemin de fer traverse le canal de la Marne au Rhin et ensuite la Moselle. Le pont de la Moselle est composé de sept arches de seize mètres d’ouverture et cent douze mètres de débouché.

A Liverdun, la montagne sur la rive gauche forme un promontoire que l’on a traversé en souterrain pour l’établissement du canal de la Marne au Rhin. Le chemin de fer contourne le promontoire en coupant deux fois la Moselle au moyen de ponts composés de cinq arches de vingt-quatre mètres d’ouverture, qui dépassent le niveau du pont-canal de toute la hauteur nécessaire pour le passage de la navigation.

Nous ne faisons qu’entrevoir la pittoresque cité de Verdun, où les évêques de Nancy avaient autrefois leur résidence.

A sept heures, le frein siffle et le convoi s’arrête devant Frouard, d’où part l’embranchement de Metz et de Sarrebruck. Les nombreux ouvriers occupés aux écluses qui doivent opérer la jonction du canal de la Marne au Rhin avec la Meurthe et la Moselle font retentir les airs de leurs acclamations.

De la station, on aperçoit à quelque distance les clochetons d’une chapelle qui rappelle un grand événement: c’est la chapelle de Saint-Eucaire. Des fouilles y firent découvrir deux cents squelettes ayant la tête séparée du tronc. Les légendes parlent de vingt-deux cents (2,200) martyrs immolés dans ce lieu par les ordres de Julien l’Apostat. C’est la mémoire de ces martyrs que consacre la chapelle.

A huit heures du soir, le convoi entrait dans la gare de Nancy. Là se trouvaient réunies les autorités de la ville et du département. L’arrivée du chef de l’État est aussitôt annoncée à toute la cité par des salves d’artillerie et les cloches mises à la volée. Une foule immense se pressait aux environs du débarcadère; les cris de: Vive Napoléon! Vive l’Empereur! retentissaient de toutes parts. Le Prince est monté dans une voiture attelée de huit chevaux blancs, et a traversé la ville pour se rendre à la préfecture, ornée avec un luxe inouï d’arbustes et de fleurs, et illuminée dans toute l’étendue de sa façade.

Partout, sur son passage, Louis-Napoléon a recueilli les témoignages unanimes du respect et de l’affection publics.

En arrivant à la préfecture, S. A. Impériale a trouvé, réunis dans la cour de l’hôtel, les maires, les juges de paix, les membres des conseils d’arrondissement, du conseil général du département. Les députés, le clergé, monseigneur Menjaud, évêque de Nancy, à sa tête, la magistrature, le corps d’officiers de l’armée et de tous les hauts fonctionnaires étaient dans les salons.

Un trône aux draperies de velours rouge, garni d’abeilles d’or et surmonté de l’aigle, était dressé au centre du grand salon d’honneur. C’est là que le Prince, entouré des ministres, du préfet, des officiers de sa maison, a reçu les autorités dans l’ordre prescrit par les règlements.

M. le ministre des affaires étrangères a présenté à S. A. Impériale le lieutenant général comte de Hirschfeld, commandant en chef la province rhénane, envoyé par le roi de Prusse, et le baron Saulet, envoyé du grand-duc de Bade, et plusieurs officiers et aides de camp qui les accompagnaient.

Le général comte de Hirschfeld a complimenté S. A. Impériale au nom de son souverain. Louis-Napoléon a répondu en allemand aux hommages que lui avaient exprimés le général dans cette langue, au nom de S. M. le roi de Prusse. Il a également répondu au discours de l’envoyé du grand-duc de Bade.

Quelques débris de l’armée impériale ont été admis près de S. A. Impériale, qui leur a fait remettre, pour quelques-uns, des brevets de pension et, pour d’autres, des secours.

Les envoyés de Prusse et de Bade et leurs aides de camp occupaient les places d’honneur au dîner de soixante couverts, servi dans la belle salle de la préfecture, et auquel ont été invitées toutes les notabilités de la ville et du département.

Après le dîner, le Prince s’est rendu au bal, qui réunissait à l’hôtel de ville une foule élégante d’invités. Une estrade, surmontée de draperies d’une grande richesse, avait été préparée pour S. A. Impériale.

Pendant le bal, nous avons parcouru la ville. C’est, vous le savez, une des plus belles de France. Nulle part ailleurs vous ne trouverez dans la disposition des rues et des places plus d’élégance et de symétrie. La place Royale, construite. comme on sait, par le roi Stanislas, est une des plus magnifiques de l’Europe. Les édifices qui l’entourent resplendissaient des feux d’une illumination magique; et, du haut de l’arc de triomphe qui en termine si heureusement la perspective, on tire un brillant feu d’artifice préparé par l’école pyrotechnique de Metz.

Mais ce qui constitue la véritable fête, ce n’est ni le feu d’artifice, ni les illuminations, ni le bal, ni les bruits de la musique qui arrivent jusqu’à moi au moment où j’écris, c’est l’enthousiasme de la population.

Elle comprend qu’elle fête dans la même journée et l’achèvement d’un de ces grands travaux qui ouvrent aux nations de nouvelles perspectives de prospérité, et la présence du Prince à qui elle doit le rétablissement et l’affermissement des grands principes sans lesquels il n’est ni repos ni prospérité.

A minuit, Louis-Napoléon est rentré à la préfecture au milieu des acclamations de la foule, qui ne paraît vouloir se disperser que fort avant dans la nuit. Toutes les promenades offrent l’aspect le plus animé.

Un grand nombre de ceux qui sont venus à Nancy et qui ont souffert toute la chaleur du jour se sentent heureux d’y respirer la fraîcheur de la nuit, et plusieurs sont disposés à attendre, sous ces magnifiques ombrages, le départ du Prince, qui doit avoir lieu demain matin.

Voyage de Sa Majesté Napoléon III, empereur des Français

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