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LETTRE CCXXIV
ОглавлениеA M. SOTHEBY
15 septembre 1815, Piccadilly Terrace.
CHER MONSIEUR,
«Ivan est accepté, et sera mis à l'étude aussitôt l'arrivée de Kean.
»Les acteurs sont pleins de confiance dans le succès de la pièce. Je ne sache pas qu'il soit nécessaire d'y faire des changemens pour la représentation; mais, dans le cas où il en faudrait, cela se réduirait à peu de chose, et vous en seriez averti à tems. Je vous conseillerais de n'assister qu'aux dernières répétitions, les directeurs, du moins, m'ont chargé de vous donner cet avis. Vous pouvez les voir, c'est-à-dire Dibdin et Rae, quand bon vous semblera, et en attendant je ferai tout ce que vous jugerez convenable de suggérer.
»Mrs Mardyn n'a pas encore paru, et l'on ne peut rien décider avant son premier début, c'est-à-dire, quant à sa capacité pour le rôle dont vous parlez, et qui, sans aucun doute, n'est pas dans Ivan, Ivan me paraissant pouvoir être très-bien joué sans elle. Mais nous en reparlerons plus tard.
»Votre très-sincèrement dévoué.» BYRON.
»P.S. Vous serez sans doute bien aise d'apprendre que la saison a commencé d'une manière brillante. – La salle est constamment pleine; les recettes excellentes, – les acteurs en très-bonne harmonie avec le comité, ainsi qu'entre eux. – Enfin, il y règne autant d'intelligence qu'il est possible d'en entretenir dans une administration aussi compliquée et aussi étendue que celle de Drury-Lane.
A M. SOTHEBY
25 septembre 1815.
CHER MONSIEUR,
«Je crois qu'il vous sera utile de voir les acteurs et directeurs aussitôt que vous le pourrez, car il y a des points sur lesquels vous devez avoir besoin de conférer avec eux. L'observation que je vous ai rapportée vient du côté des acteurs; elle est générale et non particulière à cette circonstance. J'ai cru bien faire en vous la communiquant de suite; cela ne vous empêchera pas sans doute de voir quelques-unes des répétitions.
»Je serais tenté de croire que Rae a jeté son dévolu sur le rôle de Naritzin. C'est un acteur plus en faveur que Bartley, et certainement il donnera plus de force au caractère. D'ailleurs, c'est un des directeurs, et il portera plus d'intérêt à la pièce, s'il peut y jouer doublement un rôle. Mrs. Bartley représentera Petrowna; quant à l'impératrice, je ne sais qu'en penser et qu'en dire. La vérité est que nous ne sommes pas très-bien pourvus d'actrices tragiques, mais choisissez ce que nous avons de mieux, et tirez-en le meilleur parti possible. Nous avons tous beaucoup d'espoir que la pièce réussira, et mettant à part toute autre considération, nous le désirons ardemment, cette tragédie étant la première qu'on aura représentée à Drury-Lane, depuis l'ancien comité.
»A propos, j'ai un procès à vous faire, et comme le grand M. Dennis, qui s'écria dans une semblable occasion: «De par Dieu, vous m'avez pris mon tonnerre,» je m'écrierai, moi: «Voici mon éclair!» dans la scène entre Petrowna et l'impératrice, où se trouve une pensée semblable à celle de Conrad dans le troisième chant du Corsaire, et exprimée presque de la même manière. Ce que j'en dis, cependant, n'est pas pour vous accuser, mais pour me justifier moi-même de tout soupçon de plagiat, mon poème ayant été publié six mois avant que vos tragédies n'eussent paru 8.
Note 8: (retour) Malgré cette précaution du poète, l'analogie qui existe entre ces deux passages fut citée quelques années après d'une manière triomphante, à l'appui d'une accusation de plagiat portée contre lui par quelques écrivailleurs; voici les vers de M. Sotheby.
«Je me suis élancé avec transport de la pierre qui me sert de couche, pour saluer le tonnerre éclatant au-dessus de ma tête, et accueillir l'éclair dont la lueur jaillissante faisait étinceler mes fers.»(Note de Moore.)
»Georges Lambe avait l'intention de vous écrire. Si vous ne voulez pas avoir maintenant de conférence avec les directeurs, indiquez-moi ce que vous désirez qu'on fasse, et j'aurai soin que cela soit exécuté.
»Votre très-sincèrement dévoué.» BYRON.