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UTILITÉ DE L’ÉTUDE DES ARTS
ОглавлениеLa connaissance de l’Art qu’ont les nations les plus barbares et les moins civilisées n’est-elle pas la meilleure preuve que l’Art est utile à l’homme?
Les relations des voyageurs, des explorateurs, nous apprennent que les peuples les plus sauvages ont un Art, font des peintures et des sculptures plus ou moins parfaites selon leur degré de civilisation
Raconter l’histoire des Arts, c’est ainsi raconter l’histoire de l’humanité.
On ne doit pas considérer l’étude de l’Art comme un simple agrément, il est au contraire comme un second langage qui achève de perfectionner les moyens que nous avons de nous communiquer nos pensées et nos sentiments.
L’objet principal de l’Art étant d’exprimer matériellement de nobles sentiments pour les faire passer dans l’âme des spectateurs, il doit être universel, il doit être une véritable langue qui puisse être comprise dans toutes les parties du monde.
«L’étude des Arts, a dit M. Guizot, a ce charme incomparable qu’elle est absolument étrangère aux affaires et aux combats de la vie. Les intérêts privés, les questions politiques, les problèmes philosophiques divisent profondément et mettent aux prises les hommes. En dehors et au-dessus de toutes les divisions, le goût du beau dans les Arts les rapproche et les unit; c’est un plaisir à la fois personnel et désintéressé, facile et profond, qui met en jeu et satisfait en même temps nos plus nobles et nos plus douces facultés, l’imagination et le jugement, le besoin d’émotion et le besoin de méditation, les élans de l’admiration et les instincts de la critique, nos sens et notre âme.
«Aussi les Arts ont-ils ce privilège qu’il peut leur échoir de prospérer et de charmer les hommes aux époques et dans les conditions de société les plus diverses: République ou Monarchie, pouvoir absolu ou liberté, agitation ou calme des existences et des esprits, pourvu qu’il n’y ait pas cet excès de souffrance ou de servitude qui abaisse et glace la société tout entière, le goût et la fortune des Arts peuvent se développer avec éclat. Ils ont prêté leur gloire à l’empire romain comme à la Grèce républicaine, et fleuri au seines orageuses républiques du moyen âge comme sous le sceptre majestueux de Louis XIV.»
Un tableau, une statue nous rappellent à nous-même, en nous faisant jouir artificiellement des plaisirs que nous offre la nature qui nous entoure.
La vue des chefs-d’œuvre de l’art n’est-elle pas d’une grande utilité pour la société tout entière?.
L’étude de l’histoire des Arts fera aimer la liberté, car on pourra s’apercevoir que c’est aux grandes époques de la liberté que viennent le mieux l’inspiration et le choix des beaux modèles.
Des tableaux, des gravures, des statues ne sont pas seulement des meubles plus ou moins agréables, plus ou moins luxueux, ils sont souvent utiles, ils sont même instructifs; ils excitent les sentiments élevés, nobles, les grandes idées, les réflexions sérieuses et morales.
Les portraits sont de véritables monuments d’honneur ou d’infamie, suivant les personnages qu’ils représentent, et qui survivent ainsi à leur propre mémoire. La vue d’un scélérat n’inspire-t-elle pas une grande horreur du vice et celle d’un grand homme, d’un homme de bien, ne nous donne-t-elle pas une excitation salutaire pour pratiquer la vertu?