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VIII. — L’ABBÉ CONRAD.

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Table des matières

Le condamné n’aurait pu facilement trouver un intercesseur plus puissant que l’abbé Conrad, l’ami de l’archevêque de Salzbourg. L’opposition de ce prélat avait empêché jusqu’alors l’anti-pape Victor d’être reconnu en Allemagne. Frédéric n’avait négligé aucun moyen pour séduire les princes de l’Eglise, mais tout avait été inutile; ni les menaces, ni les prières n’avaient pu décider Eberhard à prêter la main au schisme. Il ne répondit même pas à l’invitation que lui fit l’empereur de venir en Italie, afin de ne point laisser croire qu’il pactisât avec l’erreur.

Beaucoup d’évêques réglèrent leur conduite sur celle de l’éminent archevêque de Salzbourg, et, tant que le choix de l’irrésolu Victor ne serait pas généralement accueilli, l’empereur ne pouvait espérer la réalisation de ses projets. En effet, autant Victor était soumis aux moindres désirs de Frédéric, autant Alexandre III s’y montrait contraire. Puissant et courageux comme Barberousse lui-même, il dédaignait de jouer le rôle de valet de l’empereur, d’enchaîner la liberté de l’Eglise, et de faire servir la religion à affermir un empire despotique. Un pareil homme, d’après Barberousse, ne devait pas rester sur le siège de Saint-Pierre, aussi cherchait-il, de toutes ses forces, à renverser Alexandre. Eberhard était en Allemagne l’âme du parti d’Alexandre, et Conrad ayant, de son côté, la plus grande influence sur l’archevêque, Barberousse ne pouvait manquer de faire tous ses efforts pour être agréable au moine.

L’arrivée de Conrad, depuis longtemps attendue, fut promptement connue au camp impérial. A peine atteignait-il la tente hospitalière de Lanzo, qu’il se vit entouré de nombreux seigneurs de la cour. Parmi ceux-ci se trouvait Adelbert, qui ne pouvait trouver assez d’excuses pour faire oublier sa conduite précédente. Conrad avait conservé toute sa modestie, mais il ne pouvait s’empêcher de sourire de l’empressement des courtisans.

— Monseigneur l’évêque regrette fort de ne pouvoir espérer l’honneur de vous offrir l’hospitalité, disait Adelbert. Sa Majesté a décidé que l’appartement le plus somptueux de sa propre tente vous serait réservé. Monseigneur m’a accablé de reproches bien mérités pour ma méprise si maladroite.... Mais qui eût pu penser que la défroque d’un moine cachât un si illustre abbé ?...

— Seigneur Adelbert, laissez de côté toute excuse, cela n’en vaut réellement pas la peine.

— Votre Grandeur me rend honteux, gracieux seigneur... On dit de votre ordre célèbre qu’il est le bien-venu partout... C’est bien le moins que vous, qui réunissez toutes les vertus, soyez reçu à bras ouverts.

Le prélat commençait à éprouver du dégoût pour ces basses flatteries; il se félicita d’être enfin arrivé à la tente impériale. Un vaste espace carré s’étendait devant la tente de Frédéric. A l’extrémité de cette place, et à quelques pas seulement de l’entrée de la demeure royale, s’élevait un immense poteau, au sommet duquel était attaché le riche écusson de l’empereur. Des deux côtés de cet écusson, à mi-chemin de la tente, se tenaient deux chevaliers complètement armés, l’épée nue à la main, et semblables à deux statues enluminées. Ils montaient la garde selon l’usage traditionnel devant l’écusson impérial, et les seigneurs, spirituels et temporels, devaient à tour de rôle s’acquitter de cet office. Contrairement au tumulte bruyant des rues, un profond silence régnait dans le voisinage de la tente impériale. Des guerriers revêtus d’éclatantes armures, des seigneurs aux riches vêtements se trouvaient sur la place. Leur air soumis et respectueux indiquait assez qu’ils se trouvaient en quelque sorte sous les yeux du souverain.

