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XI APRÈS DINER.

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Après dîner, tous les convives se dispersèrent pour les promenades, excepté nous autres, qui ne savions pas encore de quel côté aller.

Il faut avouer que les premiers moments de séjour dans un pays nouveau sont toujours désagréables. Vous vous sentez isolé; les réflexions les plus décourageantes vous accablent, et ma foi, pour un rien, vous reprendriez la poste, si une fausse honte ne vous retenait.

Les voyages d’agrément sont, en réalité, pleins de désagréments.

Cependant, dans un bain, vous n’avez qu’à aller droit à la plage ou au casino; vous êtes sûr d’y passer en revue la colonie entière.

A Blankerberghe, la plage est sablée d’un sable doux et velouté, comme un tapis persan, étincelant de paillettes de nacre au soleil.

La teinte de la mer y semble déjà plus verdâtre qu’en Normandie; c’est le Nord qui commence; elle vous caresse; les yeux s’y baignent avec volupté.

Ah! que la mer est belle! Vraiment elle est belle partout.

Je me promenais à peine depuis cinq minutes, que je rencontrai successivement l’amiral, puis le mandarin, en compagnie du chanoine, puis Son Excellence cosaque, dans sa pelisse.

Les Poméraniens étaient retenus à l’hôtel pour ce que vous savez.

Après nous être salués, nous échangeâmes quelques volées de banalités.

–Une belle plage, messieurs! commença le chanoine.

–Ravissante, fit l’amiral.

–La plus belle du monde, renchérit le chanoine avec une partialité filiale.

–Té! j’aimerais mieux Biarritz, cria le prince; c’est la mer Glaciale ici!… Cap de Diou!… Brr!…

«–Voyez que de nobles visages! remarqua le mandarin.

–Presque tous des classes dirigeantes, repartis-je.

–Surtout nous n’avons pas de galets comme à Dieppe ou à Granville, reprit l’abbé; autant vaudrait courir sur des lames de rasoirs.

–C’est juste, fis-je avec conviction.

–Venez-vous pour la première fois?

–La première.

–Et vous?

–Moi aussi.

–Je suis certain que vous reviendrez, dit encore le chanoine; Blankenberghe ne s’oublie pas. Pour moi, j’y viens aussi souvent que je puis.

–Tiens! voilà le président! m’écriai-je.

–Dieux! exclama le mandarin, avec sa céleste fille!

Le major pointait sur nous.

A ce moment, le soleil commençait à plonger majestueusement dans la mer empourprée.

L’ancien soldat leva sa casquette et nous dit:

–Messieurs, j’ai l’honneur de vous saluer!

Puis il nous fit aussi les honneurs du plongeon, car il y présidait comme à la table.

Ah! vieux grognard, va! je ne puis pas penser à lui sans attendrissement.

Quand le soleil eut fini, l’invalide nous conta le siège d’Anvers; après quoi il s’excusa de nous quitter, ayant rendez-vous pour la partie de piquet.

Nous nous resaluâmes aussi les uns les autres pour continuer nos flâneries.

A la fin, lassé, je rentrai à l’hôtel.

Mademoiselle Baukanart

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