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LETTRE CCXX

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A M. MOORE

23 avril 1815.

«Lord Wentworth est mort la semaine dernière. La masse de sa fortune, qui consiste en 7 ou 8,000 livres sterling de rente, est substituée à lady Milbanke et à lady Byron. La première est partie pour le comté de Leicester, afin d'en prendre possession, et d'assister aux funérailles aujourd'hui.................. ....................................

»J'ai parlé de la manière dont lord W. avait disposé de ses biens, parce que les journaux, avec leur exactitude ordinaire, ont commis toutes sortes de méprises dans le rapport qu'ils en ont fait. Son testament est tel qu'on s'y attendait. La plus grande partie de ses propriétés revient à lady Milbanke (aujourd'hui Noël) et à Bell. Il laisse, de plus, une terre qui doit être mise en vente pour le paiement de ses dettes (qui ne sont pas considérables), et des legs qu'il fait à son fils et à sa fille naturels.

»La tragédie de madame *** est tombée hier au soir. On peut essayer de la jouer une seconde fois, et on le fera probablement; mais elle n'en est pas moins tombée. Il a été impossible d'entendre un seul mot du dernier acte; j'y allai, quoique j'eusse dû rester chez moi sous le sac et la cendre, à cause de mon oncle; mais je ne sais pas résister à une première représentation vue d'un coin retiré et paisible de ma loge: ainsi donc j'ai été témoin de toute l'affaire. Les trois premiers actes, accompagnés de quelques applaudissemens passagers, se sont traînés pesamment, et ont été écoutés avec patience. Je dois dire que la pièce était mal jouée, surtout par ***, qui fut hué dans le troisième acte, pour quelque chose qu'il dit à propos d'horreur, et cette horreur fut la cause qu'on le siffla: Eh bien! le quatrième acte s'embourba d'une manière terrible; mais le cinquième, que Garrick appelait assez sottement la concoction d'une pièce, le cinquième, dis-je, s'arrêta tout court à la prière du roi. Vous savez qu'il dit que «jamais il ne se couche sans la faire, et qu'il ne veut pas y manquer en ce moment;» mais il ne fut pas plus tôt à genoux, que les spectateurs se levèrent. Le maudit parterre se mit à hurler, à huer, à siffler de toute sa force. Cela, pourtant, s'apaisa un peu; mais la scène des brigands, les paysans faisant pénitence, et le meurtre de l'évêque et de la princesse lui donnèrent le coup de grâce. La toile tomba sur les acteurs qu'on n'écoutait plus, et ce fut tout aussi infructueusement que Kean essaya d'annoncer le spectacle pour lundi. Mrs. Bartley avait si peur, que, quoique le public fût passablement tranquille, l'épilogue fut inintelligible pour la moitié de la salle. Enfin-vous savez tout. Quant à moi, j'ai applaudi jusqu'à m'écorcher les mains, et sir James Mackintosh, qui était avec moi dans ma loge, en a fait autant. Tout l'univers était dans la salle, à commencer par les Jersey et les Grey. Mais cela n'y a rien fait. Après tout, ce n'est pas une pièce jouable; elle est bien écrite, mais elle manque d'énergie.

»Les femmes, à l'exception de Joanna Baillie, ne peuvent pas faire de tragédies. Elles n'ont pas assez vu, assez connu la vie pour cela. Je crois que Sémiramis, ou Catherine II (si elles eussent pu cesser d'être reines) auraient été capables de composer une fameuse tragédie.

»Quoi qu'il en soit, c'est une bonne leçon pour ne pas risquer de tragédies. Je n'y ai jamais été très-porté; mais je l'aurais été, que ceci m'en eût guéri.

»A jamais, carissime Thom.,

»Tout à toi,»

BYRON.

Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11

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