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LETTRE CCXXXVI
ОглавлениеA M. MURRAY
2 janvier 1816.
«Votre offre est libérale à l'excès (vous voyez que je me sers de ce mot en parlant de vous, et à vous, quoique je n'aie pas voulu consentir à ce que vous vous l'appliquassiez avec M. ***). C'est beaucoup plus que les deux poèmes ne peuvent réellement valoir; mais je ne puis et ne veux l'accepter. Je vous laisse parfaitement libre de les joindre à la collection, sans aucune demande ou attente quelconque de ma part; mais je ne puis consentir à ce qu'ils soient publiés séparément. Je ne veux pas risquer le peu de réputation (méritée ou non) que j'ai pu acquérir sur des compositions qui, dans mon opinion, sont très-inférieures à ce qu'elles devraient être (et, comme je m'en flatte même, à quelques-unes des autres), quoiqu'elles puissent fort bien passer comme des choses sans prétentions, et pour grossir la publication avec d'autres pièces fugitives.
»Je suis bien aise que l'écriture vous ait fait présager favorablement de la morale de l'ouvrage, – mais il ne faut pas vous fier à cela, car mon copiste écrit tout ce que je lui dicte, avec toute l'ignorance de l'innocence. J'espère cependant dans ce cas qu'il n'y a pas grand danger ni pour l'une ni pour l'autre.
»P. S. Je vous ai renvoyé votre bon déchiré, de crainte qu'il n'arrivât quelqu'accident en route. Je vous prie de ne pas faire naître les tentations sur la mienne. Ce n'est pas par mépris de cette idole universelle, ni qu'il y ait chez moi maintenant de superflu en fait de trésors; mais ce qui est juste est juste, et ne doit pas céder aux circonstances.»
Malgré la ruine de sa fortune, le poète continua de regarder comme sacrée la résolution qu'il avait prise de ne pas se servir du produit de ses ouvrages, et il refusa, comme nous venons de le voir, la somme qui lui fut offerte des manuscrits du Siége de Corinthe et de Parisina, somme qui demeura intacte entre les mains de l'éditeur. Il arriva vers le même tems, à un écrivain célèbre sur la politique, de se trouver réduit, par quelque malheur, à de grands embarras pécuniaires, et cette circonstance étant venue à la connaissance de M. Rogers et de sir James Mackintosh, ils pensèrent qu'une partie de la somme que Lord Byron laissait ainsi sans emploi, ne pouvait être mieux placée qu'à venir au secours de cet auteur. Cette idée ne fut pas plus tôt suggérée au noble poète, qu'il agit immédiatement en conséquence, et la lettre suivante, adressée à M. Rogers, est relative à ses intentions à cet égard.