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LE SECRÉTAIRE

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Jules Noriac, dans le 101e régiment, décrit ainsi le lieutenant-colonel:

«Le lieutenant-colonel parle comme le colonel, marche comme le colonel, rit comme le colonel, grogne comme le colonel, fait tout comme le colonel; mais il est plus vieux, pourquoi? Je n’en sais rien, c’est une affaire entre le ministre et la destinée.»

Le secrétaire du commissaire de police, lui, s’il voulait se modeler sur son supérieur, s’exposerait, à chaque instant, à des réflexions désobligeantes. En effet, forcé de faire son stage dans tous les quartiers de Paris, ses souvenirs se confondant, il pourrait grogner avec un commissaire bon enfant qui le rappellerait au calme, et rire avec un commissaire grognon qui le rappellerait à la dignité.


Au surplus, dans un petit manuel dû, dit-on, a Joseph Prud’homme, qui l’aurait signé d’un pseudonyme pour cacher à ses contemporains qu’il a appartenu à la police, dans ce petit manuel, je trouve, à l’adresse du secrétaire, les sages conseils dont la nullité auguste et les fleurs de rhétorique dans l’inepte trahissent leur auteur:

«Le secrétaire doit régler ses rapports avec le commissaire de police, en les basant sur leurs caractères respectifs.

«S’ils sont tendus... (Je pense qu’il s’agit des rapports et non des caractères), par suite d’incompatibilité d’humeur, le secrétaire doit modifier des tendances pouvant être agressives, afin d’atténuer celles du commissaire qui pourrait être d’un tempérament chagrin, atrabilaire ou d’un caractère personnel, voire même suffisant.

«Et calme, froid et d’humeur égale toujours, le secrétaire pourra dissiper tous orages si préjudiciables à tous.»

Même sagesse dans les instructions données au secrétaire, par l’illustre calligraphe, pour qui il n’y a pas de détails insignifiants; ainsi, la façon d’attacher les pièces d’un dossier:

«Généralement, on se sert de ficelle rouge passée au bas, à gauche du recto des procès-verbaux, dans un trou pratiqué, avec un petit poinçon, dans l’angle droit, idéalement formé par deux lignes droites d’égale longueur, aboutissant, l’une au bord à gauche, l’autre au bas du procès-verbal. Chaque côté de ce carré a ordinairement de cinq à six centimètres de longueur, et la ficelle a environ vingt-deux centimètres.

«Avec les deux bouts, on forme un nœud.»

Et avec toutes ces indications, on forme un secrétaire et quelquefois un imbécile.

Et après avoir, pendant trois ans, «dissipé des orages si préjudiciables à tous, fait de petits trous avec un poinçon, dans l’angle droit idéalement formé par deux lignes droites d’égale longueur et y avoir passé de la ficelle rouge, «le parfait secrétaire passe officier de paix, pour acquérir, plus tard, le titre qui lui permet de faire observer toutes les ordonnances y compris même celle qui interdit les pétards; mais celle-ci, je lui conseille de la lâcher, ayant remarqué que, chez nous, en fait de police, moins on exécute ses arrêtés et mieux on exécute ses agents.

Le bureau du commissaire

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