Plongé dans de sombres pensées, Frédéric était assis dans sa tente. En face de lui était le chancelier Reinald. L’empereur se félicitait du concours empressé que lui avaient prêté les princes allemands; toutefois, l’abstention d’un grand nombre d’évêques le rendait assez soucieux. Peu de prélats s’étaient rendus à son appel. Quelques-uns envoyaient des hommes ou de l’argent, d’autres excusaient leur inaction. Mais Frédéric connaissait parfaitement les motifs qui les faisaient agir; ils voulaient éviter toute relation avec un schismatique.

A la tête d’une armée innombrable et vaillante, Barberousse pouvait bien ravager l’Italie; mais l‘accomplissement de son plus cher projet, l’assujettissement de l’Eglise, ne pouvait, en ce temps-là, s’obtenir par les armes.

Frédéric, qui était furieux contre l’épiscopat bavarois, principal appui d’Alexandre III, en voulait surtout au primat Eberhard de Salzbourg. Des messages menaçants avaient réclamé la présence de l’archevêque. On s’attendait à le voir arriver à la tète de ses hommes d’armes. Au lieu de cela, on ne vit venir que d’humbles moines.

— En vérité, disait l’empereur, je commence à me lasser!... L’archevêque méprise nos prières et nos menaces.... eh bien! il sentira notre colère!...

— La force n’est pas de mise en pareil cas, fit sentencieusement observer le chancelier. La Majesté Impériale n’est pas encore en état d’oser briser la crosse et la mître!...

— Il nous faudra donc mendier l’appui de ce vieux prêtre égoïste! dit Frédéric avec amertume. Nous ne sommes pas encore réduit à une telle impuissance, monsieur le chancelier! Si l’archevêque ne nous présente pas des excuses plausibles, il sera puni de bannissement.

— Le bannissement! répondit Reinald en riant. Les sentences fulminées par Victor tourneront en fumée sans laisser de traces. On rira de l’anti-pape, et l’on n’éprouvera pas le moindre scrupule de conscience. Vous pouvez employer la force, mais ce sera aux dépens de votre considération. Vous savez la profonde vénération dont Eberhard est entouré. Son abstention seule empêche les prélats de se ranger du côté de Victor; le peuple le regarde comme un saint, et si vous voulez vous perdre dans l’esprit public, vous n’avez qu’à punir Eberhard.

— Que me conseille alors votre sagesse?

— Vos prières, vos menaces n’ont aucun résultat, répondit l’habile couseiller; eh bien! prenez le masque d’organisateur de l’Eglise. Recevez l’abbé Conrad avec une grande bienveillance, et confiez-vous à moi pour le reste.

— Quel est donc votre plan?

— Parvenir à attirer Eberhard à votre cour... Tout serait gagné alors.

— Tout! allons donc, jamais Eberhard ne sera infidèle à Alexandre.

— Soit! mais qu’il vienne seulement à la cour. Je ferai courir le bruit qu’il a reconnu Victor. Et ce qui est plus fort, ajouta-t-il avec un rire ironique, le saint homme aura rendu visite au schismatique Frédéric de Hohenstauffen, visite à laquelle le saint évêque n’aurait jamais pu se résoudre, si vous continuiez de vous montrer l’ennemi de l’Eglise!

— Voilà qui est bien! dit le prince. Ce jeu-là pourra produire quelque effet.

— Quelque effet!... seulement quelque effet? reprit Dassel blessé du ton de Frédéric. Ma proposition n’est pas un jeu, ce n’est pas une fantaisie de mon imagination!...

— Je le vois, la science est fort susceptible, et ceux qui la possèdent aussi, répondit Barberousse. Nous nous inclinons donc devant votre découverte, qui n’est pas un jeu, puisque vous le voulez, mais une terrible machine de guerre dirigée contre la tête d’Alexandre!...

— La démarche d’Eberhard portera le coup de grâce à Alexandre, et la reconnaissance de Victor, votre pape, suivra de près, s’écria Reinald. Si vous y consentez, sire, nous ferons appeler l’envoyé de l’archevêque.

