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LES ORIGINES
DES
ARTS EN FRANCE

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Table des matières


ES premiers et les plus anciens vestiges de l’Art en France sont les restes des monuments grossiers de la religion primitive des Gaëls ou Gaulois.

La Gaule n’était qu’une suite de grandes et vastes forêts où abondèrent les bêtes sauvages. Les Gaëls ou Gaulois vivant au milieu de ces forêts, les prenaient nécessairement pour l’asile de leurs divinités et c’était là qu’ils adoraient leurs dieux.

Leurs prêtres se nommaient Druides ou hommes des chênes. La plante sacrée était pour eux le gui qui s’enroule autour du chêne; on le coupait en grande solennité avec des faucilles en or.

Les monuments architecturaux de cette époque sont des pierres brutes prises comme symboles religieux. Selon leur forme et leur position, on donne à ces monuments les noms particuliers de Menhir ou Peulvan, de Galgal, de Cromleck, de Trilithe ou Lichaven, d’Allées couvertes.

Le plus simple de tous ces monuments c’est le Galgalou tombe; c’est un amas de pierres, de petites roches déposées sur la tombe. C’est le tumulus des Germains et des Celtes. On retrouve d’ailleurs la forme primitive de cette tombe dans tous les pays du globe.

Le Lichaven ou Trilithe était formé par deux pierres en soutenant une troisième.

Le Peulvan ou Menhir était une grosse pierre, d’un seul morceau, placée verticalement. Comme l’obélisque de l’Égyptien, le Menhir était un symbole commémoratif. Le plus grand Menhir connu, qui a 60pieds de hauteur, se trouve en Bretagne, à Lochmariaker.

La réunion de plusieurs menhirs prenait le nom de Cromleck.

Cet assemblage de pierres verticales entourait les lieux de réunions, les forums, les vastes cirques où, sous la conduite des druides, les chefs de tribus venaient parler des affaires du pays, premières assemblées libres des mandataires, des représentants de la nation.

Le Dolmen était une sorte de table colossale, formée d’une grosse pierre fixée horizontalement. C’était la table des sacrifices, car les Druides, pour apaiser la divinité, immolaient non seulement des animaux mais aussi des hommes, des prisonniers. Du reste, dans ces dernières années, on a découvert à côté des ruines des dolmens, des débris de corps humain, évidemment des restes des victimes de ces sacrifices humains.

Aux environs de Paris et à Paris même on a retrouvé des restes de ces monuments primitifs, tels que le dolmen de Conflans-Sainte-Honorine, la tombe d’un chef trouvée à l’École des Beaux-Arts, la Pierre-aux-Moines, dans le bois de Meudon. Citons encore le cromleck trouvé à la Varenne-Saint-Hilaire en1853, les peulvens trouvés à Pierrefitte, à l’Étangleville.

A Carnac, en Bretagne, il y a un cromleck comprenant plus de 1,200pierres colossales.

Les Allées couvertes étaient formées de deux lignes de pierres, sur lesquelles on plaçait d’autres blocs gigantesques. Elles devaient très probablement servir à des processions solennelles.

Tels sont les premiers développements de l’Art en Gaule, avant la conquête des Romains et l’apparition du christianisme.

Lorsque la Gaule, conquise après la défaite suprême du grand patriote Vercingétorix, devint province romaine, les Romains a pportèrent les éléments de cet art qui a reçu le nom d’art gallo-romain: c’était l’art des Romains importé par eux, mais avec un cachet de liberté plus grande, avec une allure déjà française.

Les artistes étant pour la plupart des Gaulois, il arriva ce qui était arrivé à Rome même avec les artistes emmenés en esclavage, c’est que ces artistes conservèrent leur manière propre de travailler, et, si la main qui indiquait la manière de travailler était romaine, celle qui exécutait restait gauloise.

Les monuments de cette époque se ressentent déjà de ce cachet libéral et national qui devait plus tard enfanter l’art français si malheureusement appelé gothique.

Les Gaulois qui s’étaient fait chrétiens sous Clovis élevèrent des glises. Ils prirent d’abord modèle sur les basiliques romaines où les premiers chrétiens en liberté avaient célébré les saints mystères.

Ces basiliques eurent la forme d’une croix.

Les nefs furent occupées par les fidèles; les hommes se mettaient à droite, et les femmes à gauche. Mais les nefs latérales portaient une galerie soutenue par les colonnes: ce fut la place qu’on assigna aux vierges, aux veuves et aux personnes consacrées au Seigneur. Enfin, dans les nefs latérales, on établissait des salles séparées par des cloisons et servant de sacristies, ou de lieux de purification.


Sculpture française primitive.–Motifs d’ornementation (croquis de M. F. BOURNAND).

Les basiliques chrétiennes étaient précédées d’un portique appelé narthex, ou porche, dont les arcades étaient fermées par des rideaux suspendus à des tringles.

Parfois elles étaient entourées d’une enceinte.

