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IV L’AUTRE VOYAGEUR.

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Il me reste encore à présenter le voyageur anonyme que j’ai annoncé tantôt.

Quelques minutes après le départ, le ménage poméranien nous ayant examinés avec la prudence instinctive des inconnus qui se rencontrent pour la première fois, l’impression nous fut assez favorable pour gagner sa confiance et participer à un secret.

En conséquence, Mme Gustave se prit à exclamer tendrement:

–Pauvre Pipi!… Couik, couik, couik.

Et riant son rire encore enfantin et perlé, elle tapait légèrement, en manière d’arpége, sur un panier cylindrique, beaucoup plus haut que large, pouvant passer assez bien pour un gigantesque panier à provisions.

A certains bruits, nous pensions tous qu’il contenait quelque perroquet, ou même moins, un roquet, par exemple, venu en première classe, par contravention, mais de qui sa maîtresse n’avait pas voulu se séparer dans la peur de l’exposer à coudoyer des compagnons mal élevés ou possédant des puces. Rien de plus admissible.

Au reste, nous fûmes bien vite renseignés, car elle souleva le couvercle, en ajoutant d’une façon générale pour nous tous:

–Ces messieurs sont des messieurs aimables; je suis sûre qu’ils ne diront rien si je donne de l’air à Pipi.

Au même moment un charmant singe, éveillé et délicat, tout heureux d’être délivré de sa prison, se dressa devant nous, comme d’une boîte à malice.

C’était un sajou de la variété appelée «capucins,» à cause de leur toque brune.

Il prit la place disponible à côté de moi, puis se mit à manger avec les autres de la saucisse au cumin, car il était prussianisé, l’annexion annexant tout ce qu’elle peut.

Il avait un magnifique pelage; le nez comme une fraise; les ongles aussi soignés que ceux d’une dame de Paris, les oreilles vives, d’une mobilité de girouette; la queue prenante et longue comme celle du frac d’un diplomate.

Cependant il n’était pas décoré.

J’aime beaucoup les bêtes. Du reste, c’est réciproque; je suis généralement bien avec elles, dès la première entrevue; beaucoup mieux qu’avec beaucoup de mes semblables. Je déclare même, en conscience, que je n’ai jamais rencontré en elles la grossièreté de sentiments que je vois si souvent parmi des gens qui se disent du grand monde.

Grand, en quel sens? Voilà ce que je demande.

Si c’est grand en bêtise ou en fatuité, ou en égoïsme, je suis certainement de leur avis.

Un moment après, Pipi me passa la gourde de M. Bittermeineliebe, après en avoir poliment essuyé le goulot. Je refusai de boire; mais je lui serrai la main, et voilà comment je découvris de suite qu’il était franc-maçon, à sa manière de me chatouiller la paume.

Mademoiselle Baukanart

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