Le monarque lit un signe de tête affirmatif. Le comte écarta le rideau de soie de la tente, et dit quelques mots à un chambellan. Bientôt Conrad arriva.

— Soyez le bienvenu, seigneur abbé, dit Frédéric en se levant de son siége. Nous nous félicitons du choix heureux qu’a fait notre métropolitain de Salzbourg. On est toujours heureux de rencontrer un sage conseiller, capable de résoudre les cas difficiles.

Conrad s’inclina en remettant à l’empereur un pli cacheté. Frédéric brisa le sceau avec précipitation; c’étaient les lettres de créance de l’abbé.

— Asseyez-vous, dit Barberousse, en désignant un siége. L’archevêque prend prétexte de son grand âge, et de son état maladif, pour se dispenser de se rendre à notre invitation. Nous regrettons ces obstacles..... mais que répond l’archevêque à nos observations?

— Il ne peut envoyer les troupes que lui demande Votre Majesté. Elles lui sont nécessaires pour défendre son propre territoire contre des voisins ambitieux. Mais il est tout disposé à remettre à Votre Majesté un tribut en argent?

— De l’argent! non pas; nous refusons l’argent! dit fièrement Frédéric. La fidélité et l’attachement seuls ont du prix à nos yeux. Si l’obéissance pouvait se remplacer par l’or, notre puissance serait bien malade. Mais en voilà assez! Nous saurons nous passer de l’appui de l’archevêque de Salzbourg; les forces ne nous manquent point pour entrer en campagne! Mais que pense-t-il du véritable chef de l’Eglise? Nous espérons bien qu’il n’est pas au nombre de ceux qui pactisent avec le schisme?

— La soumission au vrai pape est un des principaux devoirs des prélats, reprit Conrad. Mais aux. yeux de celui qui m’envoie, ce n’est pas Victor mais Alexandre, qui est le pape légitime. L’archevêque de Salzbourg m’a chargé de faire cette remarque à Votre Majesté.

— C’est cela! encore des observations! s’écria Frédéric.

— Permettez-moi, sire, d’exposer les raisons sur lesquelles s’appuient les convictions du prélat, dit Conrad. Immédiatement après la mort d’Adrien IV, les cardinaux se réunirent, et, à l’unanimité, élurent le cardinal Roland, aujourd’hui Alexandre III....

— A l’unanimité ! interrompit Barberousse. Autant qu’il nous souvienne, tous les cardinaux n’étaient pas réunis.

— C’est vrai, il en manquait trois... Mais Votre Majesté en gardait deux en captivité, reprit Conrad.

— Cette réponse n’a pas le sens commun, seigneur abbé. Ces deux cardinaux avaient encouru notre déplaisir... Nous les avons invités à ne pas quitter notre cour.... Leur position ne peut être qualifiée de captivité..... Mais continuez.....

— On connaissait le caractère décidé et énergique d’Alexandre, continua Conrad, et on résolut de le renverser. A l’aide de puissants auxiliaires, le cardinal Octavien fut élu, et Alexandre violemment expulsé. Aussi l’archevêque Eberhard, et tout prélat instruit des saints canons, considèrent l’élection de Victor comme entachée d’illégalité. Alexandre, à leurs yeux, est le pape légitime.

— Voilà qui est surprenant! dit le monarque, que certains arguments de l’abbé avaient fait rougir. Certes, jamais nous n’avions envisagé la question à ce point de vue.... Il nous faudra donc partager maintenant l’opinion de l’archevêque!... Jusqu’à ce jour, nous avions pensé différemment. Votre métropolitain aurait dû exposer au Concile de Pavie, où il fut invité, les raisons que vous venez de développer ici!... Si nous sommes dans l’erreur, si nous soutenons un anti-pape, la faute en est donc à votre maître. Nous aimons à voir ce savant prélat, et nous regrettons fort de ne pouvoir jouir de l’appui éclairé de ses lumières. C’est regrettable, car s’il l’eût voulu, le schisme aurait cessé depuis longtemps.

