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JOUTES SUR L’EAU. — BAL.

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Vers cinq heures, Louis-Napoléon en habit de ville, accompagné seulement du général Waldener, du préfet et du ministre des finances, s’est rendu en calèche découverte à la Robertsau où avaient lieu des joutes sur l’eau, en présence d’une réunion considérable de personnes de tout rang. L’arrivée subite de l’héritier de l’Empereur, dans cette attitude simple et modeste, a vivement touché la foule qui l’a acclamé par trois fois des vivats les plus chaleureux. C’est au point d’intersection de l’Ill et des canaux qui relient Strasbourg à Paris et à Lyon, dans un beau et vaste bassin, qu’étaient les embarcations et les combattants. Vers. deux heures et demie, la flottille portant les invités est arrivée dans le bassin.

Elle était composée de l’hélice le Progrès, faisant le service de Strasbourg à Lyon, du vapeur allemand la Ville-de-Khel, de la barque hollandaise le Francfurt, et de quatre bateaux pontés portant des rafraîchissements et entre autres de nombreux tonneaux de bière, qui nous ont aussitôt rappelé la réputation européenne de ce produit de l’industrie strasbourgeoise. Une détonation de boîtes a été le signal du commencement des jeux.

Bien que quelques-uns d’entre eux, tels que le jeu d’anguille, offrissent un cachet d’originalité dont l’analogue n’existe nulle part, nous ne nous arrêterons pas à les décrire, pressés que nous sommes par le temps.

Le Prince ne s’est retiré que vers six heures, après avoir applaudi les lutteurs de six nacelles pavoisées, avec le regret de n’avoir pu distribuer lui-même les prix aux vainqueurs. Les acclamations qui l’avaient accueilli à son entrée l’ont accompagné à sa sortie.

Cette partie de la fête n’a pas été la moins imposante et la moins intéressante par l’affluence extraordinaire des assistants, et le brillant accueil qu’a reçu Louis Napoléon a témoigné de l’attachement profond des populations alsaciennes aux institutions nouvelles qu’il vient de fonder.

La nature elle-même était de la fête; le soleil, voilé la veille encore par des nues pleines d’orage, brillait de l’éclat le plus pur, et baignait de flots de lumière le beau panorama qui se développait aux regards des spectateurs.

Le Prince a réuni ce soir à la préfecture, dans un dîner de soixante-dix couverts, les chefs des corps qui ont été passés en revue. La musique du 62e a joué pendant le dîner les meilleurs morceaux de son répertoire.

Une compagnie de ce régiment, formée aux exercices de l’Orphéon, sous la direction d’un capitaine du même corps, a chanté des chœurs et surtout la Mathilde, composée pour la solennité, d’une manière très-remarquable. Le succès du capitaine qui a formé ces chanteurs prouve que ce n’est pas l’instinct musical qui manque à nos populations, mais bien un mode d’éducation en harmonie avec leurs facultés. Le Prince a félicité le capitaine et ses élèves de leurs succès et leur a donné des encouragements.

Ce soir, un bal magnifique a été offert à S. A. Impériale par la ville, dans la salle de spectacle, une des plus belles et des plus vastes qu’il y ait en France. Le portique était illuminé, et de grandes draperies rouges en dessinaient les portes et les fenêtres. L’intérieur ruisselait de lumières. Les loges, l’amphithéâtre, le pourtour du parterre et de la scène, qui, unis par un plancher, servaient aux danses, étaient garnis de dames brillamment parées.

S. A. Impériale est arrivée de bonne heure. Elle a ouvert le bal à neuf heures et demie; elle a ensuite parcouru la salle au milieu des plus vives acclamations. Elle s’est retirée vers onze heures.

Parmi les dames, on distinguait une des jeunes filles qui ont figuré dans le défilé des chars. Elle avait été présentée hier à S. A. Impériale par son frère, qui est officier d’état-major. Elle avait eu le bon goût de conserver son costume pittoresque de la veille. Un large papillon de satin bleu, lamé d’or, ombrageait sa tête charmante. Ce piquant costume a obtenu le plus grand et le plus légitime succès.

Dans la nuit, un souper grandiose, servi par la maison Potel et Chabot (de Paris), a été offert aux invités dans une grande salle construite sur pilotis pour cette circonstance.

Pendant toute la soirée, les édifices publics ont été illuminés comme hier. La flèche de la cathédrale était encore plus brillante. On avait allumé sur la plate-forme, dans l’intérieur et au sommet du monument, de vastes foyers de fusées du Bengale. Par intervalles, les cavités de cette tour prodigieuse s’éclairaient de fanaux bleus, rouges et blancs. C’est un spectacle qui tient de la magie.

Demain, le Prince part pour Bade incognito.

Voyage de Sa Majesté Napoléon III, empereur des Français

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