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LETTRE CCXLIII

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A M. MURRAY

Diodati, près Genève, 22 juillet 1816.

«Je vous ai écrit il y a quelques semaines, et le docteur Polidori a reçu votre lettre; mais le paquet n'a pas paru, ni l'épître que vous nous annoncez devoir s'y trouver. Je vous envoie ci-incluse une annonce 31, qui a été copiée par le docteur Polidori, et qui paraît avoir trait à la plus audacieuse imposture qui soit jamais sortie de Grub-street.

Note 31: (retour) Voici l'annonce dont il est question:

«Imprimé avec soin et satiné, 2 sch. et demi. – Les Adieux de lord Byron à l'Angleterre, avec trois autres poèmes. -Ode à Sainte-Hélène. -À ma fille, le jour de sa naissance, et Au Lis de France. Imprimé par J. Johnston, Cheapside 335, Oxford 9.

»Ces beaux poèmes seront lus avec un intérêt d'autant plus vif, qu'il est probable que ce seront les derniers de l'auteur qui paraîtront en Angleterre.»(Note de Moore.)

»Je ne crois pas avoir besoin de dire que je ne connais rien de tout ce fatras, et ne sais quelle en peut être la source. – Des odes à Sainte-Hélène, des adieux à l'Angleterre, etc., – si cela peut être désavoué, en supposant que cela en mérite la peine, vous avez pleine autorité de le faire. Je n'ai jamais écrit ni composé un vers sur rien de semblable, pas plus que sur deux autres morceaux qu'on m'a mis sur le dos-quelque chose sur la Gaule, et l'autre au sujet de Mme Lavalette. Quant au lis de France, il me serait tout aussi bien venu en tête de célébrer un navet. – Le matin du jour de naissance de ma fille, j'avais autre chose à faire qu'à m'occuper de poésie, et je ne me serais jamais imaginé qu'on pût inventer pareille chose, si M. Johnston, et l'annonce de sa brochure, n'étaient venus me donner de nouvelles lumières sur les impostures et les jongleries du démon de l'imprimerie, ou plutôt des publications.

»J'avais espéré que quelque nouveau mensonge aurait fait oublier les mille et une calomnies qui ont été accumulées sur moi l'hiver dernier. Je sais pardonner tout ce qu'on peut dire de moi ou contre moi, mais non ce qu'on me fait dire ou écrire à moi-même. C'est assez d'avoir à répondre de ce que j'ai écrit, mais c'en serait trop pour la patience de Job lui-même que d'être chargé de ce qu'on n'a pas fait. Je soupçonne que lorsque le patriarche arabe désirait que son ennemi eût fait un livre, il ne prévoyait pas voir son propre nom en tête. – Je suis tout aussi ennuyé de cette niaiserie qu'elle le mérite, et plus que je ne le serais, si je n'avais mal à la tête.

»Mme de Staël m'a dit de Glenarvon (il y a dix jours, à Coppet) des choses surprenantes et affligeantes; mais je n'en ai rien vu que l'épigraphe, qui promet bien «pour nous et notre tragédie 32.» – Si telle est la devise, que doit être le reste? Le moment choisi pour la publication avec tant de générosité, est probablement ce qu'il y a de plus bienveillant dans l'ouvrage. Le tems, en effet, a été bien trouvé. Quant au contenu, je n'en ai pas seulement la moindre idée, excepté d'après le rapport très-vague que j'en ai entendu faire...... ..............................

Note 32: (retour) Voici l'épigraphe: «Il laissa aux siècles à venir un nom auquel s'attachait une seule vertu et mille crimes.»

»Je devrais être honteux de l'égoïsme de cette lettre, mais ce n'est pas tout-à-fait ma faute, et je serai trop heureux de laisser ce sujet de côté, quand on me le permettra.

»Je suis en assez bonne santé, et je vous ai dit dans ma dernière lettre où j'en étais en fait de rimes. J'espère que vous prospérez, et que vos auteurs sont en bon état. D'après ce que j'ai entendu dire, je suppose que votre haras s'est augmenté. – Bertram doit être un bon cheval. Le faites-vous courir aux premières courses? j'espère que vous remporterez le prix.

»Votre à jamais, etc.»

Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11

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