L’abbé Conrad était muet d’étonnement. Il hésitait cependant à croire à l’entière sincérité de Barberousse.

— Le schisme nous afflige profondément, continua l’empereur. Le protecteur de l’Eglise doit doublement le déplorer. Nous avons tout fait pour que le véritable Pape, que nous pensions être Victor, fût reconnu par toute l’Eglise. Toutefois, nous devons l’avouer, ce que vous venez de nous dire de la part de l’archevêque, nous fait hésiter....

— De toute façon, il serait avantageux au bien de l’Eglise, dit timidement Reinald, que Monseigneur Eberhard se rendît à la cour... Son influence personnelle applanirait tous les obstacles.

— Quoique malade, l’auguste vieillard ne reculera pas devant les fatigues du voyage, dès qu’il pourra supposer que sa présence amènera la reconnaissance unanime du véritable pape, ajouta l’abbé Conrad.

— Espérons-le, fit l’empereur.

Et, se tournant vers Reinald, il continua:

— Vous ferez connaître par écrit notre désir à l’archevêque. En attendant, mon cher abbé, vous êtes notre hôte.

Il se leva, en inclinant légèrement la tête, pour faire comprendre au prélat qu’il pouvait se retirer. La pensée de Bonello le retint, et ce ne fut pas sans un certain embarras, que l’abbé commença à intercéder pour le condamné.

— Que Votre Majesté daigne m’excuser, si je me permets d’implorer sa clémence, pour un homme bien malheureux. Un chevalier guelfe, nommé Bonello, doit être pendu aujourd’hui même. Daignez lui faire grâce de la vie, et, désormais, il se tiendra à l’écart de tout mouvement politique, se consacrant exclusivement à l’éducation de sa fille unique. Cette jeune personne, à peine sortie de l’enfance, a d’autant plus besoin de l’appui paternel, que sa beauté extraordinaire devient presque un danger pour elle. Si Votre Majesté veut bien me témoigner quelque bienveillance, je la supplie d’exaucer ma prière!

L’empereur réfléchit un moment.

— Impossible, répondit-il; le jugement doit être exécuté.

— Si Votre Majesté ne peut faire grâce au traître, dit le chancelier, elle peut en faire cadeau à l’ami de l’archevêque de Salzbourg. Bonello n’est, après tout, qu’un gentilhomme lombard... Etrange présent pour un prélat allemand!

Barberousse comprit l’intention de son conseiller, mais sa volonté était inébranlable.

— Pas un mot de plus!... le traître mourra.

Conrad lut sur les traits de l’empereur l’inutilité de nouvelles prières, et se trouva heureux d’avoir au moins prolongé de quelques heures la vie du condamné. Il pouvait, du moins, le préparer au grand voyage de l’éternité.

— Hâtez-vous de remplir votre saint ministère, dit Barberousse, car dès l’aube de demain, Bonello sera pendu.

Le prélat s’inclina, et sortit de la tente.

— Vous auriez dû laisser vivre le pauvre diable, dit le chancelier d’un ton mécontent.

— Le pauvre diable pouvait vivre, mais le rebelle doit périr, répondit Barberousse en reprenant sa place à table.

— Si j’aspirais à gouverner le monde, il faudrait que l’aveugle déesse de la justice fît plus d’un sacrifice sur l’autel de la sagesse, ajouta encore le comte de Dassel. L’abbé Conrad a sollicité pour le guelfe... Conrad est l’ami d’Eberhard, et Eberhard est l’âme de l’épiscopat....

— Nous ne pouvons acheter la fidélité qui nous est dûe, avec l’impunité des coupables!

— La justice de Votre Majesté fait honte à ma petite sagesse, dit Reinald d’un ton respectueux. En ce moment, j’éprouve un étrange embarras. J’aperçois un dangereux écueil, une sorte de conjuration contre l’accomplissement de votre plan gigantesque, et je n’ose ni conseiller ni avertir!... Cela est vraiment pénible pour un cœur sincèrement dévoué !...

— Expliquez-vous?

