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LA BEAUTÉ DANS L’ART
ОглавлениеOn a dit souvent que l’Art était la recherche du Beau, que faire une œuvre d’Art c’était rechercher le vrai. Tout cela est fort joli, mais ce sont des formules creuses, car alors comment définir le Beau devant tant de diverses œuvres d’Art? Chacun comprendra le Beau à sa manière: celui-ci trouvera que les œuvres des peintres italiens sont seules belles; celui-là, comme Louis XIV, appellera les. ersonnages de Téniers, des magots; tel rira des sculptures naïves de nos vieilles basiliques, et, cependant, dans toutes ces œuvres, le Beau existe, l’appréciation n’est plus qu’une affaire de tempérament. Il est plus juste de dire que le Beau est l’expression idéale du Vrai.
La Beauté existe tout aussi bien dans une toile de Raphaël représentant un sujet divin, que dans une scène bourgeoise de Rubens ou de Rembrandt; une coupe chinoise avec ses peintures si vives, si fraîches, quoique sans perspective, est aussi belle, dans son genre, qu’une coupe de porcelaine française ou une majolique italienne. L’une et l’autre de ces toiles ou de ces coupes est l’expression d’une idée différente; les peuples pour qui elles sont faites ayant des mœurs, des besoins différents, la manière d’en exprimer la beauté sera différente, elle cherchera tout simplement à se rendre compréhensible à ceux à qui elle s’adressera. Il est de toute évidence qu’un Flamand lourd, grossier, ne comprendra pas l’Art de la même façon qu’un Italien léger, frivole, spirituel: au premier, il faudra pour lui plaire la représentation d’une scène triviale; à lui, qui passe un bon quart de sa vie à boire, une scène de cabaret lui fera un sensible plaisir ; au contraire, le second, l’Italien lettré et instruit, une œuvre délicate, fine, jolie, le comblera de joie, la vue d’une toile de Titien représentant la belle nature, ou d’une majolique aux contours délicats, lui procurera un plaisir agréable.