En entrant on trouvait une cour carrée, l’atrium, au milieu de laquelle était la fontaine de purification. Cette cour était environnée de portiques, et servait à l’enseignement des catéchumènes; elle précédait l’église qui s’ouvrait par trois portes, celle du milieu plus haute et plus large que les autres. Ces portes étaient tournées vers l’Orient, selon l’usage primitif.

On décora ces premières églises de peintures murales, de mosaïques, de dorures. C’est ainsi que l’évêque de Poitiers, saint Fortunat, appelait l’église de Saint-Vincent, aujourd’hui Saint-Germain-des-Prés, la maison dorée de Saint-Germain.

La basilique de Sainte-Geneviève, bâtie par Clovis et détruite par les Normands, était couverte, dit Étienne de Tournais, de riches et superbes mosaïques. Ce luxe était d’ailleurs réservé seulement pour les églises.

Pendant la période mérovingienne, les demeures des rois francs se composaient de places, de jardins, d’assemblage de constructions irrégulières, luxueuses ou non. Ils se servaient des ruines des monuments antiques. Leurs résidences ressemblaient ainsi plutôt à une petite villa qu’à un palais véritable.

Charlemagne fut un des plus grands protecteurs des Arts. Il avait fait une loi ordonnant que les églises fussent peintes et richement ornées. Il avait même fixé le mode de contribution à percevoir pour exécuter les peintures murales. L’église attenante à un bénéfice devait être peinte aux frais du bénéficiaire; une église royale aux frais de l’évêque et des abbés voisins.

Charlemagne voulait, par ce luxe, faire oublier aux Saxons, récemment convertis, leurs anciens temples.

Charlemagne ayant eu de nombreux rapports avc l’Orient, connaissait bien la valeur de ses artistes, aussi quand Léon l’Ionien, l’iconoclaste, eut chassé les artistes de Constantinople, Charlemagne en appela un grand nombre en France, les employa à divers travaux et favorisa ainsi le développement de l’art byzantin; de là l’introduction du style byzantin dans l’architecture française.

Les marbres antiques enlevés à Ravenne, servaient à décorer les monuments du grand empire de Charlemagne: la basilique et le salon d’Aix-la-Chapelle, la crypte de Saint-Denis, les palais de Cologne, etc.

Du reste, on ne prenait pas seulement des modèles pour les monuments, on s’inspirait aussi du style byzantin qui régnait alors à Constantinople et dans la Syrie orientale, pour la fabrication des étoffes, des meubles, des bijoux. Tous les architectes étaient alors des moines: saint Colomban, saint Berquerre, saint Martin de Tours qui était aussi habile charpentier, etc.

Du reste, on ne peut nier que les moines aient eu beaucoup d’influence sur les arts de cette époque et sur le style dont ils sont empreints, car en France, ce fut le clergé qui, pendant de longs siècles, fut le grand protecteur, le soutien et le véritable gardien des Lettres et des Arts.

Le peuple, malheureux, opprimé, affamé, ne pouvait guère y songer; les rois pensaient uniquement aux expéditions lointaines et aux luttes qu’ils avaient à soutenir pour conserver leur suprématie; les nobles étaient occupés à la guerre, au pillage ou à la supression de leurs vassaux; les moines seuls, dans leurs sombres cloîtres, pouvaient s’occuper d’études, et de même qu’ils conseraient la science des siècles passés dans leurs manuscrits, ils conservèrent les arts en les pratiquant eux-mêmes. Il n’existait guère d’écoles que chez les moines; chaque évêché, chaque monastère avait une école.

«Pendant les premiers siècles du moyen âge, dit M. Dussieux, les Beaux-Arts furent exercés presque exclusivement par des moines. La règle de Saint-Benoît en avait autorisé la pratique dans les monastères; aussi les grandes abbayes (Saint-Gall, le Mont-Cassin, Cluny, Saint-Denis) sont célèbres par le zèle qu’on y déployait pour la culture des Arts. Les moines étaient architectes: ils construisirent eux-mêmes un grand nombre d’églises ou dirigèrent les immenses réunions de fidèles, qui, travailleurs bénévoles, s’organisaient sons l’influence de la religion pour élever les édifices religieux. Ils pratiquèrent en grand la peinture des miniatures; l’ordre de Cluny se livrait surtout à l’ornementation des manuscrits; ils exécutèrent un grand nombre de peintures murales et firent des vitraux peints, ou du moins ce furent eux qui donnèrent à la peinture sur verre ses premiers développements. Les moines étaient aussi sculpteurs, orfèvres, ciseleurs, fondeurs, musiciens. On connaît peu de noms de moines artistes; la règle exigeait l’humilité, et les auteurs d’admirables œuvres d’art ne se faisaient pas connaître.»

A l’époque de Charlemagne, les Bénédictins vinrent s’établir en France et y bâtirent un grand nombre de monastères.

Ce sont les moines qui élevèrent les monuments de l’époque romane.


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