— La chose nage encore dans le lointain de la fatalité humaine, reprit Dassel.

Il releva la tête et se rapprocha de la table. Sa figure devint sérieuse, sont front se plissa, son œil devint perçant.

— Henri-le-Lion est duc de Saxe et de Bavière, contiua-t-il. Il est le plus puissant seigneur d’Allemagne. Son attachement, comme Guelfe, à Alexandre est évident; nous en avons assez de preuves en main. Or, se concilier Henri-le-Lion par des cadeaux, par l’accroissement de ses domaines serait dangereux. Il est fier, hautain, avide d’autorité, et, ne pouvant plus rien espérer de Votre Majesté, il se portera du côté où son ambition prévoit de plus grands avantages. Peut-être ne lui manque-t-il qu’un prétexte pour se séparer de l’empereur, et s’unir ouvertement aux Guelfes et à Alexandre?

Le chancelier se tut un instant, et attendit la réponse de Barberousse, mais l’empereur garda le silence.

— Henri-le-Lion est allié au riche et puissant Berthold de Zœhringen, continua Dassel. En cas de rupture, Zœhringen aussi serait contre nous. L’empereur serait-il en mesure de résister avec succès aux deux princes réunis?

— Cette supposition me surprend, et, cependant, je l’avoue, ces craintes ne sont pas dépourvues de raison, répondit Barberousse.

— J’ai montré le péril à Votre Majesté ; je voudrais maintenant lui indiquer le moyen de le détourner. Le Lion a épousé la sœur de Zœhringen, Clémence, dont il n’a que des filles. Or, quoi de plus pénible pour un prince qui désire voir se perpétuer sa race? On dit même qu’il y a eu, à ce propos plus d’une discussion entre les deux époux. Si le duc répudiait Clémence, tout serait gagné ; par le fait même, il se séparerait de Zœhringen et d’Alexandre, et serait, à tout jamais, acquis à votre cause.

Frédéric hocha la tête.

— Ce chef-d’œuvre de politique ne manque pas de sagesse, mais est-ce bien là un procédé honnête?

— Ah! s’écria Dassel, je savais déjà que la justice impériale viendrait faire obstacle au bonheur des Hohenstauffen! Eh bien! continua-t-il avec un sourire ironique, nous serons donc martyrs de la justice!

L’empereur ne répondit rien, Reinald contrariait ses scrupules de conscience. Ce dernier étendit un parchemin sur la table, et regardant Barberousse en face, il résolut de se servir d’une arme terrible, qu’il tenait en réserve pour décider l’empereur.

— L’esprit aventureux du Lion peut tout faire craindre, dit alors Frédéric. Sa puissance, ses relations le rendent redoutable. Votre plan remédierait à tout, mais il n’est pas réalisable.

— Et pourquoi pas, Sire? Puisque l’empereur a pu divorcer, pourquoi le duc ne le pourrait-il point? Vous avez éloigné Adelheid, sans consulter l’Eglise, et épousé Béatrix, motivant, si je ne m’abuse, le renvoi de la première sur des motifs de parenté. Faut-il au pape Victor plus qu’un ordre de l’empereur, pour rompre le mariage du duc?

— Mesurez vos paroles, monsieur le chancelier. Ce qui me retient encore, c’est l’injustice criante dont serait victime cette pauvre Clémence! C’est une si noble femme!...

— Sans doute, et je la plains; mais voulez-vous que les jérémiades d’une femme puissent arrêter vos pas vers la puissance et la gloire?

Cette observation termina la discussion. L’orgueilleuse aspiration de Barberousse à l’empire du monde devait faire taire tout autre sentiment. Barberousse aimait la gloire et la puissance; ce sentiment régnait en maître dans son âme, et il lui sacrifiait tout le reste.

— Mais l’acquiescement du duc à nos projets pourrait être douteux, ajouta-t-il, moins pour discuter que pour témoigner de son mauvais vouloir.

— Je vais m’en occuper, car il faut que le Lion soit promptement décidé à une rupture!

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